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Transhumància, la nouvelle signature des éleveurs des Pyrénées-Orientales

Concentrée sur son marché de proximité pour capter plus de valeur ajoutée, la filière élevage des Pyrénées-Orientales vient de se doter d’une marque pour chapeauter toutes ses productions. Et faire reconnaître ses spécificités.

Avoir une marque forte c’est bien. Les éleveurs des Pyrénées-Orientales, rassemblés au sein de la Coopérative catalane des éleveurs, en exploitaient plusieurs, de Tirabuixó pour le cochon à Rosée des Pyrénées pour les veaux, Xaï pour l’agneau, entre autres… Marques qui avaient acquis au fil des ans une notoriété certaine dans le département.

Pour autant, un audit réalisé dans le cadre du plan viande départemental a vite permis de mettre le doigt sur la faiblesse principale des démarches : si les marques étaient connues, elles ne disaient rien des spécificités de l’élevage des Pyrénées-Orientales. « Les consommateurs locaux, à Perpignan, ne faisaient pas le lien entre ces marques et nos animaux, nos conditions d’élevage, le plein air, les estives ni nos valeurs », détaille Stéphane Guasch, directeur de la Coopérative catalane des éleveurs.

Un comble quand on sait que la politique de l’élevage du secteur est tournée depuis une dizaine d’années vers la consommation locale. « C’est une démarche que nous avons engagée voici une trentaine d’années, au moment où la coopérative a décidé de miser sur le local et le circuit court pour s’extraire des fluctuations du marché des bovins maigres. L’exportation absorbait alors 100 % de notre production », rappelle Tony Baurès, président de la coopérative. Les gains se faisaient au fil des bonnes années et les pertes s’accumulaient avec les mauvaises. Depuis, cette démarche de recentrage sur le marché local a été étendue à toutes les espèces.

20 millions d’euros d’investissement

Pour fédérer l’ensemble des produits sous une même bannière, la coopérative a opté pour la création d’une « marque mère », avec un nom sans équivoque, Transhumància, et un slogan, « éleveurs de goût », déclinée en conventionnel et en bio. Dotée des appareillages sociaux modernes, la marque est aujourd’hui diffusée chez les clients de la coopérative, les bouchers et charcutiers traditionnels, certains rayons boucherie traditionnelle en grandes surfaces, dans la restauration collective ou commerciale.

La création de cette marque englobante vient, comme un point d’orgue, du travail mené depuis dix ans dans le département pour consolider la filière élevage avec le plan viande, appuyé par les collectivités locales. Au total, ce sont près de 20 millions d’euros qui ont été investis par la Coopérative des éleveurs et les établissements Guasch, principal chevillard et transformateur de la place. Une somme qui aura servi à construire le nouvel abattoir de Perpignan (en 2015), une usine de transformation et son agrandissement (charcuterie) et jusqu’à l’extension (agrandissement bouverie et création d’une ligne spécifique pour les porcs) en cours de l’abattoir.

Prévu pour 4 500 tonnes annuelles, ce dernier a dépassé les 5 000 tonnes et les prévisions font état, à terme, d’un flux de 7 000 tonnes annuelles qui nécessitaient une urgente mise aux normes appuyée par le plan de relance de l’État.

Trente ans de Rosée

Parmi les deux démarches phares de la coopérative catalane des éleveurs, la rosée des Pyrénées, IGP transfrontalière, vient de fêter avec faste ses trente ans. Pour l’occasion, la coopérative avait convié quelques restaurateurs de renom, de Pierre Gagnaire à Gilles Goujon en passant par les frères Pourcel, ainsi que près de 300 bouchers et restaurateurs à participer aux agapes organisées en Capcir.

Conçue pour valoriser les veaux sur place plutôt que de les exporter en broutards, l’IGP connaît un renouveau sensible depuis trois ans et la redynamisation engagée. « Les femelles sont toujours moins bien valorisées en broutard, alors en soignant un peu les mères, en étant attentifs, on arrive à mieux vendre ces animaux en Rosée », explique Galdric Sola, jeune éleveur de Prades, qui préside aujourd’hui l’IGP.

La coopérative a mené un gros travail technique avec les éleveurs pour faire monter les animaux en gamme, avec succès. De 87 veaux commercialisés sous IGP en 2022, le total a été porté à 193 animaux en 2021 et 280 sont envisagés pour cette année alors que la commercialisation vient de débuter. Après la Rosée, des veaux de moins de huit mois à 140 kg de carcasse, la coopérative va maintenant relancer le Vedell, pour les veaux de 8 à 12 mois, qui bénéficie, au contraire de la Rosée, d’un aliment complet pour l’engraissement.

Objectif : 500 jeunes bovins

De 30 animaux actuellement commercialisés sous cette marque, Stéphane Guasch espère arriver rapidement à plus de 200 carcasses « pour que les deux démarches représentent 500 animaux ». La demande est aussi forte du côté des porcs, il s’en abat 20 000 à Perpignan chaque année, mais moins de 3 000 sont produits dans le département, donc susceptibles de rentrer dans le cadre de la marque Tirabuixó, basée sur des porcs lourds de 120 à 130 kg de carcasse.

La coopérative a travaillé à développer des ateliers porcs complémentaires, de petite taille, pour intéresser en particulier les éleveurs de bovins en quête de diversification. En parallèle, elle recrute également des éleveurs souhaitant se lancer dans l’élevage en plein air. Pour arriver, dans les deux ou trois ans qui viennent, à disposer de 4 500 ou 5 000 porcs produits dans les Pyrénées-Orientales.

10 ans d’investissement pour la filière viande

2015 : nouvel abattoir, 7 M€, nouveaux établissements Guasch, 8 M€.

2017 : plan viande, 250 000 euros.

2022 : nouvelle usine de transformation, rassemblement d’ateliers de charcuterie, Guasch, 9 M€ ; extension abattoir, 3,63 M€. Le plan de relance a accordé 1,44 M€ pour l’extension de l’abattoir et 2,2 M€ pour le nouvel atelier Guasch.

Rédaction Réussir

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