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Approvisionnement
Pro Sain en quête de producteurs bio

Dans les Pyrénées-Orientales, conserveurs et metteurs en marché peinent à trouver localement les fruits et légumes dont ils ont besoin. Avec le Civam bio, ils ont mis en place un dispositif de portage foncier pour inciter les jeunes à s’installer. Les besoins immédiats sont évalués à 100 hectares. Reportage chez le transformateur Pro Sain.

Si l’on dit souvent que le marché permet d’obtenir une situation stable, le bio semble quelque peu déroger à la règle. Dans les Pyrénées-Orientales, le Civam bio 66 a mis sur pied un plan de développement pour permettre à la filière longue de trouver les produits dont elle a besoin. Trois entreprises du département, des opérateurs importants, sont engagées dans ce programme dénommé Bioleg et déployé pour les trois prochaines années. Il s’agit du transformateur Pro Sain, de l’expéditeur Alterbio et de la coopérative Teraneo.

Pro Sain a depuis plusieurs années tenté de relocaliser une partie de ses approvisionnements, après avoir longtemps acheté à l’étranger. « Notre entreprise a cinquante ans, mais il y a quinze ou vingt ans, il était complètement impossible d’imaginer trouver les productions dont nous avions besoin dans la région, voire en France. Nous allions alors, comme tout le monde jusqu’à aujourd’hui encore, sur les marchés italiens, espagnols et en Europe du Nord », rappelle Geneviève Giacone, directrice du site de Bages dans les Pyrénées-Orientales.

Depuis cinquante ans, Pro Sain produit et commercialise une vaste gamme de produits, depuis les confitures jusqu’aux légumes nature en passant par les légumes et plats cuisinés… Autant de produits distribués dans les magasins spécialisés en produits bios, pour plus des trois quarts sous la marque Pro Sain. « Aujourd’hui, nous fabriquons 4 000 tonnes de produits transformés par an », précise la directrice du site. L’entreprise affiche une très forte progression des ventes, +15 % par an, et un chiffre d’affaires annoncé à 16 millions d’euros pour l’année 2017.

« Nous sommes victimes de la concurrence avec le marché du frais »

« Nous utilisons beaucoup de matières fraîches, des aubergines, des courgettes, des tomates, des abricots, des pommes, des coings et des figues, énumère-t-elle rapidement, mais les problèmes d’approvisionnement se posent pour tous les produits. Nous sommes victimes de la concurrence avec le marché du frais souvent considéré comme plus rémunérateur par les producteurs. De notre côté, notre marque est aujourd’hui très reconnue pour ses produits et leur qualité, mais cette qualité ne s’obtient que si les produits de fabrication sont également des produits de qualité, nous ne pouvons pas travailler qu’avec des écarts de tri ! »

C’est pour cette raison que Pro Sain a rejoint le programme Bioleg. Les efforts de relocalisation menés ces dernières années ont porté leurs fruits. L’entreprise a trouvé à contractualiser avec certains producteurs locaux pour certaines gammes de produits en s’appuyant en particulier sur la démarche Sud de France. Aujourd’hui, Pro Sain a également trouvé des origines France pour les légumineuses, la viande, les raviolis, mais pour les légumes verts et petits pois, c’est encore l’Europe qui prédomine.

Ce mouvement est un passage obligé pour Geneviève Giacone, « nous ne pourrons pas y échapper, car c’est aussi une demande forte des consommateurs que de connaître l’origine des produits et qu’en plus ils soient locaux ou proches ». Sans compter que les bassins d’approvisionnement traditionnel qui sont eux aussi en pleine évolution. « Pendant longtemps, l’Italie ou l’Espagne produisaient pour l’exportation, mais aujourd’hui, dans ces deux pays en particulier, la consommation se développe aussi, ce qui restreint, mécaniquement, l’offre à l’export », souligne-t-elle.

Des besoins en volumes importants

Reste la question des volumes. « Nous avons besoin de producteurs ou d’opérateurs qui sont capables de nous apporter des quantités importantes sur des périodes relativement courtes, c’est trop difficile pour nous de nous approvisionner avec de petits lots. Pour les pommes par exemple, nous avons besoin de 300 tonnes », détaille Geneviève Giacone. Les deux autres membres du projet, Alterbio et Teraneo sont des partenaires habituels de Pro Sain.

Le développement d’une filière dédiée constitue une étape de plus. « Si nous montons une filière avec des producteurs, nous nous engageons à tout prendre, y compris les écarts de tri, avec, donc, des engagements de volumes et de prix sur plusieurs années », annonce-t-elle.

« La construction d’une filière intégrée est une nouvelle étape »

Pour cela, outre le travail d’animation foncière, une zone de 1 000 hectares a été délimitée, un portage foncier est envisagé pour les candidats. Des candidats que les partenaires du projet vont chercher dans tout le sud de la France, qu’ils soient déjà installés, porteurs de projets d’installation, étudiants… « Notre entreprise existe depuis 1968, c’est la plus ancienne conserverie bio à ma connaissance en France. Elle est passée par de nombreuses étapes, y compris depuis le rachat en 2004. La construction d’une filière intégrée vers l’amont est une nouvelle étape », explique Brooks Wallin, président-directeur général de l’entreprise. Une étape qui doit rendre possible la croissance annuelle de 20 % et ses ambitions, aujourd’hui, internationales.

Bioleg cible 1 000 hectares de friches

Dans sa phase initiale, le programme Bioleg a jeté son dévolu sur une zone d’un millier d’hectares de friches, située au sud de Perpignan. Les besoins immédiats des trois partenaires industriels sont estimés à 100 hectares. Le choix des terres qui feront l’objet du portage foncier a été porté sur des terres en friches agricoles, afin qu’elles soient utilisables sans période de conversion et avec un accès à l’irrigation.

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