Volaille : ce qu’il faut retenir des évolutions du commerce mondial
Le commerce de la viande de volaille dans le monde connaît un grand boom depuis le début des années 2000 et sa croissance devrait se poursuivre, selon une étude de l’ingénieur de recherche en économie de l’INRAE Vincent Chatellier. Mais la France ne participe pas à la fête.
Le commerce de la viande de volaille dans le monde connaît un grand boom depuis le début des années 2000 et sa croissance devrait se poursuivre, selon une étude de l’ingénieur de recherche en économie de l’INRAE Vincent Chatellier. Mais la France ne participe pas à la fête.

Dans une longue étude publiée il y a quelques semaines dans la première livrée 2025 d’INRAE Productions animale, l’économiste Vincent Chatellier (INRAE) dresse un intéressant tableau de la viande de volaille dans le monde. Sa consommation a atteint 139 millions de tonnes en 2023 devant les viandes porcine (123 millions de t), bovine (74 millions de t), ovine et caprine (17 millions de t).
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Bientôt, plus de la moitié de la viande consommée dans le monde sera de la volaille
En une trentaine d’années, la viande de volaille est passée de 19 % (1990) à 40 % (2023) de la consommation carnée. Selon les prévisionnistes internationaux, la viande de volaille devrait encore gagner 20 millions de tonnes d’ici à 2033 et représenter 55 % de la consommation de viandes, toutes espèces confondues. Les facteurs du dynamisme de la viande de volaille sont bien connus, souligne l’économiste Chatellier. Elle ne souffre d’aucun interdit religieux, bénéficie d’une qualité nutritionnelle reconnue, peut être développée hors-sol près des grands bassins de consommation. Et surtout, elle est moins chère que les autres viandes.
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Le commerce mondial de la volaille derrière le bœuf et les produits laitiers
55 % de la production mondiale est concentrée en Chine (24,4 millions t), États-Unis (23,3 millions t), Brésil (15,2 millions t) et Union européenne (13,5 millions t) qui représentent 49 % de la consommation. Les échanges internationaux (hors négoce entre pays de l’UE) portaient en 2022 sur 22,3 millions t équivalent carcasse (tec) et 31,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Entre 2000 et 2022, « les échanges mondiaux de viande de volaille sont passés de 8,25 à 22,3 millions tec ».
Vincent Chatellier relève que les échanges mondiaux de viande de volaille sont inférieurs au commerce de produits laitiers (76 milliards d’euros) ou de viande bovine (58 milliards). Mais l’espèce a clairement le vent en poupe. Entre 2000 et 2022, « les échanges mondiaux de viande de volaille sont passés de 8,25 à 22,3 millions tec ».
3 pays comptent pour ¾ des exportations de volaille
Tous les pays ne participent pas au commerce mondial. Près des trois quarts des exportations mondiales sont réalisées par le Brésil (26,2 % de parts de marché en 2022), États-Unis (17,7 %), UE (15,5 %) et Thaïlande (11,9 %). La Chine produit beaucoup mais commerce peu (4,1 % du commerce mondial) et se situe derrière la Turquie (4,3 %) et l’Ukraine (2,5 %).
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En UE, le solde reste positif mais se détériore
Le commerce de viandes de volailles de l’Union européenne se caractérise par des exportations (4,24 milliards en 2023) plus importantes que les importations (1,94 milliard). Le solde commercial est positif, mais de façon nettement moins marquée que le secteur laitier (31, 4 milliards), note Vincent Chatellier.
« Le solde commercial s’est détérioré au cours de la période récente, passant de 1,81 à 1,15 million de tec entre 2019 et 2023 »
Si l’on analyse les échanges par les volumes, l’écart est moins favorable. « En effet, le solde commercial s’est détérioré au cours de la période récente, passant de 1,81 à 1,15 million de tec entre 2019 et 2023 ». Les 994 000 tec importées en 2023 dans l’UE provenaient à 32 % du Brésil, 22 % de l’Ukraine, 20 % de Thaïlande, 16 % du Royaume-Uni pour les plus importants. Il faut noter la montée en puissance de l’Ukraine dans l’approvisionnement européen, principalement au détriment du Brésil.
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Net décrochage en France
En France, la balance commerciale de la filière volaille s’est « fortement détériorée au cours des deux dernières décennies, tant en volume (de 715 600 à – 448 000 tec entre 2000 et 2023) qu’en valeur (de 1,15 à – 1,23 milliard d’euros) ». Ce net décrochage s’explique par le plus faible niveau de compétitivité de la filière français vis-à-vis des autres pays producteurs en Europe qui ont engagé dès les années 2000 un vaste mouvement de modernisation de leurs usines. Résultat en 2023, « les importations de viande de volailles couvraient 44 % de la consommation française contre moins de 15 % en 2000 ».
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