Aller au contenu principal

Viande Mag'
Vers une origine plus précise sur l’étiquette

Intermarché et E.Leclerc lancent en ce début d’année leur système d’information sur l’origine des ingrédients, quand les signataires du manifeste initié par Olivier Dauvers s’apprêtent à plancher sur la symétrie de l’étiquetage. Objectif : mieux informer le consommateur.

La pression sociétale sur la transparence de l’origine des aliments est forte. Plusieurs initiatives poussent en faveur d’un renforcement de l’étiquetage. Et la viande ne devrait pas y échapper. Dans ce contexte, initiée en janvier 2017, l’expérimentation française de l’étiquetage obligatoire de l’origine du lait et des viandes utilisés en tant qu’ingrédients, une première fois prolongée jusqu’au 31 mars 2020, devrait sans surprise perdurer au-delà. « Le ministre va demander le renouvellement à Bruxelles, dans le cadre du Farm to Fork (stratégie intégrée dans le Green Deal de la nouvelle Commission européenne, ndlr), au 1er avril », nous confiait en février le député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau. Et d’assurer que le vent soufflait dans ce sens en Europe. « La France a été à l’origine de l’étiquetage des viandes. Depuis, huit ou neuf pays ont également demandé l’étiquetage de l’origine », avance-t-il.

On ne peut être qu’en faveur de la demande du consommateur

La grande distribution se dit plutôt favorable à la prolongation de l’expérimentation, même si elle n’a pas changé les comportements. « L’indication de l’origine répond à une demande réelle des consommateurs, même si cette demande ne se traduit pas en termes de critère d’achat prioritaire » : telle était la conclusion du rapport d’évaluation réalisé par ADE-Protéis et publié mi-octobre par le ministère de l’agriculture. « Le prix reste le critère prioritaire, mais on ne peut être qu’en faveur de la demande du consommateur de plus de transparence », commente Emilie Tafournel, directrice qualité de la Fédération des entreprises et du commerce de France (FCD). Bien que ne sachant pas formellement si l’expérimentation serait prolongée en avril, « les distributeurs maintiennent l’étiquetage », avance Emilie Tafournel précisant que changer tous les packagings nécessite 3 à 6 mois.

Intermarché affiche son label Franco-Score sur le jambon

Changer les emballages c’est bien ce que deux distributeurs ont déjà prévu de faire. En ce mois de mars, Intermarché va lancer son label Franco-Score, un étiquetage sous forme de jauge inspiré du système australien Cool. Le Franco-Score va apparaître dès courant mars sur le drive, puis au 2nd semestre sur les emballages. Intermarché a dans un premier temps ciblé ses deux marques Monique Ranou et Pâturage : « d’abord le jambon et le yaourt, l’objectif étant à terme de décliner toutes les gammes sous ces MDD », confie Baptiste Carpentier, responsable RSE d’ITM alimentaire international.

Leclerc supprime les appellations fourre-tout

De son côté E. Leclerc a annoncé fin novembre, que dès janvier 2020, ses marques propres Marque Repère, Nos Régions ont du talent, L’Origine du goût et Tradizioni d’Italia feraient mention de l’origine géographique précise des principaux ingrédients entrant dans la composition des produits. « Progressivement tous les packagings de près de 8000 références seront modifiés : les mentions « viande française », « tomate d’Italie », « noisette de Turquie », « blé de France » ou « blé d’Allemagne » remplaceront les appellations jugées trop fourre-tout telles que « origine UE » ou « origine des divers pays de l’UE » », a promis Michel-Edouard Leclerc. « Non seulement ces initiatives bouleversent les codes marketings usuels, mais elles vont constituer un formidable booster pour améliorer les cahiers des charges », estime-t-il. Une opinion partagée par Intermarché. « Le Franco-Score est aussi un outil de progrès interne, même si 88% de nos MDD sont aujourd’hui fabriquées en France », déclare Baptiste Carpentier, responsable RSE d’ITM alimentaire international.

L’idée du manifeste c’est de faire bouger les lignes : imposer la symétrie de l’étiquetage

Et Intermarché de proposer de rendre ce label accessible à tous les industriels. L’enseigne compte d’ailleurs le promouvoir dans les différents groupes de travail sur le sujet de l’étiquetage de l’origine. Avec E.Leclerc et une soixantaines d’autres acteurs (dont LDC, Hénaff, Loeul et Piriot, Altitude ou encore Cooperl), Intermarché a signé le manifeste « aider les consommateurs à aider les agriculteurs », lancé par Olivier Dauvers, directeur du Think Tank Agro Les Echos, et présenté le 11 décembre dernier à l’Assemblée nationale, avec le député Jean-Baptiste Moreau. « L’idée du manifeste c’est de faire bouger les lignes : imposer la symétrie de l’étiquetage. Arrêter de tromper le consommateur en écrivant l’origine en gros quand ça vient de France et en petit quand ça vient d’ailleurs », commente ce dernier. Olivier Dauvers a passé la main au consultant Philippe Goetzmann pour qu’il fédère les signataires du manifeste dans une association avec la mission d’écrire une plateforme de bonnes pratiques « basée sur l’idée de symétrie des informations d’étiquetage », confie-t-il.

