Lait conditionné : « Nous avons besoin d’un prix minimum à 1 €/litre »
Le Syndilait est revenu, en conférence de presse, sur les tendances de consommation du lait, les difficultés en lait bio et a déploré la pression sur les premiers prix qui mettent en péril la pérennité de la filière, que ce soit du côté de l’amont ou de l’aval, les entreprises ayant des gros besoins d’investissement.
Le Syndilait est revenu, en conférence de presse, sur les tendances de consommation du lait, les difficultés en lait bio et a déploré la pression sur les premiers prix qui mettent en péril la pérennité de la filière, que ce soit du côté de l’amont ou de l’aval, les entreprises ayant des gros besoins d’investissement.

2,691 milliards de litres de lait conditionné ont été consommés par les Français en 2024. C’est autant qu’en 2023 (2,699 milliards), année marquée une reprise de 1,5 % de la consommation. « Ce point d’inflexion est porté par la restauration hors foyer qui avait beaucoup souffert de la crise Covid. En trois ans, les volumes y ont augmenté de 24 % » explique Romain Deurbergue, président de Syndilait. Les chiffres des achats des ménages pour la consommation à domicile demeurent en repli, à 2,2 milliards de litres (-2,3 %), « la baisse demeure structurelle, liée au recul du petit déjeuner chez les enfants » justifie Romain Deurbergue.
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Le lait bio inquiète, le lait entier décolle
Le lait entier ne pèse que 7 % du lait UHT vendu en magasin, loin derrière les 70 % du lait demi-écrémé. « Mais il progresse de 4,7 % l’an dernier, grâce à son utilisation qui grimpe en cuisine, ou la fabrication de yaourts maison » précise le président du syndicat. Le lait délactosé a aussi le vent en poupe, avec une croissance similaire (+4,7 %).
« le lait bio est un vrai sujet d’inquiétude pour nous »
En revanche « le lait bio est un vrai sujet d’inquiétude pour nous » appuie Romain Deurbergue, car les volumes ont reculé de 8 % en 2024, or « on a poussé des producteurs à s’engager dans la conversion, il faut tenir les promesses. Désormais le bio est moins rentable que le conventionnel. Les engagements liés à Egalim n’ont pas été tenus ».
Les premiers prix ont tiré parti de la crise
34 % des volumes de lait vendus en 2024 étaient sous marque nationale et 40 % sous MDD. « Les marques nationales sont celles par qui l’innovation arrive, mais les MDD ont beaucoup innové aussi avec la création de laits de filières, de laits engagés » décrit Romain Deurbergue. Mais il déplore la part de 26 % des premiers prix « ces laits, vendus en moyenne à 94 centimes/litre, affichent un prix trop faible pour permettre à la filière d’exister durablement. En plus, leur part a augmenté avec l’inflation ! ».
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Un objectif à 1€/litre de lait pour une filière résiliente
« Le prix du lait a été, historiquement, beaucoup trop bas en France, avec des salaires de misère pour les paysans et des outils sous-investis » résume le président de Syndilait, qui réclame « pour pérenniser la filière, nous avons besoin d’un prix minimal à 1 €/litre, car s’il existe des laits premiers prix, il n’existe pas de vaches premier prix ! ». Le syndicat effectue ce calcul en tenant compte de l’inflation, de la rémunération des éleveurs, mais aussi des besoins d’investissement dans les outils de production. En moyenne, le lait demi-écrémé est vendu en Frane à 1,09 €/litre. 55 % de ce prix correspond au coût de la matière première, 25 % à celui de l'emballage et 20 % aux frais d'exploitation.
« La filière va investir un milliard d’euros d’ici 2030 »
Emmanuel Vasseneix, Président de l’IPLC, détaille « Avec la crise Covid puis l’inflation, on a tiré sur les outils. Il devient urgent de pouvoir réinvestir. Nous consacrons chaque année 40 millions d’euros par an pour la maintenance. Mais pour les actualiser, les décarboner, la filière va investir un milliard d’euros d’ici 2030 ». Des investissements de décarbonation d’autant plus cruciaux que les opérateurs n’ont pas encore de visibilité sur les prix de l’énergie au 1er janvier prochain.
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