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Produit de saison
Les glaciers se mobilisent pour assurer la saison

Après une consommation timide en début de confinement, les ventes de glaces bondissent avec le retour des beaux jours. L’implantation des innovations dans la grande distribution a cependant pris du retard, mais les acteurs du secteur sont confiants.

Si le début du confinement n’a pas été synonyme de ventes florissantes pour le secteur de la glace, la filière prend peu à peu des couleurs. « La glace est un produit plaisir et n’a pas fait partie des achats de première nécessité en début de confinement. Les GMS – 90 % des débouchés – ont honoré leurs commandes en cours mais les ventes en livraison directe ont diminué de moitié », commente Christophe Barbier, président et responsable développement de la Scop La Fabrique du Sud. Si la plupart des entreprises du secteur ont continué de fonctionner, la Scop audoise (2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, 23 salariés), qui commercialise ses glaces artisanales sous la marque La Belle Aude, a choisi de stopper sa production entre le 13 et le 27 avril afin d’éviter le surstockage.

Le leader français de la glace, Froneri, a établi la même stratégie en mettant à l’arrêt ses trois usines début avril pendant 15 jours pour faire face à la baisse de la consommation et pour mettre en place, en interne, une nouvelle organisation du travail en raison de l’épidémie du Covid-19.

Le confinement allant et un temps clément aux alentours de Pâques ont fait bondir les ventes de surgelés sucrés entre le 6 et le 12 avril, avec une progression de 82 % des glaces en bac et de 96 % des glaces détente (bâtonnets, cônes…), selon l’agence Nielsen (cf. graphique). Les spécialités à partager sont, elles, en recul.

L’implantation des nouveautés prend du retard en GMS

L’implantation des nouveautés chez Picard s’est faite sans à-coup. Le leader français du surgelé, qui passe de 100 à 140 références de glaces pendant la saison qui s’étale de mi-avril à septembre, a accueilli ses quarante nouveautés le 27 avril. « Nous n’avons pratiquement pas de produits de marques mondiales parmi nos nouveautés et les innovations sont prévues 9 à 12 mois en avance. Nous disposions donc déjà de nos stocks en entrepôt et les approvisionnements n’ont pas été perturbés par le Covid-19 en dehors de la période particulière qui a suivi l’annonce du confinement », commente Philippe Pauze, président de Picard Surgelés.

A contrario, le référencement des innovations en GMS, habituellement planifié début avril, a été plus ardu. Les forces de vente n’ont pas pu se rendre en magasin en raison de la crise sanitaire, entraînant un retard de réimplantation des produits dans les rayons de deux à trois semaines. Pour y pallier, Unilever France, qui réalise les trois quarts de son chiffre d’affaires en grande distribution, a dans un premier temps communiqué avec les centrales des distributeurs pour rappeler l’importance de ces implantations alors que la GMS se recentre sur du 80/20 (principe de Pareto).

De la même manière, l’Association des entreprises des glaces (AEG) a appelé les distributeurs à référencer les nouveautés, celles-ci ayant représenté 13,8 % du chiffre d’affaires de ses adhérents ces cinq dernières années. « Les innovations ont un rôle moteur dans notre secteur et beaucoup de nouveautés sont aujourd’hui prêtes à être mises en linéaire », commente Timothée Arar-Jeantet, secrétaire général de l’AEG. Depuis quelques jours, les forces de vente d’Unilever France commencent à retourner (très) progressivement en magasin pour engager ces réimplantations. « Cela se fait hors des horaires d’ouverture sur la base du volontariat et dans des conditions sanitaires très strictes », commente Jérôme Nouveau, directeur de la catégorie des glaces à Unilever.

Un retard de référencement des innovations de 2 à 3 semaines en GMS

Malgré le retard pris, la diffusion des innovations (10 à 15 % du chiffre d’affaires) se fait sur un rythme relativement correct compte tenu de la situation actuelle. « Nous rentrons désormais dans la zone critique où il faut accompagner les derniers points de diffusion », poursuit-il. Les trois innovations majeures de l’entreprise sont référencées en GMS depuis une dizaine de jours : la référence gourmande Magnum Ruby, enrobée d’un chocolat rose ; la gamme Carte d’or qui présente son nouveau packaging en carton et les innovations Ben & Jerry’s, l’une établie en partenariat avec Netflix (Netflix & chilll’d) et l’autre créée en hommage aux Beatles (Cone together). Globalement, les ventes se portent bien avec une croissance très positive à court terme (+25 % entre le 23 mars et le 19 avril).

Innover pour remédier à l’absence de la RHD

Avec l’arrêt de la RHD, certaines entreprises du secteur font toutefois grise mine. Pour pallier le manque à gagner, certaines développent la vente à domicile. Le glacier Promis Juré, installé à Fretin, déploie actuellement ce service. Réservé dans un premier temps aux habitants de la métropole lilloise, il sera progressivement étendu pour répondre à une demande croissante, explique la jeune marque. Autre exemple, l’artisan glacier G & Coffee qui livre ses glaces haut de gamme depuis trois semaines. « J’arrive au moins à couvrir mes charges », confie à la presse locale Corrado Barberis, fondateur de l’enseigne.

Enfin, de son côté, Unilever France a fait le choix de gérer les flux de production avec une baisse importante à court terme sur certaines lignes de production exclusivement dédiées à la RHD.

La filière reste optimiste

Malgré les difficultés et l’évolution incertaine de la situation, les acteurs interrogés restent optimistes et espèrent que l’été sera propice à la consommation de glaces après une saison 2019 en demi-teinte. « Nos ambitions restent élevées malgré la crise et nos premières rotations sur nos innovations de manière générale sont pour l’instant encourageantes », expose Jérôme Nouveau, directeur des ventes glaces d’Unilever France. Avis partagé du côté de l’AEG et de La Fabrique du Sud : « Notre chiffre d’affaires n’a pas été affecté et les commandes des GMS reviennent progressivement à la normale. Nous espérons que les consommateurs se feront plaisir en juin et que la RHD rouvrira prochainement », commente Christophe Barbier, président et responsable développement de La Fabrique du Sud.

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