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Stratégie
Transmettre son entreprise : une question de relations

Transmission familiale ou cession à titre onéreux : dans les deux cas, le cédant se doit de trouver une solution d’avenir dans une période de mutations technologique et commerciale. S’entourer d’experts se révèle nécessaire pour établir le meilleur plan de transmission possible.

© Andrey Popov - stock.adobe.com

La voie rêvée de nombreux patrons d’entreprises familiales est la transmission dans le cadre familial. Selon l’enquête Global Family Business réalisée en 2016 par PwC (Pricewaterhouse Coopers) à travers le monde, les dirigeants familiaux sont portés vers l’innovation. Ils sont plus soucieux qu’avant de projeter leur entreprise dans le futur. D’autres observateurs de la vie des entreprises jugent indispensable de s’interroger sur les mutations technologique et commerciale. Les réseaux qui se constituent autour des pôles de compétitivité ou dans les Associations régionales des industries alimentaires (Aria) ou encore de distributeurs, constituent à ces égards des environnements propices à une bonne stratégie de transmission ou de cession.

Cette vision d’avenir est le préalable au plan de transmission. Elle doit être partagée concrètement avec les repreneurs déclarés dans le cadre de procédures de consultation. Selon PwC, la transmission dans le cadre familial demande un investissement intellectuel des dirigeants et actionnaires de la nouvelle génération comme de la génération sortante. Du côté opérationnel, c’est l’acquisition d’expérience du dirigeant repreneur en dehors de l’entreprise et des compétences nécessaires des membres du conseil d’administration, dont le rôle doit être renforcé. Du côté des actionnaires, c’est l’aptitude à comprendre les enjeux de toutes les parties prenantes.

Les expertises ont toute leur place dans le processus : expertises de la performance, du management, de l’environnement industriel et commercial, etc. La valeur de l’entreprise, qu’elle soit destinée à rester dans la famille ou à être cédée, est à la fois économique et financière. C’est pourquoi l’avis d’avocats d’affaires ou de banques d’affaires, peut l’emporter sur celui de l’expert-comptable. Enfin, le plan de transmission ne sera valable qu’une fois ses implications économiques et fiscales mesurées pour chacun. Tout cela peut prendre plusieurs années.

Donner de la perspective à l’entreprise

Selon PwC France, « il est toujours préférable de transférer le capital de l’entreprise pendant que la génération actuelle est aux commandes ». Pour autant, les repreneurs devront en parallèle se constituer un patrimoine en dehors de l’entreprise, afin de ne pas trop dépendre d’elle à l’avenir. Selon le directeur d’Agro-Sphères (association des entreprises agroalimentaire et de l’organisation de promotion du territoire des Hauts-de-France), Philippe Ancelin, il importe de « donner de la perspective à l’entreprise ». « Il faut continuer d’investir pour ne pas finir en roue libre », prévient-il. Lui a constaté que l’ouverture précoce du capital à des investisseurs impliqués pouvait se révéler plus salutaire qu’un recours à des sociétés de capital-risque au moment de la reprise.

Accompagnateurs et intermédiateurs

Si la cession à des tiers est la voie choisie, les réseaux sont tout autant utiles. Les entreprises aux alentours de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires ont tout intérêt à se rapprocher de leur antenne locale du réseau Cédants et repreneurs d’affaires (CRA). Les délégués sont d’anciens entrepreneurs faisant profiter bénévolement à d’autres de leurs compétences en management et de leur bonne connaissance des acteurs locaux. Ils mettent en relation, en toute discrétion, les cédants avec des experts qui ont fait leurs preuves.

On cède un peu de soi-même avec son entreprise

« Ils accompagnent les cédants dans leur préparation de la cession et dans la cession elle-même. Ils les accompagnent aussi dans la préparation de l’après, c’est-à-dire de la vie après la cession, parce qu’on cède un peu de soi-même avec son entreprise », expose la responsable de la communication de CRA France, Patricia Josselin. Mais quel que soit l’état psychologique du cédant, « le délégué CRA fait gagner beaucoup de temps au cédant », affirme-t-elle.

Sentir le climat social de l’entreprise

La famille qui cède son entreprise peut aussi donner un mandat à un intermédiateur professionnel, exerçant dans un cabinet indépendant ou une banque. Avant de se retirer du métier, Francis Larvor a longtemps exercé en Bretagne, porté par le bouche-à-oreille, au sein du cabinet BCE Associés (l’ironie est qu’il dissout celui-ci faute d’avoir trouvé un successeur répondant à ses exigences). Il recommande aux cédants des professionnels ayant des expériences de terrain, sachant sentir le climat social de l’entreprise, repérer un éventuel dysfonctionnement ou une fragilité. L’aspect humain est fondamental. « J’aime comprendre les motivations de mes clients et donner du sens à mes dossiers, et faire passer le relais dans les meilleures conditions », confit-il.

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