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États généraux de l'alimentation - Le plan filière lait, un essai à transformer

Après des semaines de discussions au sein du Cniel, les producteurs, coopérateurs et industriels privés se sont mis d’accord sur un plan filière lait ambitieux.

En présentant le plan de filière lors de la journée de clôture des EGA, le 21 décembre dernier, le président du Cniel, Thierry Roquefeuil, a rappelé que ce travail vise en premier lieu l’obtention d’un meilleur revenu pour les producteurs de lait.
En présentant le plan de filière lors de la journée de clôture des EGA, le 21 décembre dernier, le président du Cniel, Thierry Roquefeuil, a rappelé que ce travail vise en premier lieu l’obtention d’un meilleur revenu pour les producteurs de lait.
© C. Le Poultier

Notre ambition est une France laitière compétitive, attractive et fidèle à son modèle de diversité qui prend toute sa place sur les marchés français, européens et mondiaux. » C’est en ces termes que démarre le plan filière du secteur laitier porté par le président de l’interprofession Thierry Roquefeuil, président par ailleurs de la FNPL. C’est ce projet qu’il a présenté le 21 décembre dernier lors de la journée organisée par le gouvernement pour clôturer les États généraux de l’alimentation. Un plan qui a mobilisé les producteurs de lait et les représentants des entreprises laitières fin 2017, les amenant à se mettre autour de la table et à élargir le cercle pour accueillir les représentants de la distribution et de la restauration. « L’élaboration du plan de filière a été l’occasion d’affirmer à nouveau que le Cniel est le lieu d’échange sur l’avenir de notre secteur. Tous les acteurs de la chaîne laitière et notamment ceux du commerce et de la distribution, des organisations des producteurs (OP) mais aussi des ONG et des associations de consommateurs seront invités à nos travaux. Notre objectif est de favoriser les échanges pour restaurer la confiance », a expliqué Thierry Roquefeuil.

UN TABLEAU DE BORD ÉCONOMIQUE MENSUEL DANS LES SIX MOIS

Le conseil d’administration du Cniel s’est prononcé à l’unanimité pour des relations pérennes avec la distribution et les organisations de producteurs (OP) et non au coup par coup. Ceci devrait se réaliser dans les six prochains mois. Un guide de bonnes pratiques contractuelles et/ou commerciales sur les modalités de négociation basées sur la transparence sera élaboré. « Les termes financiers sont en discussion avec la distribution. Pour les OP, un réseau sera constitué dès le début de cette année. Nous devons trouver le bon lien avec les OP et les associer à nos travaux », poursuit-il. La filière s’est engagée par ailleurs à élaborer un tableau de bord mensuel qui servira de références communes grâce à des indicateurs de valorisation de l’ensemble des marchés laitiers qui seront définis avec les opérateurs économiques. « Afin de limiter la volatilité des prix, le marché intérieur a été considéré comme étant le garant de la stabilité. Il assure en effet les débouchés pour 60 % du lait français. »

Il ne faut pas minimiser les difficultés de cet exercice. Il reste beaucoup de pain sur la planche. En accompagnement, la filière attend du gouvernement d’être sécurisée au regard droit de la concurrence, et de publier la loi donnant aux producteurs la main sur la définition du contrat qui les lie à l’entreprise et la loi d’encadrement du seuil de revente à perte et des promotions dans la grande distribution.

UN STANDARD DE HAUTE QUALITÉ « FRANCE, TERRE DE LAIT »

Deuxième pilier ce plan: la mise en place d’un socle de référence à travers un « standard de haute qualité » sous l’appellation « France, Terre de lait », qui préfigurera une démarche de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). « France, Terre de lait devrait être avant tout un socle de valeur pour la rémunération des producteurs mais aussi pour leur bien-être. Ce socle sera aussi porteur des engagements de la filière pour le bien-être animal et le respect de l’environnement. Il devra enfin véhiculer la haute qualité sanitaire du lait et des produits laitiers exempts d’antibiotique et de pesticides. » Ceci amènera le Cniel à décliner des indicateurs de valorisation de cette démarche et aidera à incarner l’identité « France, Terre de lait ». Les ONG et les associations de consommateurs seront associés à cette construction.

Dans ce contexte, que deviendra la charte de bonnes pratiques qui a été jusqu’ici la base sur laquelle s’appuie la filière pour la qualité du lait et qui est respectée volontairement par la majorité des producteurs de lait ? « La charte des bonnes pratiques d’élevage reste notre socle qualité mais d’autres référentiels seront à développer pour intégrer diverses données sur l’alimentation des vaches, l’évolution des structures de nos exploitations, le respect du bien-être animal et de l’environnement, etc. Il ne faut pas perdre de vue que la filière souhaite dans le même temps continuer à exporter. Nous avons de ce fait besoin de faire évoluer la politique européenne sur ces questions. En s’associant aux ONG pour les attentes sociétales par exemple, nous espérons influencer les débats au niveau de la Commission européenne et amener la politique européenne à intégrer notre vision de la RSE de la filière laitière. »

DES SEGMENTATIONS CLAIREMENT IDENTIFIÉES

Ce socle commun n’empêchera pas toutefois la segmentation. Le troisième pilier du plan s’adosse en effet sur la diversité et donc sur la segmentation mais une segmentation clairement identifiable. « Encore une fois, il s’agit de trouver des leviers de valeur pour le producteur », martèle Thierry Roquefeuil. Aujourd’hui, 20 % du lait environ est valorisé à travers des démarches de qualité AOP, IGP, bio, sans OGM, pâturage, etc. Comment aller plus loin ? La filière s’engage à doubler la production de lait bio d’ici cinq ans en adéquation avec la demande. Les démarches sans OGM et pâturage qui ont fleuri ces derniers temps devraient être crédibilisées par des cahiers des charges communs avec des indicateurs dédiés. Les AOP seront soutenues et les circuits de proximité développés à travers l’accompagnement de la production fermière et les circuits de distribution locaux. Pour déployer ce plan, le Cniel demande au gouvernement 1,3 milliard d’euros sur cinq ans. « Changer les conditions de travail des producteurs de lait, investir dans les bâtiments, embaucher du personnel dans les fermes, assurer la performance environnementale, réduire les consommations énergétiques, répondre aux attentes sociétales… autant de postes qui nécessiteront d’investir si nous voulons un avenir meilleur pour nos producteurs et pour le secteur dans son ensemble tout en répondant pleinement aux demandes sociétales », détaille-t-il avant de conclure : « les EGA sont une reconnaissance par les pouvoirs publics du désarroi des agriculteurs et de l’urgence de leur redonner un revenu décent. Ils ont été l’occasion de mettre autour de la table toutes les parties prenantes, y compris les distributeurs et les consommateurs, et de discuter de toutes les problématiques vitales pour notre secteur. Des échanges qui ont amené à mettre dans le dur, dans le plan de filière, des résolutions dont l’interprofession est la garante. Tous les participants ont fait évoluer leurs positions pour se rassembler autour de projet commun dans une ambiance collaborative, positive. Il reste maintenant à le faire aboutir »

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