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RSE
Faut-il recourir à la compensation carbone ?

Si de plus en plus d’entreprises ont recours à cette méthode pour s’approcher de la neutralité carbone, la compensation semble à elle seule une pratique insuffisante.

Renaud Bettin, responsable du pôle neutralité carbone à Carbone 4.
Renaud Bettin, responsable du pôle neutralité carbone à Carbone 4.

« En deux mois et cinq jours, la France a émis la totalité des gaz à effet de serre qu’elle pourrait émettre en un an – 80 Mt – si elle respectait son objectif de neutralité carbone », détaillent quatre ONG (Notre affaire à tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, Greenpeace France et Oxfam) à la suite d’une étude réalisée par le cabinet Carbone 4. Le pays s’est engagé à atteindre la neutralité carbone (zéro émission nette) d’ici à 2050, nécessitant la division par six des émissions et le doublement des puits de carbone. Pour y parvenir, l’agroalimentaire constitue un levier à fort potentiel à travers la mobilisation de toute sa chaîne de valeur et la compensation carbone constitue un outil mobilisable.

Au-delà du système de compensation carbone lié aux obligations des États du protocole de Kyoto, le marché des compensations volontaires, en plein essor, est accessible à tous les acteurs. Non réglementé, il permet aux entreprises d’acheter des crédits carbones pour obtenir la neutralité carbone. Le prix moyen de vente des crédits carbones était trop faible pour avoir un réel effet transformateur : il faut compter entre 2 et 3 euros la tonne équivalent carbone. L’important est d’avoir une approche fondée sur le principe « mesurer, éviter, réduire puis compenser » : la compensation ne doit être un recours que pour les émissions incompressibles.

Mesurer, éviter, réduire puis compenser

« Il ne sert à rien de planter des arbres pour compenser son empreinte carbone si on ne la réduit pas en amont et de façon continue », argue Resforest’Action dans une note de position.

Des accompagnements possibles

De nombreuses méthodologies existent pour accompagner les entreprises (normes Iso, bilan carbone, Act…). L’Ademe met également à disposition des ressources allant de la réalisation d’un bilan GES (obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés) au développement d’une stratégie bas carbone. L’Ademe encourage aussi à : être transparent sur ses actions ; choisir des projets de compensation labellisés ; privilégier les projets présentant des approches « développement durable » ; définir une juste combinaison de projets soutenus sur le sol national et international et communiquer de manière responsable.

Concernant ce dernier point, « la compensation volontaire et l’utilisation de crédit carbone ont souvent été détournées à des fins de marketing », juge Renaud Bettin, responsable du pôle neutralité carbone à Carbone 4. Le cabinet de conseil incite en ce sens les entreprises à renoncer à l’objectif de neutralité carbone, mais à « s’engager dans une contribution à la neutralité à l’échelle mondiale », poursuit-il.

Une approche critiquée

Le principe même de la compensation carbone est critiqué. Le fait qu’une entreprise puisse financer un tiers pour réduire ses émissions peut poser questions. Aussi, il peut être difficile de garantir l’additionnalité des projets, notamment financiers (financement de barrage hydroélectrique) ou sur des émissions évitées (projet de lutte contre la déforestation). Enfin, sur la séquestration carbone, un problème de temporalité se pose. « Globalement, les méthodologies sont robustes, l’additionnalité environnementale est la plus importante et il faut bien analyser la situation de référence », conclut Renaud Bettin.

Le projet Net Zéro Initiative

Le cabinet Carbone 4, spécialisé dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique, développe depuis 2018 un nouveau référentiel de la neutralité carbone afin de la rendre plus exigeante. Portée par un panel d’entreprises et validée par un conseil scientifique indépendant, la nouvelle matrice est constituée de trois piliers : diminuer ses émissions ; aider les autres à les réduire et développer les puits de carbone. Au centre de ce référentiel, une comptabilité carbone à triple entrée composée de trois comptes distincts et non additionnels : les émissions induites ; évitées et négatives. « Nous concevons la neutralité carbone par une approche dynamique », explique Renaud Bettin.

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