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Filière
Le sucre français se restructure à nouveau

La sortie des quotas sucriers est très douloureuse pour la filière betteravière européenne. Malgré la mise à niveau de ces dernières années, de nouvelles restructurations s’engagent en France.

Sucrerie d'Eppeville
© Stéphane LEITENBERGER

Le groupe allemand Südzucker, propriétaire de Saint Louis Sucre, et le groupe coopératif Cristal Union ont décidé ces derniers mois de sacrifier des sucreries françaises. Südzucker maintient son intention de faire disparaître l’an prochain deux usines de transformation de betteraves, persistant dans son refus de les céder en dépit de l’insistance du syndicat betteravier, la CGB : celles de Cagny (Calvados) et d’Eppeville (Somme).

Cristal Union a présenté lors de ses assemblées générales de ce printemps son projet de mettre fin à l’activité à Bourdon (Puy-de-Dôme) et de Toury (Eure-et-Loir). Son président, Olivier de Bohan, assume douloureusement mais pleinement cette décision. Douloureusement, car si la plupart des planteurs de Toury pouvaient livrer les sucreries de Pithivier et de Corbeilles-en-Gâtinais, situées dans le Loiret voisin, les Auvergnats devront abandonner la betterave, à moins qu’ils ne décident de reprendre l’outil – le conseil d’administration de Cristal Union se dit ouvert à cette réflexion.

Cristal Union déterminé à pérenniser l’activité globale

Pour autant, Olivier de Bohan s’est dit « déterminé à pérenniser l’activité globale » du groupe. Alain Commissaire, directeur général du groupe, donne les motifs économiques de ce projet de fermeture : l’activité sucrière auvergnate a contribué pour beaucoup à la perte d’exploitation de l’exercice 2018 bouclé en janvier 2019, en partie du fait de la sécheresse de 2018, et la taille de la sucrerie de Bourdon est trop réduite pour supporter les frais fixes de l’activité sucrière.

Pertes pour l'ensemble des sucriers

L’ensemble du secteur betteravier d’Europe a été fortement secoué par la surproduction mondiale de sucre de l’an dernier, alors qu’il vivait sa première année de libération des quotas sucriers. La branche sucre de Südzucker, numéro un mondial, a perdu 239 millions d’euros en 2018-2019 ; Tereos, numéro 2 mondial, a perdu 242 millions d’euros ; Cristal Union, 99 millions d’euros.

La restructuration de l’industrie sucrière d’avant l’abolition des quotas – synonyme de libéralisation du marché européen – n’aurait-elle pas suffi à assurer la rentabilité des outils ? La CGB affirme que les deux sites que veut éliminer Südzucker sont économiquement viables. La confédération s’est adressée le 6 juin dans une lettre ouverte au Premier ministre ; elle n’accepte pas leur « fermeture aveugle et unilatérale », « en contournement de la loi Florange (visant à reconquérir l’économie réelle, ndlr) ».

Des enjeux pour nos territoires, agriculteurs, entreprises locales et salariés

Elle invoque « des enjeux pour nos territoires, agriculteurs, entreprises locales et salariés » et les bonnes relations franco-allemandes. Cagny est la plus à l’ouest des deux sucreries normandes de Saint Louis. Celle d’Étrépagny (Eure) est trop distante pour envisager un report des apports de betteraves.

La fermeture d’Eppeville serait moins pénalisante pour la culture de betteraves. Cette sucrerie est au cœur du bassin betteravier des Hauts-de-France. Saint-Louis prévoit de reporter les apports sur son autre sucrerie de la Somme, Roye. La sucrerie de Cristal Union dans la Somme, Sainte-Émilie, « a la capacité de reprendre un tiers à la moitié des planteurs d’Eppeville », a signalé Alain Commissaire, directeur général du groupe coopératif, en conférence de presse le 5 juin.

Autres ajustements

La viabilité des sucreries dépend grandement du nombre de jours de fonctionnement. Cristal Union compte atteindre la durée de campagne suffisante en récupérant des betteraves de Saint Louis à Sainte-Émilie et en reportant les tonnages de Toury sur deux usines dans le Loiret (tout en faisant une économie d’investissement).

Cristal Union constate aussi que ses sucreries sont plus petites en moyenne que celles des leaders européens, dont son concurrent Tereos. Il manquerait au groupe 20 % à 35 % de capacité par unité moyenne pour rester compétitif dans l’Union européenne. Enfin, le conseil d’administration de Cristal Union considère que la déprime de 2018 peut se reproduire à l’avenir. Il a pris acte par ailleurs que l’Union européenne n’envisageait aucune mesure de sauvegarde du secteur.

Le groupe restructure d’autres activités en France : restriction du conditionnement de sucre à Erstein, en Alsace, fermeture de la distillerie Deulep dans le Gard, et de la déshydratation de luzerne dans la Marne. Le groupe souhaite monter en gamme dans l’alcool pur.

Tereos pour sa part ne restructure pas, mais a un plan de récupération de 200 millions d’euros par an d’ici à 2020. Les deux groupes font état d’une solidité financière leur permettant de supporter économiquement deux années difficiles. Ceci alors que tous les experts attendent une embellie dès le second semestre de 2019.

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