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Produits laitiers
En difficulté en Europe, Savencia se rattrape sur la scène internationale

Le bilan 2017 est contrasté pour Savencia, avec une augmentation de ses ventes, mais un résultat net en baisse par rapport à 2016. Le géant laitier a éprouvé des difficultés en France et en Europe, dues à la volatilité des prix du lait, mais gagne des points sur la scène internationale. Explications des dirigeants.

En Europe, le stock de poudre de lait pèse toujours sur le marché, déplore Savencia.
© DR

Le groupe français Savencia Fromage & Dairy a connu une année 2017 mitigée, subissant les conséquences de la crise laitière française qui a débuté en 2016. Son chiffre d’affaires (CA) a connu une hausse de 9,8 % par rapport à l’an passé (soit 435 millions d’euros (M€)), pour atteindre 4,85 milliards d’euros. Selon le groupe Savencia, lors de la présentation de leurs résultats à la presse le 15 mars dernier, cette évolution est due à sa croissance organique de 10,8 % (478 M€) et un effet de change négatif, à -0,9 % (-43 M€), lui-même lié à la volatilité laitière.

Cependant, le résultat opérationnel courant a diminué de 7,7 % par rapport à 2016 (soit de 14,4 M€) pour atteindre 172,7 millions d’euros. Une chute liée à la crise laitière de ces dernières années et à l’augmentation du prix des matières premières en France, passant de 299 à 348 euros les 1 000 litres (+16 %).

Impossibilité de répercuter la volatilité dans les prix de vente

La libéralisation du marché laitier européen ayant entraîné une augmentation de la volatilité des prix, Olivier de Sigalony, directeur financier de Savencia, déplore une « impossibilité de répercuter cette volatilité dans les prix de vente, surtout sur les marchés français ». Le géant laitier voit son endettement financier net augmenter de 192 M€ en 2017, culminant à 532 M€, notamment dû à l’acquisition récente de certaines structures à l’étranger telles que Belebey en Russie ou encore Bake Plus en Corée du Sud.

Des difficultés en France

Olivier de Sigalony contraste les résultats de 2017 en appuyant sur la dynamique positive de Savencia au regard de ces trois dernières années. Depuis début 2015, le groupe a augmenté son chiffre de 9,3 % (4,44 milliards d’euros en 2015), son résultat opérationnel courant de 57 % et son résultat net de 63 %. Les résultats en France sont bien moins bons, avec notamment un résultat courant opérationnel qui a diminué de 21 % par rapport à 2016 malgré une collecte stagnante (+0,6 % par rapport à l’an passé).

Ces résultats sont le reflet de la crise, qui a fragilisé la filière laitière française. Le beurre et la crème ont vu eux aussi leur prix augmenter. « Les trois quarts de nos collectes se font en France pour ensuite être transformées sur place ou bien être exportées. Nos résultats dépendent donc beaucoup des cours de lait en France », explique Jean-Paul Torris, directeur général de Savencia. « La volatilité des prix en France a rendu le 2nd semestre 2017 incertain. 2018 s’annonce, de même, être sous le signe de l’incertitude », précise-t-il. Le groupe a dû faire face au refus de la distribution française d’augmenter les prix de ses produits, mais « à force d’acharnement, on a réussi à revaloriser les tarifs. […] Dans les autres pays européens, les négociations ont été plus faciles. Nous avons vendu moins, mais cela a sauvegardé notre marge », commente Jean-Paul Torris.

Sur le long terme, le groupe souhaiterait créer un socle de référence du lait et des produits laitiers qui exprimerait l’excellence française et permettrait une rémunération juste des éleveurs.

Des stocks de poudres toujours importants

En Europe, où le résultat opérationnel du groupe en 2017 a diminué de 19 % par rapport à 2016, le stock de poudre de lait pèse toujours sur le marché, rapporte Savencia. Les exportations de l’UE vers le reste du monde en poudre de lait ont augmenté en 2017, atteignant les 779 000 tonnes, insuffisantes malgré tout pour ne pas empêcher l’accumulation des stocks de 200 000 tonnes cette même année (soit +7 %). À cause de son vieillissement (certains ont 3 à 4 ans d’âge), de nombreuses organisations de producteurs souhaiteraient l’éliminer. « Je pense que la voie de la consommation animale de ces stocks est inévitable », a déclaré Robert Brzusczak, directeur général du groupe fromager Savencia.

À l’étranger, la France est vue comme une terre d’excellence fromagère

Pendant que le chiffre d’affaires en Europe reste stable sur ces dernières années (40,1 % en 2015 ; 39,9 % en 2017), celui réalisé par Savencia hors Europe ne cesse d’augmenter (29,4 % en 2015 ; 31,1 % en 2017). Le résultat opérationnel courant du groupe à l’étranger a crû de 14 % par rapport à 2016. « À l’étranger, la France est vue comme une terre d’excellence fromagère », commente Jean-Paul Torris.

Une bonne croissance hors Europe

En Amérique du Nord, Savencia renforce son portefeuille de spécialités haut de gamme, avec un lancement de fromages made in USA sous la marque Dorothy’s, une marque artisanale « qui fait la fierté des États-Unis », ajoute Jean-Paul Torris. En Asie, le groupe développe le snacking, avec notamment le St Moret, et se numérise en Chine, avec une alliance avec Alibaba, leader du e-commerce dans le pays. Savencia a investi cette année 176 millions d’euros pour développer les usines hors Europe.

À l’exception de l’entreprise russe Belebey, alimentée par sa propre collecte, le lait des usines internationales est fourni à moitié par du lait local et à moitié par du lait français. Il en sort un équilibre entre les spécialités locales et des produits français, qui bénéficient d’« une communication autour de la "french touch" », commente fièrement Jean-Paul Torris.

Par ailleurs, Savencia s’est dit à l’affût d’acquisitions de start-up en France et à l’étranger : « c’est un sujet que nous suivons de près », conclut Jean-Paul Torris.

La sécurité sanitaire : Savencia analyse les conséquences de la crise

Après l’affaire Lactalis et ses laits contaminés à la salmonelle, Robert Brzusczak, directeur général délégué du groupe fromager Savencia Fromage & Dairy, a assuré que « toute crise amène le groupe à se remettre en question ». Il a ensuite déclaré que l’entreprise n’avait pour autant pas changé ses procédés de fabrication et sa stratégie de contrôle. « Nous sommes déjà en France l’une des entreprises avec les process qualité les plus stricts, la sécurité sanitaire est la base de notre métier. […] On continue cependant à analyser les conséquences de la crise », avance-t-il prudemment. Il conclut en déclarant que le groupe lui-même n’est pas à l’abri de mauvaises surprises : « on travaille sur le lait et le fromage, qui sont des matières premières vivantes. Dans ce contexte-là, le risque zéro n’existe pas ».

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