Un règlement européen en application dès le 1er avril

La ministre Agnès Pannier-Runacher a, de son côté, annoncé qu’elle allait créer un groupe de travail sur le sujet. « Il doit aboutir à une proposition de cadre de l’étiquetage de l’origine faisant consensus (à l’instar de la démarche ayant abouti au Nutri-Score, ndlr) mais il faudrait que ça aille vite », commente Jean-Baptiste Moreau. La FCD a signé le manifeste et se dit prête à participer au groupe de travail organisé par le gouvernement. « Il faudra l’adhésion de l’industrie et sa capacité à gérer l’étiquetage qui peut être compliqué, par exemple dans la filière porcine, du fait de la diversité géographique des approvisionnements », commente Emilie Tafournel, directrice qualité de la FCD. « Les enseignes sont plutôt dynamiques sur le sujet, même s'il faut prendre le temps nécessaire pour arriver à un consensus ». Elle ajoute que le règlement européen sur l’étiquetage de l’ingrédient primaire qui doit entrer en application au 1er avril prochain va déjà lever quelques freins (1). « Il impose aux opérateurs qui étiquettent l’origine du produit fini d’indiquer entre parenthèse l’origine de l’ingrédient principal si ce n’est pas la même que le plat transformé. Cela va répondre à une partie des attentes du manifeste », assure-t-elle.

(1) Voir la communication publiée au JOUE le 30 janvier dernier (2020/C32/01)

Et le bien-être animal ?

Fin janvier, les ministres de l’Agriculture de l’UE ont soutenu dans leur grande majorité l’initiative allemande de proposer un système européen d’étiquetage en matière de bien-être animal « harmonisé et transparent ». Un dossier qui devrait avancer au second semestre 2020 quand l’Allemagne sera à la présidence de l’UE. En France, Carrefour, Galliance et les magasins U ont rejoint l’association Etiquette bien-être animal (AEBEA), créée en 2018 par trois ONG (la LFDA, CIWF, l’OABA) et le groupe Casino pour proposer un référentiel et un étiquetage unique sur le bien-être animal. L’AEBEA qui compte aussi Welfarm, Les Fermiers de Loué et Les Fermiers du Sud-Ouest a fait évolué son référentiel notamment pour faire apparaître le mode d’élevage sur l’étiquette sous forme d’un pictogramme. L’AEBEA planche aussi sur un référentiel de même nature pour le porc.

Les plus lus

Camion de la Cooperl
La Cooperl donne un coup au financement du Marché du Porc Breton

La FRSEA Bretagne et la FRSEA Pays de la Loire accusent la Cooperl de mettre à mal l’ensemble des outils collectifs utilisés…

Vaches dans la prairie
Comment vont évoluer les coûts de production de la viande bovine en 2024 ?

Si les prix des gros bovins restent élevés, ils ne sont pourtant toujours pas rémunérateurs pour les éleveurs. Les coûts de…

Cotation du porc en  Allemagne, Production, classe E en €/kg
Porc : un marché en manque d’impulsion à la veille de Pâques 

Le marché du porc européen manque de tonicité à l’approche de Pâques.  

en arrière plan, une étable avec des vaches noir et blanche. Au premier plan, un chercheur en combinaison intégrale avec un masque de protection.
Grippe aviaire : ce qu’il faut savoir de la contamination humaine par des vaches

La situation sanitaire autour de la grippe aviaire inquiète aux États-Unis. Des vaches malades ont à leur tour contaminé un…

infographie objectifs de la loi Egalim
Que mangent les enfants à la cantine, et qu’en pensent-ils ?

Les menus servis dans les cantines scolaires ne sont pas, en moyenne, conformes aux objectifs de la loi Egalim selon un…

vue de haut, une carte de France dessinée avec du blé, du beurre, des oeufs, de la viande, du fromage, des pommes, des tomates, du soja, du saumon
Souveraineté alimentaire : quelles sont les fragilités françaises ?

Un rapport du gouvernement évalue la souveraineté alimentaire de la France et dévoile des zones de fragilité préoccupantes.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 704€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio