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Le « Made in France » progresse en terrain privé

La vogue du Made in France est passée du mythe à la réalité. Pour 93 % des Français, un produit français offre une garantie de qualité plus importante(1) . Les initiatives privées et parlementaires fusent sous l'œil vigilant de Bruxelles. État des lieux.

Tout commence en mai 2010 lorsque le président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy, demande à Yves Jégo, – député de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et ancien secrétaire d'État d'outre-mer –, un rapport pour mieux différencier les produits français fabriqués en France. Cette demande conduisait à mettre en place une solution qui intègre à la fois le respect de la réglementation européenne et la volonté des consommateurs de connaître l'origine des produits qu'ils achètent. « Côté Commission européenne, aucune réglementation ne va dans ce sens à l'exception du marquage de certains produits non transformés dont la liste est précise : viande ; fruits et légumes ; huile d'olive ; miel ; produits de la mer », rappelle David Thual, expert et fondateur du cabinet Insight Consulting à Bruxelles. « Depuis janvier 2014, le porc, l'agneau, les volailles et les produits de la chèvre ont été rajoutés à la liste. La Commission européenne stipule que toute initiative pour marquer l'origine des produits autres que ceux de la liste et qui serait promue ou financée avec de l'argent public, serait considérée comme une infraction à la réglementation européenne. »

1 100 produits sous logo Origine France Garantie

La réglementation française ne fait état d'aucune condition d'attribution du « Made in ». L'apposition d'un tel marquage n'est soumise à aucun cahier des charges, mais permet aux douanes d'exercer un contrôle sur l'importation des produits et éviter les usurpations. Dès lors, il était nécessaire de promouvoir l'origine « France » à partir d'une structure privée. Voie qu'empruntent Yves Jégo et Antoine Veil (mari de Simone Veil, décédé en avril 2013), en fondant en juin 2010 l'association Pro France, détentrice du logo « Origine France Garantie ».

La réglementation française n'a aucune condition d'attribution du Made in

Depuis, le nombre de produits adhérents a augmenté de façon considérable : aujourd'hui plus de 1 100 produits portent le logo « Origine France Garantie » émanant de 400 entreprises, dont 88 % sont hors alimentaire. Ils doivent répondre au cahier des charges imposé par l'association. « Le règlement stipule que le produit doit prendre ses caractéristiques essentielles ou prend sa forme distinctive en France, et 50 % à 100 % du prix de revient unitaire de ce produit doit être acquis en France », précise Audrey Canestrier, secrétaire générale de Pro France. « L'important c'est que la production se trouve en France, quelle que soit la nationalité de l'entreprise ». Enfin, le contrôle doit être réalisé par un des cinq organismes certificateurs désignés par la marque(2) . Ces contrôles sont faits a priori et a posteriori.

Un régime spécial pour l'agroalimentaire

En B to C, 12 % du total des entreprise est situé dans l'agroalimentaire (principalement dans la biscuiterie) représentant 95 produits pour 24 entreprises avec des marques phares telles que Géant Vert, Häagen-Dazs, St Michel, Kronenbourg, Ebly ou la Biscuiterie Nantaise… « Pour ces entreprises, le cahier des charges est renforcé et 100 % de la matière première doit venir de France », précise Audrey Canestrier. Ainsi, Häagen-Dazs, pourtant filiale d'un groupe américain qui détient 51 % du capital de Yoplait, exporte-telle 80 % des crèmes et des desserts glacés fabriqués à Tilloy-lès-Mofflaines (62) avec du lait français vers une soixantaine de pays. Un jambon, par exemple, ne peut bénéficier du label que si toutes les étapes, entre la naissance du porc (naissance, élevage, abattage, découpe etc.) et le conditionnement du jambon, sont effectuées en France. Un spécialiste du champignon, Ruol, vient de demander le label Origine France Garantie pour affirmer son origine française. Mesure efficace quand l'on sait que seulement 2 % des champignons de Paris viennent de France. 98 % des champignons proviennent de Chine.

Les AOP et IGP concernées

Reste que cette marque côtoie les IGP et AOP qui représentent déjà une origine géographique. Peut-il y avoir confusion ? En 2013, Arnaud Montebourg a demandé à un groupe d'experts de faire des propositions pour asseoir la « Marque France ». Leurs conclusions sont claires : conforter, élargir et démocratiser le logo Origine France Garantie créé suite à la mission Jégo. Concernant les AOP et IGP, il faut les « encapsuler » dans la charte graphique de la Marque France. L'objectif de la mission n'est certainement pas de créer des logos et labels supplémentaires, mais bien au contraire de boucler un « système » de logos et de labels cohérents avec la Marque France qui permette de préserver les labels et logos existants, et plus particulièrement ceux dont l'impact économique a pu être démontré et de les héberger sous l'ombrelle d'un référentiel fédérateur, celui de la France.

(1) Étude Ifop/Atol Janvier 2013.

(2) Organismes certificateurs : Afnor, Bureau Veritas, SGS, FCBA, Cerib.

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