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Lait : « La filière caprine s’est la plus rajeunie »

Le marché des produits au lait de chèvre est perturbé par l’inflation, après plusieurs années de croissance. La hausse du prix du lait, ces dernières années, a néanmoins permis de stabiliser le nombre d’éleveurs.

Mickaël Lamy élève 240 chèvres en Maine-et-Loire.
Mickaël Lamy élève 240 chèvres en Maine-et-Loire.
© Agrial

Mickaël Lamy élève 240 chèvres en Maine-et-Loire. Il est président du conseil caprin d’Agrial et vice-président de l’Anicap, l’interprofession caprine. Agrial est la coopérative dont la branche laitière Eurial est connue pour sa marque Soignon, première marque de fromage de chèvre en France. Agrial regroupe 600 éleveurs caprins dans l’Ouest et en Rhône-Alpes.

Le marché des produits au lait de chèvre se porte-t-il bien ?

Mickaël Lamy - Les produits au lait de chèvre ont bien passé la crise Covid. Et Agrial a pu passer des hausses de tarif en 2022, et de cette façon compenser la flambée des coûts de production, liée à la guerre en Ukraine. Toutefois, la hausse des tarifs a entraîné une augmentation des prix en magasins, et le marché est aujourd’hui perturbé par l’inflation. Depuis début 2023, nous sentons un fléchissement de la demande en fromages et ultra-frais, en GMS, RHD et à l’export. Les produits haut de gamme se vendent moins bien. Les gros formats sont aussi touchés, comme la bûche de 400 g, dont le prix en magasin dépasse désormais 4 euros. Des seuils psychologiques de prix sont dépassés et les consommateurs réduisent leurs achats. Nous devons être plus actifs au niveau commercial et relancer la communication.

Où se situe la production ?

M. L. - La tendance est à la stabilité du nombre d’éleveurs, les installations compensant les départs en retraite. Depuis plusieurs années, Agrial accompagne les projets d’installation caprine avec des aides à la constitution d’un troupeau et des prix garantis pendant cinq ans. Nous installons ainsi quarante éleveurs par an. Le nombre d’éleveurs augmente, notamment en Pays de la Loire et Rhône-Alpes, mais il est plus stable dans les régions historiques. Début 2022, avec la hausse des coûts de production, il y a eu moins d’installations, mais comme nous avons pu augmenter le prix du lait, les projets ont été réactivés. En 2023, le prix payé aux éleveurs va encore augmenter de 75 €/1 000 l, soit une hausse de 150 €/1 000 l sur 2-3 ans. En 2023, il dépassera 900 €/1 000 l. La collecte évolue donc positivement, de 1,5 % depuis début 2023.

Les systèmes de production évoluent-ils ?

M. L. - Depuis plusieurs années, nous sommes très attentifs au bien-être animal. La majorité des bâtiments neufs comportent un accès à l’extérieur. Et la filière doit s’approprier le sujet de la réduction des gaz à effet de serre. Cela passe par plus d’autonomie, par la productivité, la génétique, la longévité des chèvres. L’Anicap a mis en place la démarche Cap’Climat qui définit les objectifs de la filière contre le changement climatique. Agrial a, en revanche, gelé les conversions en bio il y a deux ans, et nous atteignons cette année notre plafond de 7 millions de litres. Comme tout le secteur bio, la bûche bio souffre et nous devons déclasser du lait.

Vous êtes donc plutôt optimiste pour la filière ?

M. L. - La filière caprine s’est le plus rajeunie. C’est la seule à avoir stabilisé le nombre de producteurs et légèrement augmenté la production. Un levier aujourd’hui face à l’inflexion de la demande est sans doute l’innovation. En 2022, Soignon a lancé l’Ovale de chèvre, qui fonctionne bien, ainsi que de nouvelles bûches aromatisées, de nouveaux parfums en ultra-frais. Il faut réactiver le levier de l’innovation et davantage communiquer.

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