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Inflation, Nutri-Score, affichage environnemental : Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir, nous répond

Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir nous parle inflation, affichages nutritionnel et environnemental. Selon lui, l’association a encore des batailles à mener pour une bonne information aux consommateurs.

Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir.
Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir.
© UFC-Que choisir

De formation universitaire en droit public, Alain Bazot a été président de l’UFC-Que choisir de Bourgogne entre 2001 et 2003, avant de prendre la présidence de l’association au niveau national. Il est également, entre autres, membre du Conseil national de la consommation, de la Commission des clauses abusives et du Conseil économique, social et environnemental.

Vous avez dénoncé l’opération « trimestre anti-inflation » lancée par le gouvernement. Pourquoi ?

Alain Bazot - Clairement, ce deal passé entre les différentes enseignes et Bercy est un sujet de mécontentement pour nous. Et cela va durer trois mois. Tout est laissé à la seule main des distributeurs. Nous avons analysé les offres des enseignes, il s’agit de produits maison (les MDD), de produits industriels ultra-transformés, il n’y a pas de fruits et légumes ou de viandes. Des formules floues, purement marketing, du genre « prix bas » accompagnent cette opération avec, et c’est le plus choquant, le label « Bleu-Blanc-Rouge » de l’État. Je ne vois absolument pas comment de telles allégations pourraient être contrôlées par la DGCCRF. Je ne connais qu’un outil de régulation des prix, c’est celui de la concurrence.
Sous forme d’incantation, le gouvernement incite les distributeurs à baisser leurs marges pour avoir les prix les plus bas possible, tout en rendant les comparaisons impossibles et, donc, en empêchant les consommateurs de jouer leur rôle de dynamisation du marché.
Cette opération est un cadeau fait à la grande distribution pour booster la part de marché de ses MDD. En comparant les paniers, nous avons vu de grosses anomalies, comme la présence de gels douche ou des chaussons, voire des cintres, c’est vraiment du n’importe quoi. Et puis, il n’est pas rare de voir des produits qui ont subi une hausse importante de prix. Le risque de tromperie des consommateurs sur des produits qui font pourtant l’objet d’un label officiel est important.

Vous demandiez la fin du SRP +10. Comment réagissez-vous à sa prolongation ?

A. B. - Nous demandions l’arrêt de l’expérimentation du SRP +10, sa prolongation dans la loi est un véritable cadeau fait au distributeur. Il a été mis en place soi-disant pour arrêter la guerre des prix. Le résultat a été une hausse mécanique des prix, notamment sur les grandes marques. Et le plus grave pour nous, c’est qu’il a aussi augmenté de manière mécanique les premiers prix qui concernent davantage les plus modestes. C’est 1,6 milliard d’euros de ponction sur deux ans sur le budget des ménages. Et cela n’a pas du tout ruisselé sur le revenu des agriculteurs. Il y a une duplicité à dénoncer. D’un côté, on dit à la grande distribution de modérer ses marges, d’un autre, on l’oblige à en faire au moins 10 %.

Le Nutri-Score pourrait être écarté par la Commission européenne. Qu’en pensez-vous ?

A. B. – On ne peut pas répandre l’idée que la Commission européenne a écarté le dossier du Nutri-Score. Je pense que la commissaire qui a lancé cette rumeur a parlé un peu trop vite. Alors peut-être que le futur affichage nutritionnel ne portera pas ce nom, mais qu’il se basera sur la même logique. Le Nutri-Score a démontré sa pertinence ; 60 % des produits l’arborent désormais. Et pour ceux qui ne l’affichent pas, notre application « quelproduit » leur permet de vérifier ce qu’il en est. Il faut que l’obésité devienne un fléau de santé publique pour que l’on se préoccupe des recettes. Avec le Nutri-Score, un consommateur sur deux a changé ses habitudes d’achats. Il est prescripteur de comportement alimentaire vertueux et incite fortement les industriels à faire évoluer leurs recettes.

Et sur l’affichage environnemental ?

A. B. – Nous sommes nombreux à critiquer le parti pris de l’Ademe de se concentrer essentiellement sur l’analyse de cycle de vie. Cela aboutit à valoriser la production intensive, car on ne tient pas compte des effets sur la biodiversité. L’Ademe a assoupli sa position mais à la marge. L’Eco-score, basé sur l’ACV, ne permettra pas de distinguer une production intensive d’une autre. L’information risque d’être extrêmement partielle donc partiale. Cet Eco-score va mettre des œillères aux consommateurs plutôt que de lui ouvrir les yeux. Il faut améliorer la vision du consommateur sur l’alimentation, alors que l’Eco-score va le rendre myope. C’est quand même hallucinant de rendre cette information opaque. Si l’objectif est la transition agroécologique, alors il faut un dispositif anti-greenwashing. Mais là, on passe à côté. Nous continuons à mener une bataille pour imposer une information pertinente. Le sujet de l’information est un sujet central pour une consommation responsable.

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