Emmanuel Paillusson

Les Marchés : Luc Chatel a annoncé la création d’une brigade de contrôle de la LME au sein de la DGCCRF. Quelles conséquences pour vos agents ?
Emmanuel Paillusson : Pour l’instant, il n’y a rien de neuf. Je serais tenté de dire que c’est du vent ! Les agents spécialisés en matière de concurrence travaillent déjà sur ces dossiers-là depuis plus de dix ans – ils étaient d’ailleurs déjà organisés en « réseau pratiques restrictives de concurrence » avec un agent correspondant par région. La « brigade LME » n’est qu’une nouvelle appellation marketing pour une structure déjà existante.
LM : Concrètement, comment la DGCCRF va-t-elle procéder pour établir la transparence sur les prix et les marges ?
E.P. : Les agents vont seulement contrôler en grandes surfaces et dans les centrales d’achat pour voir ce qui relève des marges avant et des marges arrière. Et ils vont proposer des sanctions en cas de dérives (non-respect du formalisme requis, facturation de prestations fictives, ententes...). Au niveau des industriels, il existe peu de voies de recours, les prix sont libres. En France, aucune loi ne sanctionne en tant que tel le fait de réaliser une « marge abusive ». Nous sommes dans la même logique qu’en Guadeloupe : le LKP croyait que la DGCCRF allait faire baisser les prix, mais nous n’avons pas ce pouvoir-là. La DGCCRF va juste pouvoir savoir quelles sont les marges aux différents stades de la filière.
LM : Mis sous le feu des projecteurs, comment les services de la DGCCRF assurent-ils leurs autres missions ?
E.P. : Les agents sont surtout perturbés par la réforme en cours de la DGCCRF, avec la fusion au niveau départemental avec les DSV et au niveau régional avec les directions du travail. Ils entendent tout et n’importe quoi et cela perturbe leur travail. Des préfigurateurs ont été nommés dans chaque département. Ils doivent rendre un rapport avant la mi-juillet. En plus de ce contexte difficile, Christine Lagarde veut nous envoyer tout l’été contrôler les restaurants pour vérifier que les engagements en contrepartie de la baisse de TVA sont respectés. Dans le même temps, on nous annonce des diminutions d’emplois avec 50 à 60 % des départs non remplacés (150 à 200 cette année). Tout ça n’est pas cohérent.