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Un marché en déséquilibre constant

Après s’être battus, fin 2007 et début 2008, pour obtenir une compensation au prix exorbitant de l’énergie, les pêcheurs pestent aujourd’hui contre la chute des prix sous criée.

Distributeurs et poissonniers détaillants multiplient depuis quelques semaines les opérations de promotion pour valoriser le poisson français. Car le marché des produits de la mer souffre et, sur les quais, les marins râlent de voir des prix de vente aussi bas. Sur les façades maritimes françaises, les prix négociés sous les quarante-deux halles à marée dégringolent. Dans les sept ports de Cornouaille (Sud-Finistère) qui pèsent le quart de la pêche fraîche française, le cours moyen a abandonné 7,84 % en 2008, puis encore 21,49 % en janvier 2009 par rapport à janvier 2008, puis 18,97 % en février.

Quand le pétrole frôlait les 150 dollars le baril en 2008, le carburant représentait jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires des bateaux de pêche. En quelques mois, la crise économique mondiale a fait refluer son prix. Mais elle a aussi modifié les comportements d’achat des consommateurs, y compris alimentaires.

La production française en poissons s’établit autour de 550 000 tonnes -337 000 tonnes pour le frais et 213 000 tonnes en surgelé Source : Odyssée développement.. Sous les criées françaises se négocient environ 230 000 tonnes de produits dans un florilège d’espèces : il n’en faut pas moins de seize pour réaliser les trois quarts du volume débarqué.

Mais il en faut bien plus pour satisfaire l’appétit des Français en produits de la mer. Ils en consomment 33,9 kilos par an et par habitant (chiffre de 2007) contre 27,3 kilos en 1990. La France importe 80 % de ses besoins. En grande distribution (64 % du poisson frais vendu en France), les produits leaders sont le saumon (importé), le cabillaud, la perche du Nil (importée), le lieu noir et le merlan.

La forte baisse du prix négocié sous les criées au début 2009 relève d’autres raisons. Les observateurs pointent du doigt la dévaluation des monnaies anglaises, danoises et norvégiennes qui rend leurs produits très compétitifs, et la chute des importations espagnoles, premier pays consommateur de poissons d’Europe.

La très vive concurrence de l’import

« Actuellement, nous avons des offres de langoustines écossaises surgelées rendues en France proposées à un prix inférieur à mon prix de revient sortie usine », explique David Charbonnier, directeur de Halios, importante société de mareyage qui travaille à partir de Saint-Guénolé (Finistère) en frais et en surgelé, sur l’ensemble du marché français et à l’exportation.

Le directeur du bureau d’achats en poissons et crevettes pour Intermarché, Jérôme Nicol, évoque des merlus proposés emballés et livrés à 1,50 euro du kilo alors que le prix de retrait en France se situe à 2 euros. Les producteurs trinquent et les distributeurs râlent. Ils ont perdu des clients en ne répercutant pas tout de suite au détail les baisses de prix à l’achat, selon Jérôme Nicol.

Ils se sont rattrapés depuis. En février, des baisses importantes ont été constatées au détail (GMS) par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche : - 16 % sur le cabillaud en filet, - 15 % sur le merlan en filet, -12 % sur la queue de lotte, etc. Ce mouvement baissier s’est amplifié sur la seconde semaine de mars, à la suite des opérations de promotion du poisson français organisées par les enseignes de la GMS. La FCD parle d’un bilan « très satisfaisant, avec des prix en baisse et une consommation en hausse de 5 à 10 % ».

Même satisfecit au bureau d’achats Capitaine Houat (Intermarché) où des volumes très importants ont été écoulés en promotion, les vendredi 13 et samedi 14 mars. « De l’ordre de 200 tonnes en deux jours », précise Jérôme Nicol, qui ajoute que d’autres opérations du même type auront lieu tout au long de l’année 2009.

Il n’est pas sûr, cependant, que ces efforts permettront de soutenir le prix payé aux producteurs. Face à une offre abondante en produits d’importation, les opérateurs français veulent distinguer leur offre de l’appellation réglementaire « Atlantique du Nord-Est » qui n’évoque pas grand chose aux consommateurs.

Dans le Finistère, Halios met systématiquement en avant des marchandises issues de la pêche artisanale bretonne sauvage. « Nous privilégions la qualité et quand nous le pouvons, nous segmentons notre offre, par exemple en proposant des sardines et des filets de sardines Label Rouge. Nous avons aussi poussé à la mise en place d’un label« pêche durable » au sein de la flotille sardinière », explique son directeur, David Charbonnier.

Une charte pour le poisson breton

La toute jeune Fédération des poissonniers de Bretagne a lancé en 2008 une charte qui oblige ses adhérents à proposer dans leur assortiment 80 % de poissons débarqués sous les criées bretonnes. « Lorsqu’il y a aura de la surproduction en langoustines, nous serons capables d’en écouler rapidement une partie en communiquant dans la presse locale », explique son président Pierre Labbé, qui rêve d’organiser des opérations similaires dans l’Union des poissonniers de France, qui a déposé ses statuts à l’automne.

Même en grande distribution, « les consommateurs sont attachés à la localisation du produit », confirme Jérôme Nicol (bureau d’achats en poissons et crevettes d’Intermarché). Pour sa part, il souhaiterait une plus grande régularité des apports par la sélectivité, au lieu de voir la pénurie succéder à une période de surproduction.

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