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La châtaigne d’Ardèche revient en scène

Après une saison catastrophique l’année dernière, la châtaigne d’Ardèche s’apprête à reprendre sa place de leader français de la castanéïculture. L’enjeu est de taille, mais le comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche reste optimiste.
Le département de l’Ardèche est en pleine effervescence ! Le 15 septembre débute la récolte de la châtaigne. Et cette année, l’enjeu est de taille. En effet, l’année dernière a été une très mauvaise saison avec seulement 1 300 tonnes de fruits récoltés. « Le climat de la précédente récolte ne nous a pas été favorable. Nous avions enregistré une pluviométrie excessive durant la période de pollinisation, puis des coups de froid lors de la maturation des fruits. Les différences de température ont créé un défeuillage des arbres, ce qui les a affaiblis », explique Sébastien Debellut, animateur du comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche. Pour 2009, la filière espère bien récupérer sa place de leader français de la castanéïculture en atteignant les 5 500 tonnes de récolte, soit 50 % de la production nationale. « Les arbres sont en pleine forme pour l’instant, mais ne sont pas à l’abri du mauvais temps car la récolte court jusqu’à la mi-novembre », reprend Sébastien Debellut. 70 % de la récolte sont destinés à la consommation de fruits de bouche, dont 60 % sur le marché français et 40 % à l’export. Les 30 % de la récolte restants sont destinés à la production transformée industrielle et fermière.
Une jeune AOC
Depuis 2006, la châtaigne d’Ardèche bénéficie d’une AOC. « La filière a travaillé une dizaine d’années en amont de la certification pour mettre en place le cahier des charges. Les professionnels souhaitaient à travers cette AOC à la fois faire reconnaître une production originale, soutenir une économie locale, mais aussi enrayer la concurrence des produits étrangers venus d’Italie, d’Espagne, du Portugal et même de Chine », raconte Sébastien Debellut.
L’AOC s’applique aux fruits frais et à cinq produits transformés : la châtaigne sèche entière, fraîche entière épluchée, la farine, la purée et la brisure sèche. 65 variétés de châtaigniers sont présentes en Ardèche, mais 19 d’entre elles représentent 95 % de la production AOC. Parmi les variétés les plus réputées : la Comballe, la Bouche Rouge, la Sardonne, la Précoce des Vans…
D’un point de vue économique, la filière rassemble 1 000 emplois en équivalent temps plein, soit 700 producteurs (50 % d’agriculteurs et 50 % de retraités ou pluriactifs), 250 transformateurs et 50 distributeurs. La châtaigne d’Ardèche regroupe également 18 metteurs en marchés dont 16 expéditeurs privés et 2 coopératives.
La zone géographique de production AOC s’étend sur 195 communes dont 188 en Ardèche, 2 dans la Drôme et 5 dans le Gard. Le territoire se déploie du nord au sud de Saint-Victor (07) à Courry (84) et de l’est à l’ouest de Tain-l’Hermitage (26) à Borne (07). La zone compte aujourd’hui 6 000 hectares de châtaigneraie exploitée, mais le comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche estime à 10 000 hectares les futaies qui seraient potentiellement récupérables pour une exploitation du bois ou des fruits. Aux vues des statistiques agricoles de 1850, cette culture pourrait être plus largement exploitée. En effet, à cette époque, le département enregistrait une production de 50 000 tonnes par an. « Les rendements intéressants de la castanéïculture comparés à ceux des céréales (N.D.L.R. : le rendement moyen d’une châtaigneraie ardéchoise est d’une tonne/ha, avec en moyenne 80 arbres/ha) dont l’entretien est aussi plus laborieux dans les terrains escarpés, ont favorisé l’essor de cette culture. Mais depuis, les maladies comme l’Encre mais aussi le développement de l’industrie du tanin de châtaignier ont décimé une bonne partie des vergers », note le responsable du comité interprofessionnel.
Un PIDA de 5,1 M€
C’est pour renforcer cette production historique que les professionnels du secteur ont sollicité en 2004 un PIDA (Plan intégré de développement agricole) de 5,1 M€ de la part de la Région Rhône-Alpes, du Département de l’Ardèche et de l’État. Celui-ci s’est arrêté l’an passé et a permis de financer des formations, de moderniser certains équipements et de mécaniser une bonne partie de la récolte. Le comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche espère pouvoir renouveler ce PIDA dans les prochaines années. Celui-ci pourrait, par exemple, être utilisé pour communiquer davantage auprès des consommateurs sur les valeurs nutritives et organoleptiques du fruit. En effet, si la châtaigne n’est pas l’amie des régimes avec près de 200 calories pour 100 grammes, elle reste néanmoins un aliment riche en potassium et magnésium, cuivre et vitamine E. De plus, ses lipides sont constitués aux 2/3 d’acides gras insaturés qui sont les plus satisfaisants pour la prévention des maladies cardiovasculaires. Et surtout, elle ne contient pas de gluten et s’adapte donc au régime sans allergène. Enfin, l’interprofession pourrait également s’orienter sur un lissage annuel de la consommation. En effet, la châtaigne est consommée en France de la mi-septembre au mois de janvier avec un pic de consommation à l’automne (mise en marché des fruits frais) et durant les fêtes de Noël (marrons glacés).

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