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Conjoncture
La hausse des matières premières met en difficulté l’agroalimentaire

Blé, maïs, colza, tournesol, arômes, poudre de lait, emballages en plastique, en carton… La liste des matières premières qui voient leurs cours s’envoler est longue. Les industriels demandent une prise en compte rapide.

Les signaux sont au rouge pour bon nombre de matières premières, principalement celles liées à l’alimentation animale, mais pas que, et ce, depuis de nombreux mois. En mars 2021, les cours mensuels des matières premières, lissés sur trois mois, poursuivaient leur hausse pour le blé (+3,6 %), l’orge (+2,7 %) et le maïs (+3,7 %) par rapport au mois précédent. Le cours des tourteaux restait, lui aussi, en progression pour le colza (+2,5 %) et le tournesol (+2,9 %).

C'est une situation historique d'une ampleur ind

Cette crise des matières premières faisait récemment réagir le Cifog, l’Adepale et la Fédération des entreprises de boulangerie-pâtisserie (Feb). « Les professionnels de la filière foie gras sont confrontés à une explosion généralisée de leurs coûts de production qui met en danger leurs entreprises », indiquait le Cifog, le 23 avril dernier, rappelant que les professionnels commencent progressivement à remettre en place leurs élevages après plusieurs mois de mise à l’arrêt, en raison du violent épisode d’influenza aviaire.

« Alors que l’alimentation des palmipèdes représente 50 % du prix de vente d’un animal, les cours des matières premières entrant dans leur composition (maïs, blé, protéagineux) sont au plus haut depuis 2014. L’indice Itavi qui fait référence en ce domaine affiche une hausse moyenne spectaculaire de 22,3 % sur les trois premiers mois 2021 par rapport à l’année 2020 », explique l’interprofession du foie gras.

Viabilité de certaines entreprises en question

Du côté de l’Adepale et de la Feb, le constat est le même. « Les 600 entreprises agroalimentaires françaises adhérentes de l’Adepale et de la Feb sont confrontées depuis plusieurs mois à une explosion généralisée et inédite de l’ensemble de leurs coûts de production », insistent les deux fédérations dans un communiqué commun du 21 avril. Face à des matières premières agricoles transformées « très fortement en tension telles que la farine, les produits laitiers (beurre, poudre de lait…), garniture », les professionnels demandent, « de toute urgence » à tous les acteurs du secteur de tenir compte de cette situation « grave et exceptionnelle ».

Le cours du sucre a également flambé dans la semaine du 26 avril, porté par la faiblesse du dollar et des conditions climatiques très sec au Brésil, premier exportateur mondial de sucre. Les contrats les plus échangés à New York ont retrouvé des prix plus vus depuis 2017.

« C’est une situation historique d’une ampleur inédite, alors que nous sortons d’une période de négociation difficile et très décevante », confie Jérôme Foucault, président de l’Adepale. S’ajoutent à cela les récents épisodes de gel qui ont fortement abîmé les productions de fruits d’été, comme l’abricot. « Et cela fait suite à une année épouvantable sur la pomme », ajoute le président.

L’Adepale considère que cette situation « met en danger la rentabilité des entreprises du secteur français de l’agroalimentaire et, pour certaines, leur viabilité », ajoutant que ce phénomène pourrait durer. « Il ne faut pas oublier que certaines entreprises ont perdu parfois jusqu’à 50 % de leur chiffre d’affaires avec la fermeture des restaurants. Nos marges sont structurellement basses et notre valeur ajoutée est insuffisante pour nous permettre d’investir comme nous le souhaiterions. À chaque fois, nous discutons pour quelques centimes. Tout ça ne va pas dans le sens de la transition voulue », insiste Jérôme Foucault.

Forte tension sur les emballages

Ces hausses des matières premières agricoles doivent en plus se conjuguer avec la hausse généralisée des emballages, de 10 à 20 % tous matériaux confondus : plastiques, métaux, carton, bois… avec un risque accru de pénurie sur certaines matières et des délais de livraison fortement rallongés. Tous les emballages sont sous tension sous la conjugaison de plusieurs facteurs : le redémarrage de l’économie mondiale, la réorientation du plastique européen vers les continents asiatique et nord-américain, le manque de conteneurs dans les ports européens. Il est notamment question de difficultés d’approvisionnement pour les principales résines plastiques vierges.

Entre 60 et 80 % de hausse sur les polymères

Selon le président d’Elipso, les entreprises de l’emballage plastique et souple, Christian Théry, « on en est entre 60 et 80 % de hausse sur les polymères entre janvier et le 29 avril. La situation s’est encore légèrement dégradée à la mi-avril », date à laquelle il avait réitéré son alerte sur cette situation. Les prix flambent. « Les prix étaient très bas en 2020, il y a sûrement une volonté de rattrapage des marges de la part des groupes de pétrochimie. Les producteurs de résine plastique vierge évoquent également des incidents techniques liés à la vétusté des installations. Ils ont cumulé les maintenances alors que normalement ils font des stocks. Il y a une impréparation, ils sont partis avec zéro stock », indique Christian Théry. Et le risque d’approvisionnement, pour l’heure maîtrisé, pourrait devenir problématique. Une sortie de crise n’est pas envisagée au moins avant la fin de l’année.

Après des négociations en légère déflation

Selon le bilan des négociations 2021, dressé par l’Observatoire de la négociation commerciale annuelle pour les produits alimentaires, la déflation constatée est de l’ordre de 0,3 % en prix triple net toutes catégories confondues. L’Observatoire précise que les demandes de hausses de tarif de la part des fournisseurs étaient de 3 %. Cette légère déflation est observée pour toutes les catégories de produits, à l’exception de celle des produits frais laitiers et des œufs qui connaissent à nouveau une évolution positive de leurs prix d’achat en 2021 : épicerie salée (-0,3 %), épicerie sucrée (-0,3 %), produits frais non laitiers (-0,7 %), produits frais laitiers, dont œufs (+0,5 %), surgelés (-0,7 %), boissons alcoolisées (-0,7 %), boissons non alcoolisées (-0,4 %).

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