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Alimentaire : Comment se portent les SIQO ? 3 questions à Carole Ly de l’Inao

L’INAO fête ses 90 ans cette année. L’organisme d’État accompagne les filières agricoles pour la valorisation des productions Signes Officiels d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO). L’occasion pour revenir avec Carole Ly, sa directrice, sur la santé économique de ces labels. 

Carole Ly, directrice de l'Inao
© Cheick Saidou/agriculture.gouv.fr

AOP, IGP, Label Rouge, STG et Agriculture Biologique sont les signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) qu’encadre l’INAO. Ils pèsent pour 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, soit 40 % de la valeur de la production agricole nationale. Carole Ly, directrice de l'Inao depuis 2023, répond à nos questions.

Lire aussi : Bœuf et veau sous label : « ça met en confiance »

Les Marchés : Comment se portent les SIQO dans un contexte économique toujours incertain ?

Carole Ly : Pour les signes officiels de qualité, la période inflationniste, de 2022 à mi-2024, a été globalement rude. Les SIQO hors bio ont souffert d’une réduction des dépenses à peu près du même ordre que pour l’alimentation conventionnelle. Mais depuis fin 2024, le marché repart. Sur les fromages AOP, la reprise est plus nette depuis le deuxième trimestre 2025. Mais c’est encore très hétérogène selon les fromages, avec des hausses en comté, en reblochon, une stabilisation en roquefort. Il faut d’ailleurs noter les mesures courageuses de régulation de l’offre mises en œuvre en comté, pour adapter la production à la demande.

Sur les fromages AOP, la reprise est plus nette depuis le deuxième trimestre 2025. 

C’est en revanche très difficile pour le beaufort, dont le prix a fortement augmenté, au point de dépasser un seuil psychologique, les acheteurs s’en détournent. C’est aussi très compliqué sur les viandes Label Rouge. L’offre chute, car les prix du conventionnel sont très attractifs. C’est d’ailleurs un contexte qui pénalise la récente STG « bœuf traditionnel de race normande ».

À noter que contrairement au bio, les autres SIQO n’ont pas souffert de déréférencements de la GMS, même si la fermeture des rayons fromages à la coupe pénalise les AOP fromagères. 

Lire aussi : Label Rouge, IGP : les jeunes boudent-ils les aliments sous SIQO ?

Les Marchés :  Comment baisser les coûts de la certification ? 

Carole Ly : C’est un vrai sujet. Les organismes certificateurs, des structures privées, ont vu leurs coûts augmenter avec l’inflation (les salaires, les transports). Ils ont donc répercuté sur les prix pratiqués. De plus, un des organismes en mauvaise santé financière a encore plus remonté ses prix. Il faut comprendre que l’État n’a pas la main sur le coût de la certification, qui peut être lourd sur les AOP à petits volumes. Mais les contrôles font partie de la garantie de qualité offerte par les SIQO. Les consommateurs ont confiance grâce au cahier des charges clairs, à la garantie de l’État et, justement aux contrôles. Ces piliers qui garantissent la confiance doivent être préservés, et le contrôle en fait partie. La fréquence des contrôles est réfléchie par rapport au risque. 

Les contrôles font partie de la garantie de qualité offerte par les SIQO.

Néanmoins il y a des économies à faire en renforçant les ODG, avec des voies de mutualisation, sans fusion. Vendée Qualité, qui réunit une trentaine de SIQO a pu ainsi renégocier ses coûts de contrôle et les faire baisser de 30 %. Il y a aussi des rapprochements entre des ODG viticoles et non-viticoles. Par ailleurs, plus les ODG arrivent à créer de la valeur sur leur signe, plus les coûts de contrôle sont dilués. 

Lire aussi : Comment baisser les coûts de certification en agriculture et agroalimentaire ? 

Les Marchés :  Les AOP, IGP, STG… attirent-encore des candidats ?

Carole Ly : Il y a toujours autant de projets ! L’INAO déploie 10 à 20 nouveaux signes de qualité chaque année. On peut citer cette année l’IGP pérail, qui est une fierté locale, issue d’une vraie dynamique collective. Et encore l'AOC  mothais sur feuille, l’IGP Dorade et loup de Corse, l’IGP sucre de la Réunion…

Il y a toujours autant de projets !

Mais le gros de notre travail c’est l’enregistrement des modifications des cahiers des charges existants, 250 à 300 par an. Face aux enjeux contemporains, le climat, la volatilité des prix des intrants, les attentes sociétales, la multiplication des labels privés, nous sommes très sollicités. 

 

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