Taxer ou ne pas taxer
L'été sera chaud sur le front nutritionnel, annoncions-nous le 1er juillet dernier dans nos colonnes. Il l'a été effectivement avec la démission du PDG de l'Inserm du comité de pilotage de l'étude sur l'étiquetage nutritionnel des produits et la polémique qui s'en est suivie entre le journal Le Monde et l'Ania. La rentrée ne s'annonce pas plus reposante pour le lobby agroalimentaire avec la proposition de la direction générale du Trésor de remplacer les différentes taxes sur les sodas, les farines, les huiles ou les produits de la mer par une taxe sur les produits « responsables » de l'obésité en visant les calories. Une taxe obésité qui s'inspirerait de ce que le Mexique a mis en place dès 2014. Une proposition immédiatement saluée par le Pr Serge Hercberg, qui s'oppose depuis plusieurs mois aux fédérations d'industries alimentaires sur l'étiquetage nutritionnel. Le professeur de nutrition à l'université Paris XIII rappelle dans une chronique publiée par La Croix que cette taxe figurait dans son rapport remis en 2014 au ministère de la Santé. Se doutant bien qu'elle risque de ne pas être populaire, il propose de l'accompagner d'une baisse de la TVA pour « les produits favorables sur le plan nutritionnel » et de financer des bons d'achat pour des fruits et légumes en faveur des populations à bas revenus. Pas sûr que le gouvernement ose toutefois s'aventurer sur cette voie, à quelques mois des Présidentielles. Le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, a d'ailleurs aussitôt écarté l'idée de la taxe obésité et de toute augmentation du produit fiscal lié à la « malbouffe ». Michel Sapin a aussi précisé que la tendance était plutôt à la baisse des impôts et à la suppression de taxes. Reste à savoir quelle sera la position des députés... Le sujet alimentaire parle aux citoyens. Certains auront à cœur de s'y démarquer. N'a-t-on pas vu récemment le candidat Jean-Luc Mélenchon se montrer en adepte du quinoa dans une vidéo diffusée sur gala.fr pour séduire un certain type d'électorat ? La taxe nutritionnelle ne plaira sûrement pas aux plus défavorisés, mais peut-être à certaines classes de la population...