La consommation se fait collaborative
« La reprise de l'économie française restera faible (+0,4 % en 2014 et +1,0 % en 2015), en l'absence de mesures de relance budgétaire significative au niveau européen », écrit le Crédoc dans son dernier cahier de la consommation. Malgré la baisse de l'euro et du pétrole, le contexte économique restera peu porteur, avec des taux de chômage toujours élevés, l'inflexion des prestations sociales, et un « climat quasi déflationniste » (le Crédoc aurait pu dire déflationniste tout court au vu des récents chiffres de l'Insee et la volonté affirmée des distributeurs de continuer à peser sur les prix). Un contexte morose qui encourage les comportements de précaution : recours au crédit limité, désir d'épargne important (le taux d'épargne est à 15,9 %)… Et malgré les baisses de prix, contrairement à ce qu'ont l'air de penser certains distributeurs, les volumes ne devraient pas retrouver des niveaux de croissance élevés. La part des dépenses préengagées (logements, charges, assurances…) continue de progresser, ce qui pousse les ménages à arbitrer leurs dépenses. De 2,1 % en moyenne entre 2000 et 2007, la croissance de la consommation en volume est passée à 0,4 % sur la période 2008-2013. Elle devrait croître de seulement 0,1 % en 2014 puis 0,8 % en 2015, estime le Crédoc. Phénomène corollaire : les Français recourent de plus en plus à la consommation collaborative et aux circuits courts. Ils achètent d'occasion, font des affaires sur Internet, covoiturent, empruntent, louent, rognent sur la quantité de certains produits comme la viande. Et si, selon un récent sondage réalisé par 60 millions de consommateurs*, plus des trois quarts des Français interrogés disent pratiquer la consommation collaborative pour des raisons financières, deux tiers déclarent aussi en éprouver du plaisir. La consommation de masse tend à reculer, pour laisser place à une consommation plus intelligente. Les opérateurs doivent s'y adapter et réinventer des liens avec des consommateurs de plus en plus avertis.
*1 115 répondants interrogés en ligne du 1er août au 5 septembre.