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« Le quota réservé au Mercosur en porc n’est qu’un ticket d’entrée »

Le Brésil fournira « sans aucun problème » la totalité du contingent de 25 000 tonnes de porc réservé Mercosur dans le cadre de son accord de libre-échange avec l’UE, selon le porte-voix des industriels brésiliens du porc et du poulet, rencontré par la rédaction. 

L’avocat brésilien Ricardo Santin Le président des organisations interprofessionnelles brésiliennes du porc et du poulet.
L’avocat brésilien Ricardo Santin, président des organisations interprofessionnelles brésiliennes du porc et du poulet, lors du séminaire professionnel « Avicoles et porcins 2025 » à Buenos Aires du 2 au 4 juillet.
© Marc-Henry André

L’avocat brésilien Ricardo Santin fut l’orateur étoile du séminaire in organisé en parallèle au salon off « Avicoles et porcins 2025 » qui a eu lieu à Buenos Aires du 2 au 4 juillet. Il préside l’association brésilienne de la protéine animale (ABPA), née de la fusion des interprofessions brésiliennes du porc et du poulet. Une industrie dont le chiffre d’affaires annuel cumulé est quatre fois supérieur à celui de l’industrie automobile brésilienne ! Ricardo Santin nous a répondu en exclusivité au sortir de son intervention durant ce séminaire.

Lire aussi : Porc et Mercosur : « Nous ne pensons pas que les 25 000 tonnes de porc de l’accord vont bouleverser le commerce » 

Les Marchés : Que représente le marché européen pour les exportateurs de porc du Brésil ?

Ricardo Santin : Le Brésil devrait exporter au total, cette année, 1,5 million de tonnes (Mt) de viande de porc, soit 12% de plus que l’an dernier. Le tiers de ces volumes sont destinés au marché chinois. Ces 500 000 tonnes de viande du Brésil écoulées en Chine sont certifiées sans ractopamine. Je le précise car si le Brésil n’exporte pas de porc vers l’UE, c’est que celle-ci ne reconnaît pas notre système de ségrégation de la production de porc avec ou sans ractopamine.

Lire aussi : Détaxation du contingent Hilton : le vrai bonus visé par la filière argentine du bœuf

L. M. : Cela pourrait-il changer ?

R. S. : Ce sera le cas automatiquement si l’accord de libre-échange UE-Mercosur est ratifié. Le quota de 25 000 tonnes de porc prévu pour le Mercosur est à nos yeux insignifiant. Mais c’est notre ticket d’entrée sur le marché européen. Nous fournirons ce quota dans son intégralité sans aucun problème, dès la première année d’entrée en vigueur de l’accord.

Le quota de 25 000 tonnes de porc prévu pour le Mercosur est à nos yeux insignifiant.

L. M. : Même question en poulet. Que signifie aujourd’hui, pour le Brésil, le marché européen ?

R. S. : Moins de 4% de notre activité à l’export. Avant, l’Europe, c’était de 16% à 17% de notre chiffre. Avant le Brexit, nous avions droit à un quota détaxé de près de 400 000 tonnes de viande de poulet vers l’UE, surtout de la poitrine. Depuis, il a été amoindri à environ 250 000 tonnes. Hors de ce quota, les droits douaniers européens sont dissuasifs. Ils vont de 1 300 €/t pour les escalopes à 2 600 €/t pour les préparations saumurées.

L. M. : Que pensez-vous de l’accord de libre-échange entre l’UE-Mercosur ?

R. S. : L'accord UE Mercosur est globalement davantage favorable aux Européens qu’aux Sud-américains. Cependant, le Brésil l’a approuvé. Je vous rappelle que les quotas prévus de 25 000 t de porc et de 180 000 t de viande poulet, dont la moitié avec os, devront être répartis entre tous les pays du Mercosur.

L'accord UE Mercosur est globalement davantage favorable aux Européens qu’aux Sud-américains. 

L. M. : De quelle façon seront répartis les quotas entre les pays du Mercosur ?

R. S. : Je ne vous dirai pas de chiffre. Une commission du Mercosur existe à cet effet. Cela se décidera en fonction de la taille de nos industries respectives.

Lire aussi : Porc : guerre commerciale et statut sanitaire, tout sourit aux exportations du Brésil pour 2025

L. M.. : 150 000 t de poulet pour le Brésil ?

R. S. : (Sourire). À peu près.

 

Des exportations de poulet brésilien en hausse constante

Ce qui frappe, à la vue des graphiques montrés par Ricardo Santin lors de son exposition à Buenos Aires, c’est la constance de la hausse des exportations de poulet du Brésil : + 1% à + 3% d’une saison à l’autre, partant de 4,1 Mt en 2018. L’an dernier, le Brésil a ainsi fourni 5,29 Mt à l’export. Soit 38,6% du marché international. L’ABPA table sur 5,35 t pour 2025. À titre de comparaison, le deuxième exportateur mondial de poulet que sont les États-Unis verrait ses volumes reculer à 2,95 Mt à l’issue de 2025, et ceux de l’UE, eux, seraient stables (+1%) à hauteur de 1,8 Mt, toujours selon l’ABPA brésilienne. 

La production totale de poulet, au Brésil, suit une courbe ascendante similaire. Elle franchirait le cap des 14 Mt (14,02 Mt, selon l’ABPA) cette année. Avec la récolte brésilienne de maïs 2024/2025, estimée à 128 Mt, un record, les industriels avicoles brésiliens savent déjà qu’ils pourront compter sur un prix modéré de cet intrant pour les mois à venir.  

Le commerce international de la viande de poulet a porté sur un total de 13,73 Mt l’an dernier, soit 13% de la production mondiale de 103,72 Mt, selon l’USDA. Cette production serait de 105,82 en 2025 (+ 2%). « D’ici deux ou trois, la viande de poulet deviendra la viande la plus consommée au monde », a assuré Ricardo Santin à un public acquis.

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