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Enquête
L’incertitude plane sur les négociations commerciales 2018

À la veille du début des négociations commerciales 2018 et alors que le gouvernement appelle au respect de l’esprit des états généraux de l’alimentation, l’ambiance est plutôt au scepticisme et à l’inquiétude. Enquête.

© DR

Malgré le bon esprit des discussions lors des états généraux de l’alimentation, l’industrie s’inquiète d’une « certaine schizophrénie sur le terrain », comme nous le confie un professionnel. Des acheteurs auraient annoncé à leurs clients « des négociations terribles », « une déflation », et prononceraient des phrases du type « ça va être sanglant » !

À quelques jours de l’envoi des négociations commerciales 2018, l’ambiance n’est pas forcément des plus sereines et les opérateurs de la filière attendent des éléments de sécurisation.

Oui pour une charte… mais avec des chiffres

Alors que Coop de France a été auditionné par le cabinet du ministre de l’Agriculture pour la constitution d’un projet de charte d’engagement, le texte fait toujours débat. « Pour que l’esprit de rééquilibrage puisse souffler sur ces négociations 2018 et avant la sortie des ordonnances prévue au 1er semestre 2018, un projet de charte d’engagement a été écrit. Mais au-delà des bons sentiments, cette charte a ses limites. Le problème majeur est l’absence d’éléments chiffrés. On dit qu’il faut limiter les promotions, mais il n’y a pas de seuil ; qu’il doit y avoir un retour aux agriculteurs, mais on ne sait pas de quelle manière. C’est très vaporeux. On veut bien croire qu’un esprit souffle, mais dans la réalité des box, il risque de ne pas tellement souffler. On appelle à ne pas être naïf », s’inquiète Pascal Viné, délégué général de Coop de France.

Au-delà des bons sentiments, cette charte a ses limites

L’organisation professionnelle n’a depuis pas eu de nouvelles de ce projet de charte. « Nous sommes préoccupés, car on ne voit plus rien venir », ajoute Pascal Viné. Coop de France ne s’oppose pas à la signature d’une charte, mais « il doit y avoir des éléments tangibles qui peuvent servir », estime le délégué général, « car nous allons avoir des comptes à rendre aux agriculteurs, donc on veut des engagements chiffrés et tangibles ».

Dans l’attente des avancées réglementaires

Présent lors de la réunion rue de Varenne le 19 octobre, Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, a insisté fortement pour que « la réglementation évolue très rapidement ». « Les opérateurs ont fait savoir qu’ils veulent bien jouer le jeu des plans de filière. L’État doit aller le plus vite possible sur sa partie. À défaut, il faudrait que les modifications réglementaires soient rapidement connues », confie-t-il aux Marchés Hebdo. « Les producteurs attendent un signal », poursuit-il. Et de rappeler les points sur lesquels la FNSEA attend des engagements de l’État : précisions par rapport aux regroupements des opérateurs et au droit de la concurrence ; condamnation des prix abusivement bas ; prise en compte des coûts de production dans les contrats ; l’arrêt de la guerre des prix (encadrement des promotions, relèvement du SRP). En attendant que tout soit formalisé, « ce serait bien que chaque acheteur s’engage de manière formelle volontairement », indique Patrick Bénézit.

Même son de cloche du côté de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). « On sait que la loi ne sera pas effective pour le début des négociations mais il est important que l’on connaisse son contenu, souligne Valérie Weil-Lancry, directrice juridique de l’Ania, pour arriver à anticiper sur les promotions notamment. » L’Ania est « très favorable » à la signature d’une charte. « Lors des états généraux de l’alimentation, l’état d’esprit a été très constructif, une charte permettrait d’acter un code de bonne conduite, on y a tout intérêt », commente-t-elle.

Pour un renforcement des contrôles

Malgré toutes ces manifestations de bonnes intentions, l’Ania compte bien remettre en service son observatoire des relations commerciales qui recense les mauvaises pratiques de la grande distribution. « Plus que jamais, c’est capital », indique la directrice juridique de l’Ania.

On ne peut pas se permettre que les mauvaises habitudes reviennent

« Pour toutes les filières agroalimentaires, cette négociation commerciale est charnière, il y a eu un consensus, un gros travail de réflexion, on n’a pas le droit d’échouer. On ne peut pas se permettre que les mauvaises habitudes reviennent », avertit Valérie Weil-Lancry. L’enjeu est d’autant plus crucial pour les filières les plus exposées aux matières premières les plus volatiles comme le beurre, l’huile et le porc. L’Ania comme Coop de France se retrouvent sur la nécessité de renforcer les contrôles de la DGCCRF. « Oui, pour le renforcement. Les contrôles ont été efficaces l’année dernière. Et on se réjouit de l’extension du “name and shame”. C’est une très bonne nouvelle. Le consommateur fera son choix », précise Pascal Viné.

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