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Production
Les superfruits, une opportunité pour l’Europe ?

Myrtille, kaki, grenade, les superfruits sont plébiscités par les consommateurs qui apprécient leur composition en antioxydants et leur richesse en vitamine. À Perpignan, le Medfel s’est demandé si ces fruits pourraient rééditer le coup du… kiwi.

Jean-Luc Angles, président d’Anecoop France, estime qu'il y a une place dans les filières françaises pour les superfruits, à condition de penser local.
© Yann Kerveno

Quand les premiers kiwis ont été plantés dans les années 1970 dans la vallée de l’Adour, il fallait avoir une âme pionnière pour deviner que ce fruit parfaitement exotique allait conquérir le marché français. Pourtant, c’est bien le cas, près des deux tiers des Français consomment aujourd’hui du kiwi à raison de 4,4 kg par an en moyenne. Le kaki pourrait bien prendre cette même voie tant il se développe aujourd’hui en Europe.

Il y avait un double écueil à lever pour ce fruit, bien connu des fonds de jardin qu’ils illuminent dans le sud de la France en fin d’automne : l’astringence et sa consistance. La variété Rojo brillante a dépassé ces obstacles. Jean-Luc Angles, président d’Anecoop France, raconte la suite de l’histoire : « Dès lors, puisque l’image du kaki n’était pas forcément très bonne dans les pays où il existe, nous sommes allés le commercialiser dans des pays où il n’était pas connu, en appuyant sur ses bénéfices pour la santé bien sûr et son côté pratique puisqu’on peut le manger dur. »

Ce sont les marchés du nord de l’Europe, où le plaqueminier est absent, qui sont visés en premier avec des kakis sous appellation Persimon. Et la greffe prend.

200 000 tonnes de kakis en Espagne en 2022

« Aujourd’hui, la production se compte en centaines de milliers de tonnes en Espagne et au Portugal. Pour nous, Anecoop, c’est 200 000 tonnes. En 2022, il se produira plus de kakis en Espagne que de pêches et de nectarines », avance-t-il. Si la grenade a aussi les honneurs des rubriques cuisine des magazines, Jean-Luc Angles estime que l’engouement risque de rester essentiellement médiatique. « Pour être honnête, je n’ai pas cru au kaki quand on a commencé, mais la grenade, en dépit de ses qualités nutritionnelles, me semble être un produit plus difficile », confie-t-il.

La grenade : oui, mais…

Il pointe du doigt le manque de praticité et une concurrence rude avec les pays à l’est de la Méditerranée. « Les producteurs turcs sont très très compétitifs sur les grenades à jus, nous ne pouvons pas entrer dans ce jeu-là, donc nous sommes obligés de rester sur les grenades de bouche », dévoile-t-il. Les volumes sont donc sans commune mesure avec ceux du kaki, « pour nous, c’est autour de 15 000 tonnes », précise-t-il.

Des occasions à saisir en France

Et pour les producteurs français ? Si certaines coopératives du Roussillon par exemple se sont lancées dans la grenade, pour se diversifier, ce n’est pas encore la ruée vers les superfruits. Pour Jean-Luc Angles, il y a pourtant des occasions à saisir. « Nous avons la chance d’être dans un pays où la distribution joue le jeu de la production locale et nationale, comme on peut le voir pour les pêches et les nectarines, il y a donc certainement matière à créer une filière kaki par exemple pour le marché français où les fruits seront suffisamment valorisés pour être rentables », estime-t-il. Avant d’ajouter que « compte tenu des coûts de production il ne fallait pas penser à l’exportation ».

L’exportation, le kiwi français en est peut-être le contre-exemple comme l’expliquait Adeline Gachein, directrice du Bureau national interprofessionnel du kiwi : « la qualité du kiwi français est tellement reconnue que nous parvenons quand même à valoriser nos produits au cœur de marchés pourtant très disputés ».

Un objectif de 800 hectares de myrtilles

Toute petite filière, la myrtille française ne parvient pas à fournir la demande domestique. Il existerait en France un peu moins d’une centaine de producteurs dont la moitié est organisée dans un jeune syndicat. Les exploitations moyennes font 1 à 2 hectares, et la France compterait environ 400 hectares, dont 160 sont détenus, dans les Landes, par deux producteurs. C’est Grand Frais qui, en proposant de la myrtille en vrac, a déclenché l’appel d’air que connaît la production aujourd’hui. Le syndicat espère susciter des vocations pour doubler les surfaces et atteindre 800 hectares tout en s’associant avec le cassis et la groseille pour pouvoir avoir accès aux fonds de promotion d’Interfel.

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