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Est-ce possible de produire une alimentation à bas prix en France ?

Alors que l’agriculture et l’agroalimentaire français étaient incités à monter en gamme depuis 2017, l’inflation et la recherche d’un prix plus bas pose la question de l’adaptation de notre production à la demande et aux besoins du pays. Le tissu des industries agroalimentaires françaises est fragile, peu adapté à la conjoncture actuelle, alerte un rapport du CGAAER qui préconise la mise en place d’un observatoire de « l’écosystème alimentaire ». 

personne qui font les courses au supermarché
Alors que les produits alimentaires premiers prix progressent, l'offre française risque d'être balayée par des importations
© Virginie Pinson

L’alimentation a connu deux crises majeures cette année. D’un côté, la crise agricole, reflet entre autres des difficultés économiques de ce métier. De l’autre, crise inflationniste, qui bousculent les plus précaires. Plus d’un Français sur deux (52%) déclare avoir déjà sauté un repas. Ce chiffre s’élève à 65% des moins de 35 ans, et 48% des 18 à 24 ans doivent régulièrement sauter un repas par manque de moyens financiers1.  

L’agriculture et l’agroalimentaire français peuvent-elles se positionner sur l'alimentation à bas prix ?

C’est dans ce contexte tendu que le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a été chargé de réfléchir à la place que peuvent tenir l’agriculture et l’agroalimentaire français dans une offre à bas prix. Sont données en exemple les MDD, notamment premier prix, les marques blanches et les produits vendus en EDMP (Aldi, Lidl).

Des menaces « d’éviction de la matière première agricole française dans l’offre alimentaire à bas prix »

Une interrogation qui parait contradictoire avec la volonté politique de faire monter en gamme l’agriculture française. Mais il y a « urgence » peut-on lire, avec des menaces « d’éviction de la matière première agricole française dans l’offre alimentaire à bas prix », notamment en lien avec les flux en provenance d’Ukraine

Lire aussi : Produits laitiers : « Il n’y avait jamais eu de mouvement aussi majeur vers les MDD »

L’agroalimentaire français a un problème de taille

Une des principales faiblesses du tissu agroalimentaire français recensée dans l’article, c’est la « taille des industries françaises inadaptées à la concurrence prix fondée sur la recherche d’économies d’échelle ». Les entreprises françaises sont en grande majorité de petites tailles, un avantage pour les produits à haute valeur ajoutée mais qui limite les économies d’échelle. 

« La taille des industries françaises inadaptées à la concurrence prix fondée sur la recherche d’économies d’échelle »

Les ETI et grosses PME sont les moins nombreuses, contrairement aux concurrents espagnols, polonais et allemands notamment.

Difficile d'agrandir les sites agricoles et agroalimentaires

De plus, le rapport pointe la faible acceptabilité de l’agrandissement des sites, qu’ils soient agricoles ou de l’industrie alimentaire, qui permettrait de faire des économies d’échelle. Les gammes sont aussi trop nombreuses et diversifiées, ce qui limite encore les économies d’échelle. 

Les gammes sont aussi trop nombreuses et diversifiées,

Enfin les trésoreries de bon nombre d’entreprises sont sous tension, ce qui ne leur permet pas d’investir et de moderniser. Le rapport note aussi que l’imposition nationale sur la production est la seconde plus forte d’Europe

Créer un observatoire de « l’écosystème alimentaire », pourquoi, par qui ?

Faute d’information régulière disponible, les auteurs du rapport concluent à l’impossibilité de suivre les divers circuits de production, transformation et commercialisation par segment de marché. C’est dans cette optique qu’ils proposent la création d’un observatoire de l’écosystème alimentaire.

Que ferait l’observatoire de l’écosystème alimentaire ?

Un tel observatoire devrait caractériser les produits et acteurs pour chaque segment de marché, afin d’évaluer la compétitivité de tous les maillons, les partenariats et comprendre les dynamiques en cours. Cet observatoire pourrait répondre à la demande de la Coopération Agricole d’un observatoire des MDD avec un focus sur l’origine géographique des produits sur le marché final.

Lire aussi : Relations commerciales : trop de tensions, et trop de lois en France

Cet observatoire interrogerait les industries agroalimentaires sur :

  • Les matières premières agricoles (nature et volume d’approvisionnement, valeur annuelle, origine géographique, type d’intermédiaire)
  • Les produits alimentaires transformés (destination de la production, valeur et volume, type de commanditaire distributeur (MDD éco, EDMP, MDD cœur de gamme, MDD premium) ou marque nationale.

Qui pourrait gérer cet observatoire de l’écosystème alimentaire ?

Comme cet observatoire serait destiné à alimenter une réflexion politique sur la compétitivité de l’agroalimentaire français, la mission estime qu’il doit être placé dans une structure publique ou parapublique et suggère :

  • FranceAgriMer qui est déjà gestionnaire de l’observatoire de la formation des prix et des marges. En y allouant des moyens supplémentaires.
  • Le service SSP du Ministère, déjà en charge d’Agreste
  • Le GIS OQALI cofondé par Inrae et l’Anses 

Néanmoins l’urgence est telle que la mission suggère de lancer, sans attendre que l’Observatoire ne soit opérationnel, une étude sur les données à recueillir ainsi qu’un focus sur les MDD et leur rôle structurant.

1L’enquête Ifop a été menée auprès d’un échantillon de 1 206 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 6 mars 2024.

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