Faut-il sauver le soldat Danone ?
La loi Hamon n'y a rien changé. Elle aura même contribué à renforcer la guerre des prix. Avant la publication des décrets d'application, quatre distributeurs ont décidé de s'allier pour davantage peser dans les négociations commerciales, et ce dès 2015. Face à E.Leclerc, inflexible sur les prix bas, et au puissant Carrefour, Système U et Auchan, et désormais Casino et Intermarché, ne veulent pas se laisser distancer. En se groupant, ces enseignes veulent obtenir le meilleur tarif face à Coca-Cola, Nestlé, mais aussi le Français Danone. « Nous ne nous fixons aucune limite, nous avons simplement l'ambition d'avoir de meilleures conditions que Carrefour, E.Leclerc ou “ Système A ” (Système U plus Auchan, ndlr). Chaque point gagné nous rapportera 100 millions sur un peu plus de 10 milliards de volume d'affaires », confie Thierry Cotillard, le patron de l'offre alimentaire d'Intermarché, à LSA. Tout juste l'enseigne consent-elle à « épargner » Fleury Michon, Andros ou encore Pasquier. E.Leclerc explique au magazine comment, avec la centrale européenne Coopernic II, il compte encore améliorer sa négociation face aux multinationales. Danone, déjà pas au mieux de sa forme, est prévenu : la grande distribution va lui rogner des marges ! Le portefeuille des ménages français s'en portera-t-il mieux ? L'affaiblissement du fleuron français sera-t-il sans conséquences pour la filière agroalimentaire ? Les enseignes promettent toutes d'épargner les PME, mais la chute des prix des grandes marques emportera forcément dans son sillage les autres marques nationales. Sans parler des marques de distributeurs. En se rapprochant de Casino, Intermarché a obtenu l'ouverture des appels d'offres de l'enseigne pour ses MDD à son pôle agroalimentaire. Les marchés ainsi remportés par les usines du groupement seront autant de marchés perdus par les PME indépendantes en France. Cette guerre des prix semble entraîner la filière agroalimentaire française droit dans le mur. Espérons que toutes les parties en prendront conscience lors de la réunion promise par Emmanuel Macron et Stéphane Le Foll à Bercy.