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L’avis d’un intégrateur
« La France n'a pas encore compris qu'il fallait imposer un même langage collaboratif »

Yvon Le Grand, fondateur du Groupe API à Yffiniac, qui propose la plateforme ouverte Lina, totalement interopérable.
© F. J.

Les Marchés Hebdo : Fondateur du Groupe API (80 salariés, 20 M€ de CA), vous êtes ce qu’on appelle un intégrateur et déplorez le retard pris dans le déploiement de l’usine 4.0. Un retard qui a quelle origine, selon vous ?

Yvon Le Grand : Il est principalement d’origine technique. La plupart des fabricants de systèmes nécessaires au fonctionnement d’un site de production imposent leur protocole de communication pour le transfert des données. Résultat, lorsque vous souhaitez interconnecter tous les systèmes d’un site de production en regroupant toutes les datas, de l’étiqueteuse au détecteur de fumée en passant par les capteurs de cadence d’une ligne, vous avez facilement une dizaine de langages différents (Profibus, Profinet, Can Open, ASI, etc.). Vous devez alors installer soit des équipements du même fabricant, soit des passerelles informatiques ou des boîtiers pour qu’ils puissent communiquer. Ce qui renchérit les coûts et freine le développement de l’usine 4.0.

LMH : Pourquoi en sommes-nous encore là ?

Y. L. : Parce que la France n’a pas encore compris qu’il fallait imposer un même langage collaboratif, alors que l’usine 4.0 ouvre le champ de nouvelles applications avec les objets connectés. Les automaticiens ont fait cette convergence en adoptant sur le plan international le langage de programmation IEC 61131-3. Reste maintenant aux fabricants d’équipements situés à la frontière entre l’automatisme et l’informatique de converger à leur tour. Il y a des tendances à la normalisation, par exemple avec le standard d’échange de données OPCUA qui rend les systèmes interopérables. Mais de mon point de vue, tout cela avance bien trop lentement.

LMH : Comment les choses peuvent-elles avancer plus rapidement ?

Y. L. : Il faut une impulsion claire et ferme au plus haut sommet de l’État pour que les constructeurs s’accordent sur un même protocole. Que l’Élysée se dote, par exemple, d’une cellule dédiée à la mutation du monde industriel. Je me félicite que la France ait lancé en 2015 l’association Alliance Industrie du futur pour intégrer le numérique dans l’industrie. Car incontestablement, l’avenir du secteur, c’est l’émergence d’une communication transversale standardisée dans un univers sécurisé pour éviter que dans les usines, des défauts de communication entre équipements soient parfois à l’origine d’arrêts de production.

Propos recueillis par Franck Jourdain

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