Les Français plus sensibles aux discours des « anti »
Depuis 2013, les inquiétudes alimentaires des Français ont évolué. Si elles ont reculé, elles ne se réduisent plus aux seuls risques sanitaires, selon une étude de l’Ocha.
L’observatoire du Cniel sur les habitudes alimentaires (Ocha) a dévoilé les résultats d’une étude* sur les inquiétudes alimentaires des Français en partenariat avec le Crédoc et l’université de Toulouse, lors du colloque « Tais-toi et mange ! » le 24 novembre dernier. Alors que depuis 2009 les inquiétudes augmentaient, atteignant leur maximum en 2013 au moment de la crise des lasagnes avec la viande de cheval à la place du bœuf, cette étude révèle que les inquiétudes alimentaires des Français ont légèrement baissé depuis 2013. Toutefois, elles ont évolué et ne se réduisent plus aux seuls risques sanitaires. Elles reflètent une remise en cause des modes de production, du système agricole, des processus industriels, et s’appuient sur des préoccupations sociétales comme le bien-être animal ou l’environnement.
Les générations 15-25 ans et 25-35 sont les plus radicales en étant très représentées parmi les inquiets sur les conditions d’élevage, le bien-être, la pollution et la problématique des intrants chimiques dans l’agriculture. Le modèle de production agricole qui utiliserait régulièrement la chimie et les biotechnologies dans les cycles de production fait l’objet d’une critique qui s’intensifie : 65 % des sondés ont exprimé une inquiétude à ce sujet pour les fruits et légumes, 46 % pour les poissons, 31 % pour les produits céréaliers.
Origine, mode de production et bien-être animal
Plus généralement, l’industrialisation est observée d’une manière de plus en plus négative. La question des additifs et conservateurs inquiète 36 % des sondés, et celle de la composition des produits transformés en préoccupe 30 %. De fait, les préoccupations des Français tournent autour de l’origine des produits, de leur mode de production, de leur composition et de leurs caractéristiques. « Les consommateurs sont en attente de transparence, d’explications et attendent que l’on replace les produits au centre des discours des filières », détaille l’Ocha. Concernant le mode de production, les inquiétudes autour du bien-être animal s’amplifient. Alors que ce sujet concernait essentiellement les produits carnés, l’inquiétude s’est étendue en 2016 à tous les produits d’origine animale. 33 % des sondés ont déclaré se préoccuper du bien-être animal pour la viande, 22 % pour les poissons et 8 % pour les produits laitiers.
Dans le secteur de l’élevage, les Français s’interrogent sur les conditions de vie des animaux et les conséquences environnementales. Pour les viandes, le mot « antibiotique » a été le mot le plus souvent cité par les sondés comme principal facteur d’inquiétude. Le discours des « mouvements anti » (OGM, viande, huile de palme…) ou des associations « pro » (bio, locavore, cause animale…) commence à s’ancrer dans la pensée populaire.
* Enquête 2015-2016 réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 500 ménages français, avec interrogation de tous les individus du ménage de trois ans et plus, et d’un échantillon national de 990 individus de 3 à 19 ans.