OMC : le protectionnisme l'emporte à Genève
«Ce n’est pas la peine de tourner autour du pot : cette réunion a échoué ; les Membres n’ont pas pu surmonter leurs divergences », a annoncé Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, mardi après neuf jours de négociations à Genève. Entamé en novembre 2001 au Qatar, le cycle de Doha a une nouvelle fois achoppé dans un contexte de crise alimentaire propice à réveiller les réflexes protectionnistes. Sur 20 thèmes, il y a eu convergence sur 18. Sur le 19 e point, portant sur le mécanisme de sauvegarde spéciale pour les produits agricoles destiné aux pays en développement, « après plus de 36 heures passées à essayer de rapprocher ces deux positions, il est apparu clairement que les divergences étaient inconciliables », a reconnu Pascal Lamy. L’Inde et les Etats-Unis se seraient notamment affrontés sur le seuil de déclenchement à la mise en place de tarifs d’entrée des produits agricoles. Les Etats-Unis souhaitaient qu’une forte hausse des importations soit nécessaire pour déclencher l’augmentation des droits de douane.
L’Inde a tenu tête aux Etats-Unis
L’Inde, comme d’autres pays en développement, voulait un seuil de déclenchement plus bas pour utiliser plus facilement la sauvegarde. Les négociateurs n’ont même pas abordé la question du coton et des indications géographiques, chères à la France et à l’Italie. Au-delà de ce nouvel échec, les discussions des derniers jours ont démontré qu’une nouvelle donne se précisait à l’OMC. « De grands pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil sont capables de tenir tête aux Etats-Unis et à l’Europe », a commenté Michel Barnier, interviewé hier sur RTL. Le ministre s’est par ailleurs interrogé une nouvelle fois sur l’opportunité de discuter les questions agricoles dans d’autres enceintes que l’OMC.
Pascal Lamy qui ne s’avoue pas complètement vaincu estime pour sa part que l’échec des pourparlers ne signifie pas la fin du cycle de Doha. « Les projets de textes de « modalités » concernant l’agriculture et les produits non agricoles sont encore sur la table », a-t-il déclaré, concédant toutefois qu’il faudrait « laisser la situation se décanter ».