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Arterris reprend avec L’Agneau Soleil Dufour Sisteron et les activités d’Ovimpex

La coopérative occitane se dote d’un ensemble commercial et industriel de premier plan dans la viande d’agneau. Une partie Sud-Est et une partie nationale. Et elle prend pied à Rungis pour mieux développer sa filière bovine.

La coopérative Arterris, leader sudiste du blé dur et de la farine, vient d’acquérir de quoi constituer des filières complètes de viandes ovines et bovines. Décembre 2015 : Arterris fusionne avec la coopérative ariégeoise Synergie. Elle compte 1 350 éleveurs de bovins de races blondes d’Aquitaine, limousines, gasconnes… Novembre 2016 : Arterris s’allie à la coopérative L’Agneau Soleil et acquiert à la fois le grossiste en viandes d’agneau Dufour Sisteron et le groupe Ovimpex. L’acquisition s’est finalisée le 24 novembre dès le feu vert de l’Autorité de la concurrence.

Arterris devient ainsi un leader national de la commercialisation et de la transformation de viandes d’agneau, prend pied sur les deux principaux bassins de consommation de cette viande que sont le Sud-Est et la région parisienne, et s’installe sur le Min de Rungis en prise directe avec les bouchers et restaurateurs, acheteurs de viandes bovines haut de gamme.

Agneaux de Sisteron et de l’Adret

Cette double reprise de Dufour Sisteron et du groupe Ovimpex perpétue d’abord la filière de l’agneau labels Rouge de Sisteron ou de l’Adret, et bio, autour de l’abattoir de Sisteron, qui abat 450 000 agneaux par an. Jusqu’à l’an dernier, les éleveurs se demandaient si un industriel allait reprendre le grossiste Dufour Sisteron, dont le patron partait à la retraite ; certains doutaient même du maintien de l’abattoir municipal d’agneaux de Sisteron, même si c’est un modèle de bonne gestion des abattoirs de proximité. La coopérative régionale L’Agneau Soleil, actionnaire minoritaire de Dufour, ne pouvait acquérir la majorité. Arterris a finalement réalisé l’opération avec cette petite coopérative. La situation financière* des deux actionnaires était « très favorable », selon Jacques Logie, directeur général d’Arterris.

Arterris se présente comme une ferme de plus de 350 000 hectares cultivés – en céréales, semences végétales, fruits et légumes, vignes – s’étalant entre Pyrénées et Alpes. S’y ajoutent 250 000 hectares de prairies. On y élève des volailles, du porc, des ruminants, chevaux, et y transforme du canard à foie gras. Le chiffre d’affaires de 756 millions d’euros, fluctuant au gré des cours céréaliers, est pour l’heure à dominante végétale.

1,5 million d'agneaux sur le marché

Le montage de la reprise s’appuie sur une holding, Arterris Vision, détenue à 80 % par Arterris et les 20 % restants par L’Agneau Soleil. Arterris Vision va donner aux éleveurs un accès direct aux consommateurs : les bouchers, restaurateurs, grossistes de Rungis et de Lyon Corbas, la grande distribution nationale. Pour autant, Arterris reste fidèle à ses partenaires Bigard et Arcadie. La coopérative apporte en exclusivité des agneaux label Rouge des pays d’Oc à l’abattoir Bigard de Castres, dans le Tarn. Elle est actionnaire à 6,5 % d’Arcadie, qui valorise une petite partie de sa production d’agneaux et d’un peu de bovins blondes d’Aquitaine en label Rouge.

« La structuration de la filière ovine passe par l’émergence de leaders », plaide Jacques Logie. Ensemble, les deux coopératives produisent 500 000 agneaux par an, soit un cinquième de la production nationale. L’ensemble met en marché 1,5 million d’agneaux de toutes origines, au total 22 000 à 25 000 tonnes de viande, ce qui porte à 20 % de la consommation française.

La holding Arterris Vision détient trois entités : Ovimpex SAS, Ovimpex Distribution et Dufour. Ovimpex SAS regroupe les activités de négoce et d’industrie internationales en viandes ovines et bovines. Le siège est sur le Min de Rungis. Elle compte notamment le grossiste Vianov au pavillon de la viande, l’industriel Mondial Viande Service implanté dans le Nord à Douai, ainsi qu’une société prestataire de services en découpe. Par ailleurs, Ovimpex Distribution et Dufour constituent la branche ovine dans le Sud-Est. Elle comporte un outil d’abattage et de découpe dans le Vaucluse, un site de découpe et de commercialisation à Corbas, ainsi que la société APA (Alpes Provence Agneau) à Sisteron, dédiée historiquement à la grande distribution. Le chiffre d’affaires réalisé par ces filiales industrielles et commerciales est de 330 millions d’euros. « Nous avons trouvé notre équilibre entre productions animales et végétales », considère le président Régis Serre.

À travers ce montage, Arterris va aussi développer sa filière bovine et surtout la mettre en phase avec la consommation. Les 32 000 têtes de bovins mises en marché par Arterris sont pour moitié exportées en maigre en Italie et au Maghreb. « Nous allons assez rapidement monter à 50 000 têtes, en développant surtout les animaux finis », assure le président de la section, Mickaël Marcerou. Il précise que des croisements vont être mis au point. Standard visé : des carcasses de 350 à 400 kg, classées U et avec la note d’engraissement 3. Des carcasses de femelles finies avec 15 kg de graine de lin sont déjà présentées à Rungis, correspondant au « marché parisien haut de gamme » sur lequel travaille Éric Domergue, directeur des productions et de la nutrition animales.

*Pour Arterris, 15,1 millions d’euros de capacité d’autofinancement, 187 M€ de fonds propres, 63 M€ de dettes nettes.

Projet Oviboost : l’élevage ovin de précision

Améliorer les performances techniques et économiques de l’élevage d’agneaux, réduire le recours aux antibiotiques : c’est le projet Oviboost lancé par Arterris avec Unicor, Deltavit, l’École vétérinaire de Toulouse, l’Institut de l’élevage et l’Inra. Un logiciel de traçabilité va mettre en évidence des corrélations entre différentes pratiques. On saura alors quels principaux leviers actionner parmi l’alimentation, le transport des animaux, l’ambiance des bâtiments, le stress, la vaccination… Et on saura déterminer avec précision l’usage adéquat des antibiotiques : concentration, qualité de l’eau, dose, fréquence… Chez Arterris comme ailleurs en France, la production ovine est limitée par l’insuffisance du volume produit et une faible prolificité des brebis.

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