Nouveau modèle
Ruptur veut tester les circuits courts
L’association, créée par des chefs d’entreprise, a profité du confinement pour réfléchir au « coup d’après ». Le thème de l’alimentation locale va faire l’objet d’un test de création d’un écosytème complet sur une zone d’activités.

« Nous avions peur que la crise Covid nous coupe dans notre élan, elle nous a boostés », savoure Stéphanie Arnoux-Perrotin, directrice de l’association d’intérêt général Ruptur. Celle-ci a été créée par des chefs d’entreprise de Vendée et de Loire-Atlantique désireux d’avancer ensemble vers un nouveau modèle économique, environnemental et sociétal. Les membres de Ruptur ont donc profité du confinement pour lancer un vaste chantier, le Coup d’après. En trois semaines seulement, une cinquantaine d’entre eux se sont retrouvés lors de quatorze ateliers collaboratifs autour de cinq thèmes : BTP, numérique, mobilité, achats et résilience. Cinq synthèses, riches de cent cinquante actions concrètes et six nouveaux projets, sont sorties de ce travail d’intelligence collective.
L’association s’est emparée de sujets jusque-là peu abordés, comme l’alimentation, traitée au sein du dossier achats. À côté de thèmes comme la restauration collective et la logistique, les participants aux ateliers se sont surtout intéressés à la manière dont l’entreprise peut faciliter l’alimentation durable. Ils ont recensé l’existant en matière de circuits courts, mis en valeur durant la crise sanitaire. « Il existe énormément de bonnes pratiques de consommation locale, mais c’est très diffus, pas hyperstructuré », souligne Stéphanie Arnoux-Perrotin.
Un service 24h/24 de produits locaux
Pour changer les choses, les entreprises pourraient valoriser cet existant auprès de leurs collaborateurs, également les inciter au « bien manger » via des ateliers. L’offre d’une autre alimentation, sur le temps de travail ou pour le domicile, est apparue comme un critère de qualité de vie au travail à promouvoir. Pas seulement par les dirigeants : sur le Parc Eco 85 de La Roche-sur-Yon, des salariés de différentes entreprises ont constitué l’association Fol’éco pour accueillir un marché de produits locaux.
Les limites de certains services existants
La synthèse de l’atelier pointe néanmoins « les limites de certains services existants comme les systèmes de paniers, les marchés de producteurs locaux sur les entreprises : choix limité des types de produits, faible fréquence des livraisons ou de présence, un coût plus important certaines fois ». Un projet global, qui sera conduit dans les douze mois sur une zone d’entreprises du bocage vendéen, propose d’expérimenter un écosystème complet autour de l’alimentation locale. On trouve à proximité des entreprises un supermarché, une école et sa cantine, des agriculteurs et du foncier pour y réintroduire des cultures.
Afin de rendre accessible aux salariés de la zone une offre en produits locaux, plusieurs solutions s’inséreraient dans cet écosystème : potagers partagés, service 24h/24 de produits de première nécessité et d’alimentation, dispositif de chèque « consommation locale » attribué par les employeurs, utilisation d’une monnaie locale. Un des éléments de ce projet, le service 24h/24 de produits locaux, sera testé dès septembre sur une zone d’activités de La Roche-sur-Yon par un adhérent de Ruptur spécialiste de la distribution automatique. Une adaptation de ce service aux centres-villes est envisagée.
Pour une économie bleue
Le chef d’entreprise vendéen Charles Barreau a créé l’association Ruptur en 2018 en se nourrissant des théories de l’entrepreneur belge Gunter Pauli sur l'économie bleue. Cette économie en rupture s’inspire de la nature pour faire des déchets des matières premières. Créé par dix-sept membres fondateurs, Ruptur compte aujourd’hui 130 adhérents en Vendée, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire, soit 250 membres actifs. 70 % des adhérents sont des entreprises, représentées par des dirigeants et/ou des collaborateurs, dont Fleury Michon, le traiteur La Maison Hebel, Marc & Betty, Cafés Albert ou encore Mecapack. On trouve également parmi les membres des collectivités, des institutions, des écoles, des laboratoires et des particuliers.