Dominique Amirault
Les Marchés Hebdo : Le financement est-il le principal problème des PME ?
Dominique Amirault : En tant qu’entrepreneur indépendant, le problème reste la dégradation continue de nos marges depuis 25 ans. Et nous avons besoin de marges pour nous autofinancer. Nous n’avons pas besoin d’être financés. Le gouvernement ne s’attaque pas au fond du problème. J’attends des réponses concrètes sur la compétitivité notamment. Il ne s’agit pas juste d’une histoire de coût mais d’avoir un environnement plus favorable à l’innovation. Pour résoudre les problèmes durablement, il faut s’attaquer à la rentabilité des entreprises. En relevant les marges, les entreprises pourront ainsi réinvestir dans l’innovation, les équipements ou la création d’emplois.
LMH : La banque publique d’investissement pourra-t-elle être utile aux IAA ?
D. A. : Il est important de segmenter les choses. La PME ne connaît pas forcément les systèmes financiers ou la Bourse et n’y a pas facilement accès. À l’heure actuelle, les moyens existants sont davantage tournés vers les multinationales. Donc cet outil pourrait être adapté aux problèmes des entreprises de petite taille. Mais quand on n’a pas d’argent, il ne faut pas faire croire aux gens que l’on va leur en donner.
LMH : Attendez-vous des mesures spécifiques pour soutenir les PME à l’export ?
D. A. : Les PME doivent être traitées de la même manière que les grands groupes et être considérées comme majeures. Premièrement, il est souvent question de « chasser en meute » et de coordonner les entreprises entre elles, notamment pour le développement à l’export. Mais, nous n’avons souvent pas les moyens de monter un dossier pour un consortium par exemple. Je le sais, j’ai essayé à une époque. Il faut faire confiance aux entreprises, à l’instar du modèle anglo-saxon. Deuxièmement, je trouve très bien la concurrence à condition que cela soit à armes égales. Il faut s’occuper des distorsions de concurrence qui aujourd’hui s’accroissent au sein de l’Union européenne. Il y a trop de différences entre les législations européennes. Le problème ne tourne pas uniquement autour du crédit impôt recherche.