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Commerce extérieur
L’accord de libre-échange UE-Mercosur verra-t-il le jour ?

Après vingt ans de négociation, les Européens se montrent de plus en plus sceptiques quant à la signature d’un accord de libre-échange avec le Mercosur face à la menace écologique qui pèse sur la forêt amazonienne. Explications.

Emmanuel Bernard, président d'Interbev bovins. © DR
Emmanuel Bernard, président d'Interbev bovins.
© DR

Signé en juin 2018, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, l’alliance économique de quatre pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) piétine dans sa phase de ratification. L’accord – qui offrirait à l’industrie européenne un meilleur accès aux marchés publics des pays du Mercosur, assurerait la protection de ses indications géographiques protégées et faciliterait les exportations de denrées alimentaires (notamment de viande bovine) vers l’UE par la suppression progressive de la quasi-totalité des droits de douane – est remis en cause en raison de la déforestation massive au Brésil.

Pour être définitivement validé, l’accord doit encore être ratifié par tous les parlements, une étape qui semble compromise au regard de l’évolution des positions européennes et de l’absence de réaction des pays sud-américains.

Les fondements sont à revoir

Après Emmanuel Macron, qui avait déjà fait part de sa réticence lors du G7 organisé l’été 2019, les parlements autrichien et néerlandais ont rejeté l’accord « sous sa forme actuelle ». Fin août, l’Allemagne, pourtant grand promoteur de l’accord, a émis de « sérieux doutes » sur son avenir en pointant du doigt la déforestation continue et la multiplication des incendies tandis que les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont montrés « très sceptiques » à ce sujet à la rentrée.

Si la filière bovine a accueilli ces déclarations de façon très positive, « l’heure reste toutefois à la prudence faute de décision politique ferme », expose Emmanuel Bernard, nouveau président d’Interbev bovins. Bien que l’avenir soit incertain, la filière penche pour un abandon futur de l’accord commercial. « L’accord a mis plus de vingt ans à être couché sur le papier et la phase de ratification connaît de grandes difficultés : les fondements sont à revoir », poursuit-il.

En l’espace de vingt ans, début des négociations entre les deux parties, les attentes sociétales ont été bouleversées dans l’Union européenne. Les questions environnementales et de protection du consommateur sont aujourd’hui de plus en plus prégnantes. Un débat encore à peine amorcé outre-Atlantique. « Il y a vingt ans, les discussions étaient différentes. Je ne crois pas vraiment à la renégociation de l’accord, car nous sommes aujourd’hui dans deux mondes opposés », explique-t-il. Toutefois, un accord global permettrait d’éviter des accords bilatéraux, une situation non souhaitée par l’Union européenne.

Un rapport d’évaluation attendu

Créée en juillet 2019 à la demande du Premier ministre, la Commission d’évaluation du projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur présentera ses conclusions le 11 ou le 14 septembre, selon nos confrères d’Agrapresse. Ce groupe de « dix experts indépendants » devait notamment se pencher sur ses effets sur l’environnement (biodiversité, déforestation, émissions de GES) sur les filières agricoles sensibles (bœuf, poulet, sucre) et sur l’application des normes européennes.

L’industrie allemande mécontente

Le revirement de position d’Angela Merkel sur les négociations avec le Mercosur a soulevé un fort mécontentement du côté de l’industrie allemande, et notamment de son puissant secteur automobile qui attendait beaucoup de la mise en œuvre de l’accord. Tandis que les associations environnementales accusent les importations agricoles d’Amérique du Sud de défricher la forêt tropicale, la considérant comme nuisible au climat, l’industrie met l’accent sur l’allégement tarifaire et de meilleures possibilités de vente grâce à l’accord. « Il enverra des impulsions économiques urgentes, en particulier pour la gestion de crise actuelle », explique la chambre de commerce et d’industrie allemande. La suppression de 91 % des tarifs douaniers sur les automobiles allemandes constituerait une aubaine pour un secteur aujourd’hui en difficulté.

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