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Le lait bio en plein déséquilibre offre-demande

Alors que la filière lait bio est en crise, faute de demandes, les opérateurs se préoccupent aussi de la tenue de l’offre, qui pourrait rapidement diminuer.

Attention, cette photo n'est pas une photo Réussir. © Charly Triballeau/Commission européenne /AFP. vaches laitières de race normande sur le chemin menant à la pâture. ...
© EU/AFP/Charly Triballeau

Les laiteries françaises ont collecté 1,26 milliard de litres de lait de vache bio en 2022, c’est 2,7 % de plus qu’un an plus tôt, selon l’enquête mensuelle laitière SSP/FranceAgriMer. Une croissance, certes, mais moins dynamique que celle des années précédentes et qui cache un léger décrochage du nombre de livreurs, ils étaient 4 170 en décembre 2022, contre 4 250 six mois plus tôt, selon l’Idele. « On parle beaucoup de déconversion, mais le phénomène est marginal, la vraie préoccupation est sur le renouvellement », alerte Christine Goscianski du service économie des filières de l’Idele. Car les producteurs laitiers en bio présentent, comme beaucoup d’autres productions agricoles, une pyramide des âges vieillissantes. « Par exemple, dans les Pays de la Loire, près de 31 % des exploitations laitières bio avaient au moins un associé de plus de 55 ans, c’est certes un taux moindre qu’en élevage bovin viande, mais qui reste très important », évoque Christine Goscianski.

Dans le même temps, le rythme des conversions s’est fortement ralenti depuis 2021 et le coup de frein de nombreux opérateurs face au marasme du marché. En 2022, le nombre de conversion d’exploitations laitières a reculé de 54 % par rapport à 2021, selon des données de l’Agence bio, rapportées par Agra. Les opérateurs rapportent un certain manque d’enthousiasme pour l’installation en bio chez les jeunes, échaudés par les mauvaises nouvelles sur le front de la consommation.

Une collecte stable à baissière en 2023

« Beaucoup d’éleveurs sont convertis depuis moins de cinq ans, ils bénéficient encore des aides et resteront au rendez-vous », avance Christine Goscianski qui table sur une collecte stable à légèrement baissière sur 2023, mais qui s’inquiète : « La demande ne devrait pas repartir cette année, entre la baisse de l’offre en magasin et l’inflation qui va continuer, ce qui laisse à penser qu’il y aura toujours autant de déclassements. » Le Cniel les estime à 530 millions de litres de lait en 2023, soit 43 % de la production ! Même si le lait déclassé avait été correctement valorisé en 2022 grâce à l’envolée des prix des produits industriels, les perspectives sont désormais moins favorables.

La demande cale

Et ce n’est pas la restauration collective qui pourra changer la donne, « les volumes ne sont pas assez importants », tranche l’économiste de l’Idele, ce que confirment les calculs du Cniel qui estime que même avec 20 % de produits bio dans ses achats, seuls 15 % des excédents seraient absorbés.

Pour l’heure, les achats des ménages restent en souffrance. Certes, l’offre bio a été drastiquement réduite (-8,5 % sur l’ensemble de la gamme), mais certaines enseignes ont aussi travaillé à la réincorporer dans les rayons conventionnels. « C’est positif, les rayons bio étaient désertés, là, les consommateurs sont de nouveau exposés aux produits, se réjouit l’économiste, la segmentation bio est intéressante, elle a du sens, elle ne va pas disparaître. »

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