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Porc : À quoi ressemble la nouvelle usine de Porketto ?

Après l’incendie de son usine en mai 2020, Porketto s’est relevé et a profité de cet épisode pour accélérer sa diversification et se doter d’un outil industriel plus efficace.

L’arrivée de Porketto sur son nouveau site à Wancourt (Pas-de-Calais), à proximité d’Arras, il y a un peu plus d’un an, a marqué la fin d’une période difficile, commencée le 20 mai 2020. Ce jour-là, le numéro un de la viande de porcelet en France a vu certaines batteries de ses condensateurs prendre feu, embrasant son usine dans sa totalité. « Nous avons eu la chance de ne déplorer ni mort ni blessé », se souvient Freddy Braure, directeur général de Porketto.

Quatre facteurs ont permis à la société de se relever assez rapidement de ce sinistre : « L’abnégation sans faille de nos équipes, notre réseau, notre trésorerie suffisante et les assurances qui ont bien réagi », détaille-t-il. Les employés de Porketto se sont retrouvés sans ordinateurs et sans données, le matériel et les serveurs ayant brûlé. Pour ne rien arranger, il y avait une pénurie de matériel informatique sur le marché, due au premier confinement et à l’explosion de la demande qui s’est ensuivie.

Six jours après l’incendie, Porketto s’était organisé pour délocaliser sa production et livrer ses clients. « La qualité n’était évidemment pas du tout la même au début, puis nous nous sommes améliorés. La traçabilité se faisait à la main dans un premier temps, c’était fastidieux ! » raconte Freddy Braure.

Porketto s’est alors mis en quête d’un nouvel emplacement pour construire une nouvelle usine. Une fois le lieu trouvé et validé, « le dossier administratif a été traité en un temps record », se réjouit Freddy Braure. La construction a nécessité 293 jours. « Cet épisode nous a renforcés », ajoute-t-il avec un sourire.

Une usine moderne

Présentant une forte volonté de se diversifier, avec son programme Cooketto, la société prévoyait un plan d’investissement de près de 4 millions d’euros qui devait être signé quelque temps après l’incendie. La construction du nouvel outil industriel en a finalement coûté 17 millions de plus, mais le groupe en a profité pour en faire un site très moderne, présentant des flux plus adaptés, plus efficaces, le tout sur une surface de 7 900 m2, contre 5 400 m2 pour l’ancien site.

La consommation d’énergie a également été optimisée, d’autant plus depuis la hausse des coûts. « Aujourd’hui, nous consommons la même quantité d’énergie sur notre nouvelle usine que sur l’ancienne, alors que les gabarits des deux sites ne sont pas les mêmes », note Freddy Braure.

Cette politique de modernisation a entraîné le développement rapide de Cooketto. Cette activité de cuisson de viande a permis à Porketto de se diversifier pour ne plus dépendre uniquement du marché du cochon de lait. Depuis trois ans, la société réalise des tests de steaks effilochés de porc, porcelet, bœuf, agneau, poulet et canard ainsi que de ribs de porc, de bœuf et d’agneau. « Le but est d’obtenir une cuisson optimale pour avoir un os propre et des parts qui se détachent facilement pour être mangé à la main, dans un cadre de convivialité », précise Freddy Braure.

Ces innovations ont été lancées officiellement lors du Sirha 2023. « Ces produits différenciants peuvent intéresser les grossistes, les acteurs de la restauration hors domicile, la deuxième transformation ou encore les bouchers-charcutiers traiteurs », commente Freddy Braure. La ligne de production d’effilochés produira à terme 150 000 unités par jour.

Des coûts de production multipliés par quatre

Comme toute entreprise, Porketto fait face à des hausses vertigineuses de ses coûts de production qui ont été multipliés par quatre par rapport à il y a deux ans, avant l’incendie, à volume égal. Si les matières premières, les transports et les salaires ont augmenté ces deux dernières années, c’est sans surprise la hausse de la facture énergétique qui est majoritairement responsable de l’explosion des coûts de production.

« À volume égal, notre facture s’élevait à 200 000 euros sur notre ancienne usine. Aujourd’hui, c’est dix fois plus. Sans un gros travail de fond pour diminuer notre consommation, cela aurait été quinze fois plus et l’entreprise se serait arrêtée », décrit Freddy Braure. Les aides du gouvernement, bien que « tellement insuffisantes », selon lui, ainsi que les hausses des tarifs de Porketto ont permis de limiter les conséquences de l’inflation. « Nos tarifs n’ont pas assez augmenté pour tout couvrir, mais il y a des limites à partir desquelles on n’achète plus vos produits… », témoigne Freddy Braure.

Pour limiter sa facture énergétique, la société a décalé la cuisson de ses viandes la nuit, au moment où l’électricité coûte 3 à 4 fois moins cher.

Des panneaux solaires au service de la sobriété énergétique

Porketto a investi près de 600 000 euros dans l’installation de 2 600 m2 de panneaux photovoltaïques qui sont aujourd’hui en cours d’installation. Ils permettront à la société de couvrir 19 % de ses besoins énergétiques. « Au solstice d’hiver, notre autoproduction d’énergie correspondra à 7 ou 8 % de notre consommation globale. Mais au solstice d’été, cela pourra monter à 35 % », estime Freddy Braure. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une politique de sobriété énergétique menée par Porketto. « Notre isolation est bien meilleure que sur notre ancien site, rendant notre congélateur bien plus efficace », note-t-il.

La société fait beaucoup de sensibilisation auprès de ses salariés pour réduire sa consommation d’eau et d’énergie. « La sensibilisation, c’est très efficace. On observe tout de suite après des diminutions de 20 % de notre consommation », conclut-il.

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