Prince de Bretagne fête ses vingt ans dans le bio
En 1997, les légumiers de la ceinture verte du Nord-Bretagne regardaient avec amusement leurs premiers collègues basculer dans l’agriculture biologique. Les légumes issus de ce mode d’agriculture ne s’écoulaient à l'époque que sur les marchés ou dans des réseaux spécialisés alors que l’essentiel du commerce de légumes s’effectuait en grande distribution. Mais face à la détermination d’une poignée d’agriculteurs, Prince de Bretagne, le service marketing régional va leur donner son feu vert. Bien lui en a pris.
En vingt ans, la filière légumière biologique a trouvé sa place dans l’organisation bretonne. Elle s’est dotée des outils nécessaires à son développement, notamment une station technique régionale spécialement dédiée, Terre d’essais. Les agriculteurs se sont entraidés pour progresser ensemble, remplaçant la chimie par la mécanique et l’informatique (binage par guidage GPS, par exemple). En parallèle, Prince de Bretagne a constitué des équipes dédiées pour accompagner son développement.
Une cinquantaine de producteurs
Certes, à cinquante producteurs, les exploitants bios ne représentent encore qu’une frange de légumiers parmi les 2 350 exploitations spécialisées adhérentes des sept organisations de producteurs (OP) bretonnes du Cerafel, association d’OP. Et leur production – 20 000 tonnes en prévision cette année de tomates, concombres, artichauts, courges, endives, courgettes, etc. (trente légumes) – ne pèse pas grand-chose dans la production totale annuelle de la région (600 000 tonnes environ).
Mais les temps changent, pour la première AOP nationale du légume. « Depuis trois ans, nous sentons clairement une demande plus forte du marché, les grandes et moyennes surfaces jouent le jeu du bio et les prix pratiqués depuis couvrent la moindre productivité », témoigne Gaëtan Dauphin, producteur bio sous abris (tomates, concombres, etc.) installé près de Paimpol. Ce qui n’était pas toujours le cas il y a encore quelques années, lorsqu’une part de la production bio se vendait parfois en conventionnel, faute de marché suffisant. Aujourd’hui, les produits bios ont clairement le vent en poupe.
Six ou sept expéditeurs font l’essentiel des achats
Ainsi, dans les rangs des cinquante expéditeurs agréés pour acheter le légume de Prince de Bretagne au marché au cadran, « une quarantaine dispose de l’agrément agriculture biologique même si, c’est vrai, seulement six ou sept expéditeurs font pour l’instant l’essentiel des achats », précise Jean-Jacques Le Bris, président de la commission bio du Cerafel, un des pionniers de 1997. « Il y a actuellement une vingtaine de légumiers en conversion qui vont entrer en production AB d’ici un an », poursuit-il. La production devrait donc augmenter de façon significative dans les prochaines années, et avec de nouveaux légumes – du panais cette année, peut-être d’autres légumes anciens ou de la carmine plus tard.
Le marché absorbera-t-il sans à-coups cette offre nouvelle ? « Il faut toujours rester vigilants, car nous ne sommes pas à l’abri de déséquilibres », dit encore Jean-Jacques Le Bris.
Terre d’essais, le cœur du réacteur
Terres d'essais, c’est cette station technique régionale dédiée à l’agriculture biologique située à Pleumeur-Gautier qui conduit toutes les expérimentations au service de la filière sur 10 hectares de champs d’essais et 4 000 mètres d’abris. Essais sur les nouvelles variétés, protection des cultures, engrais verts… Rien ne lui échappe pour faire progresser la filière dont le mode de production interdit tout recours à la chimie. Il lui faut donc accompagner les légumiers bios pour viser la meilleure production au moindre coût. Ces références sont absolument nécessaires aux producteurs bios, ne serait-ce que pour disposer des certifications internationales d’accès au marché. Ainsi, tous les producteurs bios de Prince de Bretagne sont-ils certifiés GlobalGap.