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Quelle industrie agroalimentaire la France veut-elle pour 2040, et comment y arriver ?

Alors que la compétitivité de l’agroalimentaire français recule, un rapport du CGAER tire la sonnette d’alarme, si aucune mesure politique n’est prise, les choses continueront de se dégrader et l’agriculture française en paiera les pots cassés. Vers quel paysage agroalimentaire la France veut-elle se diriger, quelles sont les mesures pour y parvenir ? 

dans la campagne, une usine agroalimentaire
L'agroalimentaire français est fragilisé, le CGAER insiste sur des mesures appropriées à mettre en place selon que la France adopte une stratégie offensive ou défensive
© Généré par l'IA

Les industries agroalimentaires françaises sont fragiles mais doivent être réactives face aux défis de la sécurisation de leur approvisionnement, de la concurrence internationale, de l’innovation, la décarbonation et l’accès à l’eau. Dans un rapport, le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAER) dessine quatre scenarios prospectifs sur l’évolution des IAA françaises d'ici 2040, et dresse un panorama de mesures à prendre.

Lire aussi : L'agroalimentaire français en infographie : emplois, chiffres d'affaires, région leader 

Des IAA sur la défense ou sur l’offensive ?

La fragilité économique des industries alimentaires, composées à 98% de PME, est structurelle et leur flux de trésorerie (cash-flow) est inférieur à la moyenne européenne. Depuis 10 ans, les marges des IAA baissent. Pour améliorer leur compétitivité, il leur faut investir, dans les outils industriels et dans l’innovation. 

Lire aussi : Est-ce possible de produire une alimentation à bas prix en France ?

Un scenario tendanciel plutôt pessimiste

En extrapolant les tendances de consommation et le contexte économique actuels, le CGAER dégage un scenario tendanciel assez alarmant pour 2040. Avec une question de pouvoir d’achat toujours aussi prégnante, les produits bio et sous Siqo n’ont jamais dépassé leurs plafonds atteints en 2023. Les entreprises agroalimentaires françaises souffrent, la balance commerciale française aussi, tout comme l’amont agricole. Pour éviter un tel avenir, le CGAER propose 3 autres scenarios.

Scenario défensif, qui tente de préserver les IAA française

Dans un contexte économique assez similaire à celui évoqué pour le scenario précédent, les petites entreprises agroalimentaires françaises n’ont pas résisté en 2040. Elles n’ont pas pu réaliser les investissements nécessaires à leur survie, et ont disparu ou se sont regroupées ce qui a favorisé l’émergence de nouveaux leaders. Elles s’approvisionnent dans l’Union européenne, qui comprend l’Ukraine depuis 2035. Les Français, toujours en recherchent de prix bas, privilégient les MDD. Pour les exploitations agricoles françaises, la conséquence est nette, il faut choisir entre une production de niche haut de gamme et à forte valeur environnementale, notamment dans des exploitations plus grandes au nord de Loire ou une reconversion vers la production d’énergie renouvelables. 

Voir aussi : Agroalimentaire : la balance commerciale française se dégrade, le point en infographie 

Un scenario de redressement, le pouvoir d’achat alimentaire au cœur de la stratégie

Si la volonté politique permet aux ménages de retrouver un une marge de manœuvre dans leurs budgets alimentaires, ils mettront mieux en adéquation leurs achats et leurs préoccupations sociétales. Dans ce scenario, la grande distribution résiste mais local et circuits-courts se développent. Deux tendances, le développement des alternatives végétales et les produits « ultra-pratiques », que ce soit pour les ménages ou la restauration collective. L’approvisionnement d’origine France reste concentré sur le haut de gamme avec toutefois un élargissement de l’offre d’origine française. Les entreprises, mieux soutenues par les pouvoirs publics, ont en effet pu innover notamment dans le végétal. L’exportation reprend. 

Lire aussi : « Un export puissant permet de pérenniser le modèle alimentaire français » 

Un scenario « disruptif », fractures et inégalité

Le CGAER présente un dernier scenario qu’il qualifie « de rupture ». Pour les ménages aisés, le budget alimentaire permet de s’offrir du haut de gamme. Pour les autres, y compris les usagers des hôpitaux, Ehpad, Crous mais aussi restaurants scolaires de collectivités défavorisées, le menu est différent, basé sur des « novel food ». Ces nouveaux produits, économiques et d’un intérêt nutritionnel calibré, sont basés sur des approvisionnements de l’UE élargie ou de grandes fermes françaises. Les exploitations agricoles intermédiaires se spécialisent sur les produits haut-de-gamme.

Quelles mesures pour quel agroalimentaire ?

Cette approche permet de clarifier certains choix et d’éviter peut-être des incohérences logiques ou opérationnelles dans les politiques à mettre en œuvre en faveur des IAA, explique le CGAER.

Des mesures à prendre dans tous les cas

Le CGAER distingue les mesures « sans regret », à prendre dans tous les cas pour consolider l’agroalimentaire français. Par exemple, aider les entreprises aux économies d’eau et d’énergie et anticiper l’aggravation des problèmes de main-d’œuvre ou encore prendre en compte la sécurisation de l’approvisionnement des IAA dans les accords commerciaux internationaux. Au total, une douzaine de mesures sont « nécessaires pour éviter un déclin très rapide des IAA françaises ».

des mesures sont « nécessaires pour éviter un déclin très rapide des IAA françaises ».

Le CGAER évoque aussi l’intérêt d’inciter les synergies entre entreprises au niveau local ou régional mais aussi aux regroupements opérationnels voir capitalistiques. 

Lire aussi : Quels risques menacent les entreprises agroalimentaires en 2025

Les PME et ETI fondamentales pour l’agroalimentaire français

Il n’a pas réellement de politique en faveur des PMI et ETI de l’agro-alimentaire en France et, de fait, il reste beaucoup à faire de ce point de vue tant au niveau national qu’au sein des régions, précisent les auteurs, au moment de dérouler des mesures qui permettent la réalisation du scenario choisi. Parmi les mesures les plus significatives préconisées pour accompagner les scenarios de redressement et de disruption, la mission tient à souligner « l’importance de la mesure d’adaptation des financements des PMI et ETI, en particulier par la mise en place de prêts bonifiés aux investissements (prêts à taux 0) pendant une période de 5 ans, ou d’autres mécanismes de soutien à l’investissement productif et à la trésorerie, compte tenu de la faiblesse des capacités  d’autofinancement de ces entreprises ». 

Préserver l’amont agricole pour préserver l’aval agroalimentaire

La mission recommande par ailleurs de porter une attention soutenue à la modernisation du secteur agricole, ce qui peut permettre d’améliorer la compétitivité des IAA françaises. Elle appuie sur l’importance de suivre les plan de filière mais aussi d’ « envisager d’autres plans de souveraineté dans des domaines moins « visibles » (ingrédients, produits de la pisciculture, etc.) ».

Lire le rapport complet

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