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Belle dynamique des filières d'agneaux de qualité

Les ventes d'agneaux sous signes officiels de qualité sont en expansion. Le commerce les soutient. Stimuler la croissance de l'offre est un défi pour les organismes de défense et de gestion de label Rouge ou d'indication géographique protégée.

Comme des pics rocheux émergeant des neiges, les viandes d'agneau sous signes officiels de qualité (Siqo) restent en place même quand la consommation fond. Avec près de 10 000 tonnes, les carcasses d'agneaux commercialisées sous label Rouge, indication géographique protégée (IGP) et appellation d'origine contrôlée ou protégée (AOC/AOP) ne représentent que 5 % de la consommation française d'agneau (qui dépend à moitié de l'importation). Ces trois signes officiels de qualité se distinguent par leur progression : 30 % depuis 2005 et 7 % entre 2013 et 2014. « En 2015, ça se maintient largement », proclame Jean-Pierre Arcoutel, président de la section agneau de Fil rouge, l'organisme promoteur. La dynamique se poursuit, affirme-t-il, plus ou moins portée par les entreprises. Les agneaux sous Siqo, en comptant les bios, impliquent une cinquantaine d'abatteurs, un tiers des cheptels de brebis allaitantes et près de 16 % des agneaux élevés.

Un artisan et un distributeur témoignent

Les deux lauréats 2015 en section agneau des trophées du Cercle des viandes d'excellence témoignent de leur intérêt. Vincent Hibon, artisan boucher à Boulogne-sur-Mer, débite de l'agneau fermier du Bourbonnais (à la fois label Rouge et IGP), à raison de deux à trois carcasses par semaine, depuis son installation en 2006 dans la ville côtière. « Il est tendre, il a du goût sans être trop fort. Je le prends pour la qualité des carcasses et la régularité au cours de l'année », com-mente-t-il. Son but était de se « démarquer ». Fils d'éleveur, il dit avec d'autant plus de ferveur à ses clients « comment vivent les agneaux, nourris à 95 % en herbage », dans les élevages qu'il a visités lors de ses rendez-vous avec son fournisseur, la Sicaba, qui lui fournit aussi son bœuf du Bourbonnais. Une vidéo, dans sa boucherie, appuie ses propos.

L'aspect qualitatif et l'authenticité savent convaincre

Olivier Vachelard et son équipe de l'hypermarché Auchan de Pérols, près de Montpellier, débitent de l'agneau de qualité depuis 2011. Le magasin en reçoit une trentaine chaque semaine, essen-tiellement à destination du libre-service. Il a choisi l'agneau IGP des Pays d'Oc. « Il est voisin du veau de l'Aveyron et du Ségala LR que commercialise Auchan », justifie-t-il. Avant 2011, il distribuait de l'agneau français sans label Rouge. « J'ai maintenu mes tarifs, et mes volumes ont augmenté de moitié », se félicite-t-il. Dans le cadre de son partenariat « gagnant-gagnant » avec Bigard à Castres, il a peu a peu imposé une qualité bien précise : « des petites carcasses de 15 à 16 kilogrammes, pas trop grasses », précise-t-il.

« L'aspect qualitatif et l'authenticité savent convaincre », affirme Jean-Pierre Arcoutel. « Quand un distributeur choisit un signe officiel de qualité, il dit “ je veux tant de carcasses ”, et discute le prix après. S'il distribue de l'agneau français, il discute d'abord le prix », argumente-t-il.

IGP : des régions avant des races

L'offre est le seul vrai souci des organismes de défense et de gestion (ODG) des agneaux sous Siqo. La facilité de vendre de l'agneau standard n'incite pas toujours les éleveurs à s'engager dans des cahiers des charges contraignants. Au salon Tech-Ovin de Bellac ce début de septembre, la question des races a fait débat. « La question génétique est fondamentale dans la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, où se produit 50 % des Siqo », confirme Jean-Louis Vollier, directeur GIE Ovin du Centre-Ouest. L'élevage demande des races ovines plus prolifiques et faciles à élever. Un responsable d'Auchan a mis en garde, au débat à Bellac, contre la baisse de qualité. Cependant, si le label Rouge garantit une qualité supérieure – donc s'appuyant sur des croisements de races précises – les IGP répondent à l'attachement des consommateurs à des régions. « En s'appuyant sur des régions et non sur des races, comme le font les filières bovines, on est dans le mille », argumente Jean-Pierre Arcoutel.

L'expansion géographique per-met d'augmenter la production dans le cadre de labels Rouge non liés à des IGP. Pour soutenir le développement de l'agneau label Rouge Le Diamandin (+10 % en 2014), essentiellement produit en Poitou-Charentes, l'organisme de défense et de gestion teste des élevages dans la Marne, confit Jean-Louis Vollier. Ces élevages utilisent la race Île-de-France qui fait partie du cahier des charges génétique du label Rouge Le Diamandin.

La notoriété de l'agneau de Sisteron est très forte

L'expansion du Diamandin hors de sa région d'origine est motivée par sa présence croissante dans les gammes de viandes label Rouge en grandes et moyennes surfaces, sans référence aux régions, mais avec l'appui de la découpe en prêt-à-découper ou en unité de vente consommateur, comme le font les sociétés nordistes Macquet et MVS. « La notoriété de l'agneau de Sisteron est très forte, et notre IGP n'est pas délocalisable », informe Lucie Siciliano, chargée de mission à l'ODG Agneau de Sisteron. « À travers les contrats, nos agneaux sont vendus d'avance », ajoute-t-elle. « Un peu plus de 250 éleveurs sont dans la démarche, et il y a 1 500 éleveurs dans la région ; il y aurait du potentiel de croissance », apprécie-t-elle. La prime payée aux éleveurs n'est pas l'argument le plus convaincant. « Il serait difficile d'aller au-delà de 0,20 euro à 1,50 euro par kilogramme, mais les éleveurs qui s'engagent touchent 6 euros d'aide ovine en plus par brebis, ils sont intégrés dans un groupe et bénéficient d'appui technique », fait-elle valoir.

FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITÉS ET MENACES

La section ovine d'Interbev a présenté le 23 avril dernier un « Point à date » sur l'agneau label Rouge, IGP et AOC. Cette synthèse fait le bilan des forces, faiblesses, opportunités et menaces. Sur le plan commercial, ces Siqo donnent aux éleveurs une « sécurité de mise en marché » dans le cadre d'organisations structurées, le pouvoir de « réclamer des plus-values et des comptes aux clients », mais la faible part de la consommation (5 %) et le faible écart de prix payé avec l'agneau standard sont signalés comme faiblesses. Si la demande est forte et que les GMS entrent de plus en plus dans le jeu, nécessitant de la part des filières « une maîtrise, un contrepoids puissant », deux menaces sont signalées : la diminution de l'effectif des bouchers et les démarches concur-rentes des enseignes. D'une part, ces dernières développent leurs marques locales ou de qualité ; d'autre part, elles achètent des produits d'importation à marques, comme l'agneau anglais Saint-Georges. Au salon Tech-Ovin de Bellac de début septembre, un représentant d'Auchan a estimé que ce dernier montait en grade. Aux consommateurs, les signes officiels de qualité français donnent des garanties sur la méthode de production et la qualité du produit. Mais la lourdeur administrative et les contrôles sont perçus comme des faiblesses, s'ajoutant à un taux de labellisation faible. Une piste de travail dégagée consiste à « faciliter l'accès aux Siqo sans en perdre les exigences », notamment en toilettant la notice technique ovin des labels Rouge.

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