Viande ovine : à quoi ressemble le marché mondial en 2025 ?
Alors que la Chine reste le débouché majeur de la production de viande ovine en Océanie, ses achats tendent à reculer. Du côté des grands producteurs européens, on note le tassement des exportations de l’Irlande et du Royaume-Uni mais la résilience espagnole.
Alors que la Chine reste le débouché majeur de la production de viande ovine en Océanie, ses achats tendent à reculer. Du côté des grands producteurs européens, on note le tassement des exportations de l’Irlande et du Royaume-Uni mais la résilience espagnole.

« La Chine est le premier producteur mondial de viande ovine, mais en est aussi le premier importateur », explique Cassandre Matras, chargée d’études économique à l’Institut de l’élevage, lors de la quatorzième édition de la conférence sur les marchés mondiaux organisée par l’Idele. C’est dire le poids de ce géant sur le marché mondial, qui a absorbé 181 000 tonnes équivalent carcasse (téc) en provenance de Nouvelle-Zélande et 208 000 téc en provenance d’Australie l’an dernier, des flux en baisse.
Lire aussi : L’aïd el-Kébir n’a pas tendu les prix des agneaux
Des achats chinois dépendants du disponible en Océanie
Les achats de viande ovine de la Chine viennent quasiment exclusivement d’Océanie. « Mais la production ovine en Australie est très dépendante des aléas climatiques », décrit Cassandre Matras.
En Australie, une production ovine dynamique
Après des années serrées en 2020 et 2021, les abattages y ont de nouveau progressé, reflet de la recapitalisation du cheptel. « L’Australie reste très compétitive, avec des économies d’échelle en amont, mais aussi en aval, les abattoirs étant très robotisés » explique l’experte, qui avertit néanmoins, « avec les inondations et un cyclone début 2025, puis des inquiétudes sur la sécheresse on risque un nouveau cycle de décapitalisation : beaucoup de viande cette année, mais un potentiel de production amputé pour les années à venir ».
« L’Australie reste très compétitive, avec des économies d’échelle en amont, mais aussi en aval, les abattoirs étant très robotisés »
L’Australie reste dépendante de la Chine, son premier débouché de la viande ovine, mais a travaillé ces dernières années à diversifier ses clients, sur fond de tensions géopolitiques entre les deux pays. Les échanges avec les États-Unis, son deuxième partenaire commercial, inquiètent. « 40 % des Américains ne consomment pas d’agneau, c’est vraiment un produit premium, dont ils peuvent se passer. Si les taxes Trump renchérissent les prix, la demande va baisser » prévient Cassandre Matras. D’où le regain d’intérêt de l’Australie pour l’accord de libre-échange avec l’UE dont les discussions avait achoppé en 2023.
En Nouvelle-Zélande, la filière ovine résiste
L’élevage ovin a reculé en Nouvelle-Zélande depuis 40 ans au profit de l’élevage laitier dans un premier temps puis, dorénavant, de la sylviculture. « Mais si le cheptel reproducteur baisse, le pays réussit à rester bien présent à l’export » note Cassandre Matras. Près de la moitié des exportations néo-zélandaise de viande ovine sont destinées à la Chine, les autres principaux débouchés étant, dans l’ordre, l’UE à 27, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada.
« Mais si le cheptel reproducteur baisse, le pays réussit à rester bien présent à l’export »
L’Irlande et le Royaume-Uni calent, l’Espagne résiliente
Le cheptel ovin était au plus bas au Royaume-Uni en 2024, « effet de la météo mais aussi de la situation sanitaire », précise la chargée de mission de l’Idele. Les exportations y sont en baisse sur le long terme. Même tendance en Irlande, où l’export recule aussi après une décennie de forte progression. La France demeure le premier acheteur de viande ovine irlandaise.
Lire aussi : Agneau : la dépendance de la France aux importations s’accroît
Enfin, la dynamique est toute autre en Espagne. Sur les 99 000 téc de viande ovine qu’a produit le pays en 2024, 43 000 ont été exportées, dont près de la moitié vers la France. « L’Espagne est très résiliente, avec une filière ovine bien positionnée qui peut s’orienter sur le vif ou la viande », explique Cassandre Matras. En 2024, ses exportations d’ovins vifs ont atteint 1,6 millions de têtes. Cette double capacité permet à l’Espagne d’absorber les chocs conjoncturels. Ainsi cette année, le roi du Maroc a appelé à ne pas sacrifier d’ovins pour l’Aïd, réduisant les envois de vifs vers le pays. Mais l’Algérie a développé ses achats de viande depuis l’an dernier, ce qui a permis au marché espagnol de résister.
Des contingents avec l’UE encore peu utilisés
« Même si la multiplication des accords de libre-échange peut faire peur, il faut rappeler que les pays utilisent peu leur contingent », temporise Cassandre Matras. En 2024, la Nouvelle-Zélande a utilisé 53 % des 134 000 téc disponibles, l’Argentine 8 % des 19 000 téc disponibles et l’Australie 82 % de ses 8 900 téc. « Mais le problème viendra si la Chine ferme ses portes à l’Océanie et que, par vases communicants, les volumes arrivent vers l’UE », nuance-t-elle.