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3 questions à
Stéphane Gourguechon, Cocorette : « nous incitons les éleveurs à se désengager de la production bio »

Stéphane Gourguechon, directeur opérationnel de Cocorette
Stéphane Gourguechon, directeur opérationnel de Cocorette
© Cocorette

Que va apporter la restructuration en cours à Cocorette ?

Stéphane Gourguechon – Le groupe Cocorette s’est construit par rachats successifs, avec quasiment un contrat par éleveur. Cette refonte des contrats nous permet de nous structurer avec des règles homogènes pour l’ensemble des éleveurs. Cette direction correspond d’autant plus à l’ADN coopératif de Noriap, notre actionnaire majoritaire, qui veut jouer la carte de la transparence. La structuration facilitera par ailleurs nos démarches internes avec une harmonisation des contrats selon les modes de production. Ceux-ci seront dorénavant indexés directement au tarif des aliments.
L’ensemble du groupe sera ainsi consolidé, avec une optimisation des flux logistiques et des outils de conditionnement, soit situés au plus proche de l’éleveur ou bien du client final. Ce nouveau mode de fonctionnement nous permettra de mieux réajuster notre production en fonction de la demande des consommateurs. Celle-ci évolue et nous nous devons de la suivre.

Comment Cocorette gère la chute de la demande pour les œufs bio ?

S. G.  – Nous incitons les éleveurs à se désengager de la production bio. La crise sanitaire avait entraîné une hausse artificielle des ventes d’œufs bio, mais aujourd’hui, la réalité nous rappelle à l’ordre. En 2021, la consommation d’œufs bio a diminué de 3,4 %, tandis qu’au premier trimestre 2022, elle a chuté de 9,2 %. Nous observons une réorientation des achats d’œufs bio vers des œufs label Rouge, alors que ces derniers stagnaient depuis quelques années, et nous restons vigilants quant à ce phénomène.
Se retirer du bio est plus facile pour les éleveurs qui s’y étaient orientés pour la rentabilité que pour ceux qui s’y sont mis par pure conviction. Nous leur conseillons de se mettre au plein air, mode de production entraînant peu de changements par rapport au bio, si ce n’est la densification des effectifs d’animaux. Il y a néanmoins de nombreuses reconversions dans la cage, ce qui pose une grosse difficulté pour les éleveurs car entre-temps, les prix des matières premières du secteur BTP ont explosé.

La filière parvient-elle à répercuter les hausses liées à l’inflation ?

S. G. – Les négociations avec la GMS sont très difficiles. Nous ne parvenons pas à répercuter les hausses. Tous nous rappellent que l’œuf est l’une des protéines les plus accessibles, que E.Leclerc est le moins cher et que tous veulent s’aligner. Les Français consomment en moyenne 218 œufs par an. Une augmentation de seulement 1 centime par œuf entraînerait pour eux une hausse de 2,18 euros par an… Un centime, ça semble tellement insignifiant et pourrait être supportable par le consommateur, mais ni la GMS ni les consommateurs ne semblent se rendre compte de l’importance de cette hausse. Cela pourrait être le centime qui sauve la profession. Mais même un dixième de centime par œuf est compliqué à faire passer. Aujourd’hui, tous les intermédiaires doivent supporter cette inflation, ce qui pose de nombreuses questions quant à la survie de la filière française.

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