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Bas carbone
Les projets bas-carbone vont-ils attirer les financements ?

La chaîne de valeur agroalimentaire ne suffit pas à financer la participation de l’agriculture à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France. Les projets sous Label bas-carbone devraient se multiplier et générer du crédit carbone.

© Elnur - stock.adobe.com

Le Label bas-carbone va-t-il enfin permettre de financer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en agriculture ou leur stockage dans des « puits de carbone » comme les prairies ? C’est ce que veut le ministère de la Transition écologique en favorisant les cessions de crédit carbone des projets labellisés aux collectivités locales, institutions ou entreprises polluantes.

Si les compagnies aériennes peuvent compenser leur pollution en faisant planter des arbres dans le monde, le Label bas-carbone est une garantie « made in France », vante le ministère de la Transition écologique. Demain, souhaite le ministère, les cessions de crédit carbone ainsi labellisé pourront s’échanger sur des plateformes ou via des intermédiaires qui pourront à la fois les présenter aux financeurs potentiels et les regrouper.

Des porteurs de projet et quelques financeurs

Les marchés de gré à gré de crédits carbone concernent encore peu de projets agricoles. C’est que le Label bas-carbone a été créé récemment, en 2019. Ainsi, vingt-deux projets agricoles sont labellisés : onze portant sur des plantations de vergers, sept sur des plantations de haies et quatre sur de l’élevage bovin et de la polyculture avec élevage.

L’exemple agricole le plus important en matière d’objectif – une réduction de 137 000 tonnes d’équivalent CO2 en 2025 – est le projet lancé en 2020 par France Carbon Agri Association (FCAA). Celui-ci est porté par une vingtaine de partenaires, dont les entreprises coopératives Altitude, Sodiaal, Sicarev, Scara et l’Association des productions animales de l’Est (Apal), des chambres d’agriculture et des entreprises de conseil. Ces partenaires encadrent plus de 300 éleveurs répartis dans l’Hexagone, les aidant à mettre en place des pratiques agricoles et d’élevage les moins émettrices. Or, les achats de crédit carbone ne couvrent que 20 % du budget. Les financeurs sont notamment la Caisse des dépôts, le groupe de luxe Kering, les tanneries Hass, la société de nettoyage GSF et Bordeaux Métropole.

Paysages et relocalisation

En France, l’Institut de l’élevage considère que la production agricole engendre environ 20 % des émissions de GES. L’élevage de ruminants, en particulier, émet plusieurs GES : du protoxyde d’azote, du dioxyde de carbone et surtout du méthane, issu de la digestion de la cellulose. Le méthane a 25 fois le pouvoir réchauffant du gaz carbonique. Pour autant, fait valoir Culture Viande, organisation professionnelle du commerce et de la transformation des viandes, les « 13 millions d’hectares de prairies utilisés par les herbivores sont des puits de carbone (leur sol capte autant de carbone que le sol des forêts, NDLR), ainsi que de larges surfaces de biodiversité. Ils préviennent les risques d’érosion, d’incendie et d’inondations et jouent un rôle clé dans le paysage ».

L’élevage laitier est aussi un levier de réduction du carbone. Exemple : le projet des éleveurs de l’Ouest approvisionnant Bel, qui consiste à favoriser le pâturage, à relocaliser les aliments protéiques et à fertiliser les champs grâce aux déjections. Bien que les éleveurs reçoivent des primes de l’industriel, l’Association de producteurs Bel de l’Ouest (APBO) s’est portée candidate en tant que porteur de projet auprès de FCAA en vue d’une labellisation bas-carbone et de financements consécutifs.

Une méthode pour l’aviculture

En élevage, la méthode de mesure des émissions Cap’2ER est largement éprouvée en élevage de ruminants. Une version adaptée à l’aviculture sera présentée au Space 2021 à Rennes. Elle permettra de mesurer les performances environnementales des ateliers de volailles de chair, de poules pondeuses ou de canard gras, et de tracer des plans de progrès.

Les labels bas-carbone des bovins, ovins et caprins sont validés, ainsi que dernièrement celui des grandes cultures (céréales, légumineuses, etc.), ce qui étend le choix des investisseurs.

Le ministère de l’Agriculture souscrit à ces initiatives à travers son plan d’action climat (schéma ci-contre). Il prévoit aussi d’intervenir dans la consommation alimentaire (l’axe 3 de son plan d’action) et aussi (axe 4) « d’accompagner l’adaptation des filières agricoles et forestières face aux conséquences du changement climatique ».

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