Aller au contenu principal

Label Aubrac et Salers : « Si on n’arrive pas à approvisionner les magasins, ils vont se tourner vers d’autres races et ils ne reviendront pas »

Depuis plus d'un an, Elvéa Sud Massif central accuse une baisse de ses apports en filières qualité aubrac et salers. L’enjeu est de motiver les éleveurs à finir leurs animaux malgré la conjoncture. 

concours vaches boucherie
Elvéa Sud Massif-central motive ses adhérents à fournir les filières Bœuf Fermier Aubrac et en Label Rouge Salers régulièrement pour ne pas perdre de parts de marché.
© Elvea

En 2022, Elvéa Sud Massif-central qui fédère 515 producteurs et 85 acheteurs a constaté une baisse de ses apports en Bœuf Fermier Aubrac et en Label Rouge Salers

261 animaux ont été abattus en filière bœuf fermier Aubrac, soit 80 animaux de moins qu’en 2021 et 596 animaux en Label Rouge Salers contre 629 en 2021. Les causes sont faciles à identifier : 

  • un faible écart de prix entre le label et le conventionnel, 
  • un coût de l’alimentation élevé qui n’incite pas à finir les animaux
  • une réduction du nombre de réformes sur les exploitations. 

Continuer à valoriser les bêtes en filière qualité

Une tendance qui se poursuit en 2023. « Aujourd’hui, on a le cheptel français qui diminue et face aux sécheresses successives, les éleveurs gardent le minimum d’animaux », indique Marie Théron, technicienne. « Il n’y a pas de stock en ferme, quand une bête est prête, elle s’en va », reconnaît Bruno Delouvrier, président. Avant, quand les éleveurs nous annonçaient des bêtes, il y avait un délai. Là, c’est un peu tendu. « Une situation déjà connue mais inédite dans la durée. On vient de passer une année un peu spéciale », poursuit le président. « D’habitude, les filières qualité tirent les cours des autres catégories, mais là, il n’y avait pas d’écart. Des cours de marché aussi haut, ce n’est pas inédit, mais ça dure. Notre message est de dire aux éleveurs : dans la mesure du possible, les bêtes qui valent le coup d’être valorisées en filière qualité, il faut les garder. »

D’habitude, les filières qualité tirent les cours des autres catégories, mais là, il n’y avait pas d’écart

« Le problème, c’est qu’il n’y a pas de marge de manœuvre », poursuit Marie Théron. « Si ce n’est qu’une politique de prix, il suffit que le prix du conventionnel baisse pour qu’on arrive à avoir des animaux dans la filière. Mais là, les animaux n’y sont pas. »

Conserver les parts de marché du label

En bœuf fermier Aubrac, pour encourager les éleveurs, une caisse de régulation a été activée ; un surplus par animal est versé à ceux qui livrent en période creuse. « On organise aussi des foires de gras, il y a une valeur marchande et une recherche des animaux label, car il y a un cahier des charges derrière qui garantit l’alimentation », souligne Marie Théron. En label Rouge Salers, filière fragilisée par un fort taux de croisement, le prix du maigre s’est envolé et les éleveurs ont moins vu l’intérêt de pourvoir le label. « On a incité les éleveurs à castrer quelques mâles pour les passer en label à 26 mois. Ce qui permet de valoriser le broutard mâle salers pur et de faire tampon quand il manque des vaches » indique Bruno Delouvrier. L’enjeu est de conserver les parts de marché. « Si on n’arrive pas à approvisionner les magasins qui sont habitués à faire du label, ils vont se tourner vers d’autres races et ils ne reviendront pas », rappelle le président. « On n’a pas de gros effectifs, il faut tenir nos filières en place d’autant plus qu’on a des arguments à faire valoir : élevage extensif, bien-être animal, faible empreinte carbone… »

On n’a pas de gros effectifs, il faut tenir nos filières en place

 « On essaie de mobiliser les éleveurs en leur disant que ce n’est pas seulement une viande qu’ils vendent, mais c’est aussi l’image d’un territoire et d’un savoir-faire » ajoute Marie Théron. Et c’est ce que les bouchers et les grandes surfaces recherchent : une viande rustique, locale et de terroir.

Elvéa Sud Massif-central : Organisation de producteurs non commerciale qui collecte dans les départements de Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme et Lot.

Les plus lus

transport terrestre animaux
Transport des porcs : une nouvelle loi qui pourrait coûter 107 millions d’euros à la filière

Une possible évolution de la législation du transport ne garantira pas forcément le bien-être des porcs. C’est ce que relève l…

Charcuterie
« Si on veut du porc français, il faut créer des élevages en France »

Les charcutiers sont frappés de plein fouet par la baisse de production porcine en France. Elle entraîne une hausse des…

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Nouveau record des prix du beurre : « Ça ne reflète pas le marché »

La cotation Atla du beurre cube a franchi un nouveau sommet historique sur la semaine 48, alors que la tendance de marché est…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

représenant de l'UE et du mercosur
L’UE et le Mercosur signent l’accord, à quoi s’attendre pour l’agriculture ?

Après 25 ans de pourparlers, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu un accord commercial, mais des voix s’élèvent déjà…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio