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Finances
Sofiprotéol augmente ses capacités d’engagement

La société de financement et de développement du groupe Avril renforce ses fonds propres, grâce à l’entrée d’Arkea et Groupama comme actionnaires, pour mieux investir dans les filières agroalimentaires françaises. État des lieux, lignes directrices et perspectives.

Claire Maingon et Michel Boucly, respectivement directrice des engagements et directeur général délégué de Sofiprotéol, ont présenté à la presse les modalités et conséquences de l'augmentation de capital de la société de financement.
© S. C.

Vouée aux prises de participations minoritaires et au financement dans les entreprises de « la ferme France », Sofiprotéol vient de terminer une augmentation de capital de 100 millions d’euros portant ses fonds propres à 440 millions d’euros. La filiale du groupe Avril n’investissant qu’à partir de ses fonds propres, cet apport supplémentaire augmente ses capacités d’engagement dans les projets de petites ou de grandes ampleurs.

Le projet a mûri au cours de l’an dernier entre le groupe agro-industriel Avril et les actionnaires minoritaires historiques de Sofiprotéol. Ces partenaires du monde de la finance et des filières agricoles* ont été rejoints par Arkéa (Crédit mutuel) et Groupama (à travers Gan Vie et cinq caisses régionales de la moitié nord de l’Hexagone). La part d’Avril dans le capital de Sofiprotéol passe ainsi de 84 % à 70 %, a précisé en conférence de presse Michel Boucly, directeur général délégué de Sofiprotéol.

Avril conserve une large majorité

Le responsable de la stratégie au sein du groupe a souligné qu’Avril conservait une large majorité, jugeant les autres actionnaires aptes à servir Sofiprotéol dans sa « mission d’intérêt général de création de valeur au service des filières nationales ». Au-delà de la formule, Michel Boucly a rappelé les critères d’engagement de la société : soutenir la compétitivité des filières au profit du monde agricole, rattraper le retard français dans la production de produits alimentaires de cœur de gamme, ceux du « repas quotidien », soutenir les champions nationaux, les projets collectifs et aider à exporter les savoir-faire français. Il a souligné que Sofiprotéol peut soutenir le développement de concurrents, et même de concurrents des activités propres d’Avril, pourvu que les filières en bénéficient.

Il a aussi indiqué l’intérêt particulier pour des projets collectifs. En la matière, la vocation d’Avril à « créer durablement de la valeur dans les filières huiles et protéines » est à souligner.

Jusqu’à 60 M€ d’investissement dans une société

Grâce à son capital supplémentaire, Sofiprotéol se donne la possibilité de porter à 60 millions d’euros le montant à insuffler dans une société, contre 40 millions d’euros jusqu’alors. Claire Maingon, directrice des engagements chez Sofiprotéol, le reconnaît : « la limitation à 40 millions d’euros a pu nous empêcher de prendre des parts plus significatives dans certains dossiers ». « Pouvoir aller jusqu’à 60 millions d’euros nous donne plus de souplesse dans nos décisions, néanmoins ça n’est qu’une possibilité », tempère-t-elle. « Nous essayons de panacher les montants investis entre plusieurs entreprises de façon à limiter les risques. Nous travaillons uniquement sur nos fonds propres. Si une possibilité se présente d’investir à hauteur de 60 millions d’euros, cela restera pour une part minoritaire et susceptible par ailleurs de rapporter de la rentabilité. Nos partenaires attendent des dividendes tous les ans et nous ne devons pas nous mettre en situation de risque », explique-t-elle.

Claire Maingon a précisé que Sofiprotéol réalisait chaque année 10 à 15 entrées en capital, l’apport de base restant de 300 000 euros. Si Sofiprotéol n’entre jamais à plus de 5 % du capital, c’est un actionnaire actif. « Nous avons toujours à cœur de travailler régulièrement avec ces entreprises et d’apporter notre réseau de réflexion et nos analyses stratégiques. La présence de l’industriel Avril peut nous aider », argumente-t-elle. Le responsable de Sofiprotéol siège soit au conseil d’administration, soit au conseil de surveillance, soit dans un comité stratégique. Ce responsable est, selon l’entreprise et l’engagement de Sofiprotéol, un des trois directeurs d’investissement, ou leur chargé d’affaires, ou Michel Boucly ou elle-même. Le département des engagements qu’elle dirige compte une dizaine de personnes, majoritairement de double formation comme elle, d’ingénieur agronome ou agricole et financière.

Les deux directeurs et la directrice d’investissement ont la charge des secteurs particuliers : amont des filières végétales et ingrédients, collecte, transformation des cultures et amont des filières animales, produits alimentaires de grande consommation.

Un centre de décision extrêmement rapide

« Notre faible effectif spécialisé fait de nous un centre de décision extrêmement rapide », commente Claire Maingon. En effet, une entrée au capital se réalise en 3 à 6 mois, selon elle. Trois exemples d’actionnariat de Sofiprotéol illustrent les motifs de l’investisseur : Vivescia Industries, appartenant à l’une des premières coopératives collectrices d’oléoprotéagineux ; Inveja, la filiale de valorisation de lupins de Terrena, réalisant 12 millions d'euros de chiffre d’affaires et installé dans le créneau stratégique des protéines végétales ; et la société de technologies digitales de gestion d’élevage Medria, qui avait déposé son bilan. Vivescia Industries, qui comprend 2 % de capital de Sofiprotéol, a un « fort potentiel de développement international créateur de valeur », argumente Sofiprotéol qui vient de constituer avec Vivescia une société de nutrition animale.

* Idia Capital Investissement (Crédit agricole), Natixis, Unigrains, l’interprofession des huiles et protéines végétales Terres Univia ainsi que les multiplicateurs de semences, les négociants agricoles, les transformateurs d’oléagineux et les fabricants d’aliments.

Partenaire de Tikehau dans la dette privée

Le fonds SPD (Sofriprotéol Dette privée) a été créé en 2016 pour répondre à la demande des entreprises de panacher leur endettement de croissance ou d’investissement. De 100 millions d’euros au départ, il est monté à 206 millions d'euros en 2017. Sofiprotéol y souscrit à travers la société de gestion indépendante Tikehau, reconnue pour sa forte expertise de la dette privée via la gestion de plusieurs fonds. De son côté, Sofiprotéol apporte son expertise à Tikehau. SPD a vocation à accompagner les secteurs agricoles et alimentaires. Il a accompagné les projets de développement de treize entreprises. Claire Maingon, directrice des engagements de Sofiprotéol, précise que SPD prête aux entreprises réalisant plus de plus de 4 millions d’euros d’Ebitda, qui pour la plupart affichent au minimum 40 millions d’euros de chiffre d’affaires.

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