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Œufs bio : l’offre manque et la production ne repart pas

Si en conventionnel la tension sur l’offre s’explique avant tout par le dynamisme de la consommation, en bio s’ajoutent les contraintes techniques à la production. Les œufs manquent, mais les candidats sont rares pour s’installer. 

boites d'oeufs bio
Les magasins spécialisés bio ont des difficultés à répondre au retour des acheteurs d'oeufs
© Les Marchés

Naturalia, Biocoop, La Vie Claire, aucune chaîne de distribution spécialisée bio n’y échappe, les étagères du rayon œuf sont dégarnies et ce depuis avant l’été. Des rayons clairsemés, c’est déjà ce que l’on voit dans la grande distribution conventionnelle, puisqu’il manque 3 millions de poules pour satisfaire en totalité la demande française, mais le cas du bio est plus spécifique. 

Un règlement bio européen très défavorable pour les œufs

Le passage a une alimentation 100 % bio est un vrai casse-tête pour la filière. « Même certains de nos meilleurs éleveurs affichent toujours des chutes de productivité sur certains lots » confie un opérateur du secteur. « Les résultats sont aléatoires, et les poules plus fragiles », déplore un autre. La ponte est plus tardive et plus irrégulière. 

Lire aussi : Œufs bio : les 3 obstacles majeurs de la réglementation européenne 

Les opérateurs de l’œuf tentent actuellement de peser sur la législation européenne. Mais même si la Commission européenne affiche la volonté de simplifier son règlement bio, revoir les seuils pour l’aliment des volailles ne semble pas d’actualité. 

Une reprise de la consommation d’œufs bio

Alors que les ventes d’œufs bio ont été les premiers indices de la crise du bio, avec une baisse dès 2021 ; elles remontent ces derniers mois. En grande surface, en cumul annuel mobile au 28 septembre 2025, les ventes d’œufs bio ont dépassé de 4,1 % en volume leur niveau d’un an plus tôt, selon les données du baromètre exclusif Circana pour Les Marchés. « Les rayons des GMS ont été dégarnis en œufs conventionnels, les œufs bio ont donc profité d’un effet de report », analyse un opérateur de la filière pour nuancer ce retour des ventes. 

« Les œufs bio ont donc profité d’un effet de report »

Les magasins bio reprennent de la vigueur

Par ailleurs, les magasins spécialisés bénéficient d’une meilleure conjoncture, avec une hausse de 6,2 % de leurs ventes au global au premier semestre, selon l’Agence Bio, qui estime que les ventes d’œufs y affichent une croissance du même ordre. La vente directe bio progresse aussi nettement (+8,2 %). Or, plus d’un œuf bio sur quatre est acheté ailleurs qu’en hypers, supers et discounters, notait par ailleurs FranceAgriMer cet été. 

Lire aussi : « On assiste à un retour à la croissance du bio », selon Charles Kloboukoff de Léa Nature 

Chute du cheptel de pondeuses

Il y avait 7,86 millions de poules bio en France en 2024, selon l’Agence Bio, soit 4,3 % de baisse en un an. C’est 15,4 % de poules pondeuses de moins qu’en 2022, soit 1,44 million de poules de perdues en deux ans. Le nombre de fermes productrices d'œufs bio a en revanche peu évolué depuis 2022. « Certains des plus gros élevages sont passés en plein-air, il y a encore de petits élevages bio qui démarrent sur des circuits courts » explique un opérateur. 

« Il y a encore de petits élevages bio qui démarrent sur des circuits courts »

Car pour les opérateurs qui étaient en bio mais qui ont la possibilité d’augmenter leur cheptel, le passage en plein-air est gagnant. Des performances techniques plus fiables, et des opérateurs qui cherchent des œufs dans un contexte de déficit, cette déconversion a un sens économique. 

Répercuter les surcoûts de production

Le prix moyen d’achat par les consommateurs de 100 œufs bio est passé de 36,4 € en moyenne en 2022 à 41,3 € en août 2025, selon les données de Kantar, soit une hausse de 13,4 %. Les prix des œufs au sol, ont, quant à eux, enregistré un rebond de 17,4 % sur la période. Pourtant, les coûts de production en bio ont fortement augmenté, en lien avec la nouvelle réglementation. Baisse de la performance de ponte, hausse de la mortalité et consommation d’aliment plus élevé, un spécialiste du bio estime le surcoût à « 50 à 65 centimes les 100 œufs ».  

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