Les prix du porc sous pression en Europe par crainte d’un afflux de viande espagnole
Les prix du porc continuent de fléchir en Espagne. Le pays reste déstabilisé par les cas de peste porcines africaine. Pour maintenir leurs abattages, les opérateurs cherchent désormais à rediriger davantage de volumes vers le marché domestique et les pays européens.
Les prix du porc continuent de fléchir en Espagne. Le pays reste déstabilisé par les cas de peste porcines africaine. Pour maintenir leurs abattages, les opérateurs cherchent désormais à rediriger davantage de volumes vers le marché domestique et les pays européens.
En Espagne la situation reste tendue après la détection de cas de PPA sur plus d’une dizaine de sangliers près de Barcelone. Madrid redoute une fermeture en chaîne des marchés tiers. À ce stade, seuls le Japon et les Philippines ont suspendu leurs importations. L’accord de zonage avec la Chine est déjà activé, tandis que celui avec la Corée est en cours, ce qui ralentit les envois. Le Chili et Cuba ont reconnu des principes de régionalisation qui rend possible l’exportation de produits issu des zones libres de PPA (déterminées en Espagne le 4 décembre) et les produits fabriqués dans toutes les zones avant le 28 novembre, date de détection de la PPA, rapporte Agra Presse.
| Exportations de viandes porcines espagnoles en 2024 | |
| Chine | 1,1 milliard d’euros |
| Royaume-Uni | 324 millions d’euros |
| États-Unis | 103 millions d’euros |
| Hong-Kong | 35 millions d’euros |
| Corée du Sud | 316 millions d’euros |
| Chili | 21,8 millions d’euros |
| Cuba | 29,7 millions d’euros |
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La cotation du porc espagnol chute
Cette semaine, la cotation du porc espagnol s’affiche à 1,04 €/kg. C’est une baisse de 6 centimes en deux semaines, ce qui l’amène 34 % sous son niveau de l’an dernier. Pour rappel, la limite maximale hebdomadaire de variation de la cotation établie à plus ou moins 6 centimes, a été largement dépassée la semaine dernière avec la chute de 20 centimes du cours de porc en l’espace seulement de trois jours. Selon Mercolleida, cette chute brutale est impulsée par la saturation des capacités de stockage des abattoirs. Or le pays doit impérativement écouler ses volumes pour maintenir ses abattages.
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L’Espagne repositionne ses volumes en Europe
Face aux blocages des exportations, l’Espagne a choisi de renforcer sa compétitivité pour orienter davantage les ventes vers son marché intérieur et les pays européens. Avec ses écarts de prix qui sont plus qu’importants avec certaines zones européennes, notamment l’Allemagne et la France, l’Espagne pourrait écouler environ 25 % de sa production potentiellement affectée par les restrictions à l’export ou par la lenteur des déblocages. Ainsi les abattoirs pourraient vider suffisamment les chambres froides pour maintenir leur rythme d’abattage. Les premiers signaux montrent d’ailleurs une amélioration de la demande sur le marché domestique.
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Des cours européens baissent pour contrer les expéditions espagnoles
Ailleurs en Europe, le Danemark semble déjà impacté par la crise espagnole. Le pays a abaissé ses prix afin d’anticiper une arrivée massive de viande espagnole à bas prix et amortir le choc. Aux Pays-Bas, la cotation a perdu 8 centimes en semaine 49 avant d’être reconduite en semaine 50 mais les analystes notent une forte anxiété sur le marché.
En France, l’interprofession Inaporc alerte également sur le risque d’afflux de viandes et charcuteries espagnoles sur le marché. Elle exhorte les acheteurs et l’ensemble des acteurs de la filière porcine à soutenir la production française, afin de ne pas accentuer les tensions pesant sur le secteur et de préserver la pérennité de la filière. Au niveau des cours, cette semaine s’est ouverte sur un recul marqué de 1,3 centime, soit une baisse notable pour un lundi. Le mouvement s’est atténué jeudi avec un repli limité à 0,3 centime.
En Allemagne, le prix de référence reste stable, un signal rassurant pour l’ensemble des cotations européennes.