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Stratégie
La coopérative Arterris poursuit sa mue en groupe agroalimentaire

Le groupe coopératif du Sud-Ouest développe ses activités de transformation et de distribution pour assurer des débouchés à ses adhérents et orienter leur production vers les attentes du marché. Explication de ses dirigeants le 18 janvier.

« Construire un nouveau modèle économique, adossé à la demande des consommateurs. » En présentant ses perspectives de résultats pour son exercice en cours, Arterris a confirmé jeudi 18 janvier 2018 sa mutation. Le groupe coopératif du sud de la France, qui fédère plus de 25 000 agriculteurs, repose désormais sur trois activités : agriculture, agroalimentaire et distribution. « Nous allons vers l’aval pour tenter de capter le maximum de valeur et la redistribuer à nos producteurs », détaille son président, Régis Serres. Car en amont, « le contexte agricole est très compliqué, rappelle l’agriculteur du Lauragais, la tendance est toujours à la baisse sur les marchés, nos producteurs ne font plus de trésorerie, les aides de la Pac chutent… ». L’activité agricole d’Arterris, qui devrait représenter en 2018 un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros pour 16 millions d’Ebitda, reste ainsi « marquée par la faiblesse des cours », renchérit le directeur général du groupe, Jacques Logie.

Du côté de la production de céréales, « le modèle économique est en souffrance », note le dirigeant. Pourtant, face à cette conjoncture difficile, « Arterris se porte bien », avance Régis Serres. Le semencier a engagé le groupe dans une mue en direction de l’agroalimentaire, « là où nos résultats se feront à l’avenir », ajoute Jacques Logie. C’est un changement complet de philosophie qui est en train de s’opérer : « avant, nous poussions notre production vers les marchés. Maintenant, ce sont eux qui vont tirer notre activité. Nous inversons la logique : nous allons inciter nos agriculteurs à produire ce qui se vend », explique Régis Serres.

Un plan pour 400 000 canards en plus

« Nos activités de transformation sont très ciblées, en cohérence avec nos territoires », souligne Jacques Logie. Fort de ses récentes acquisitions, le pôle agroalimentaire d’Arterris commence à peser fortement sur ses résultats, mais aussi sur ses choix stratégiques. Le groupe mise ainsi sur un chiffre d’affaires de 380 millions d’euros, pour un Ebitda de 9,5 millions d’euros sur son exercice en cours. Les rachats de la Conserverie du Languedoc et de CCA Les Bories du Périgord, avec leurs marques La Belle Chaurienne et Les Bories du Périgord, reprises cet automne, poussent par ailleurs le groupe à relancer sa production de palmipèdes sur son territoire. « La Belle Chaurienne consomme 5 millions de canards par an. Notre production étant passée de 550 000 à 380 000 bêtes après les différents épisodes de grippe aviaire. Nous allons mettre en place un plan pour doubler notre production avec 400 000 canards en plus », développe Jacques Logie.

La culture de légumes secs bénéficie également de cette nouvelle impulsion. Rentables, ces acquisitions issues du démantèlement de Financière Turenne Lafayette dotent Arterris de deux sites de production d’environ 13 000 m2 chacun, à Castelnaudary (La Belle Chaurienne, 25 M€ de CA) et à Piégut-Pluviers (CCA Les Bories du Périgord, 13 M€ de CA), et assurent des débouchés à ses membres.

Une structuration des filières, d’amont en aval, bien illustrée par la reprise du groupe Ovimpex et Alpes Provence Agneaux fin 2016, qui a permis au groupe de devenir leader de la filière, en commercialisant 15 % de la viande ovine consommée en France. Là encore, avoir la main sur la transformation permet de « capter » au mieux la valeur ajoutée générée, est-il dit.

La distribution, relais de croissance

Arterris compte étendre cette maîtrise de l’aval jusqu’au consommateur final. « Nous comptons développer notre pôle distribution dans les années à venir », annonce Jacques Logie. Notamment via son enseigne Frais d’ici installée au sein de ses magasins Gamm vert. « Nous avons fait en Ariège une ouverture remarquable d’un point de vente de frais et d’ultrafrais de ce type, se réjouit le directeur général, plus de 50 % des références proposées peuvent être produites en interne. Ce concept, qui nous permet de prendre clairement des parts de marché sur la GMS, répond très bien à la demande de produits de qualité et de proximité que demande de plus en plus le consommateur. Nous pourrions en ouvrir une vingtaine au rythme de 3 à 4 par an, dans nos Gamm vert, qui disposent de place en magasins. »

De nouvelles acquisitions, pas exclues en 2018

« C’est un vrai relais de croissance pour nous », abonde Régis Serres. La compétence de gestion du frais et de l’ultrafrais reste cependant à acquérir et sera un enjeu supplémentaire pour le groupe, qui n’exclut pas de nouvelles acquisitions pour 2018. « Nos ratios-bilan sont très bons, et les opérations de croissance externe n’ont pas obéré notre capacité d’investissement », sourit Régis Serres. Si de nouvelles occasions pertinentes se présentent, Arterris, qui va cette année dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires, n’hésitera visiblement pas à les saisir. « Il faut maîtriser sa croissance. Pour autant, nous gardons un œil sur tous les outils pertinents de notre territoire », glisse le président d’Arterris. « Mais grossir pour grossir n’est pas une fin en soi. Nos investissements ne se feront qu’en cohérence avec la production de nos adhérents », conclut Régis Serres.

Bio : une prochaine acquisition de JMO Prim

Arterris consacre aujourd'hui 15 000 hectares à la production de céréales estampillées AB. Mais le groupe coopératif ne propose pas encore de produits issus de l’agriculture biologique dans ses points de vente Frais d’ici. « Le sourcing de produits bios est difficile à assurer de manière régulière pour le frais, et cela n’a de sens que si nous produisons nous-mêmes ce que nous proposons au consommateur », explique Jacques Logie. « Une réflexion est en cours » au sein du groupe, précise le dirigeant, qui rappelle que des développements sur ce créneau existent avec ses partenaires Agribio Union et Biosud. « Nous faisons actuellement 20 M€ de chiffre d’affaires en légumes été/hiver, à terme nous ferons sans doute du bio », indique-t-il. Arterris est par ailleurs en passe de reprendre 100 % du capital de JMO Prim – où le groupe était déjà présent au capital. Spécialisée dans la production de légumes, l’entreprise de Verquières (Bouches-du-Rhône) a réalisé 14 M€ de chiffre d’affaires en 2016.

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