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Comment le bœuf argentin gagne les boucheries de France

Le succès des restaurants de bœuf argentin à Paris s’étend aux boucheries de luxe. Sa notoriété en Europe est soignée en amont par l’institut de promotion de la viande bovine argentine qui y joue la carte du bœuf non déforestant.

La mode des restaurants de grillade de bœuf argentin à Paris ne se dément pas, et à Madrid non plus, où il se comptent aujourd’hui par dizaines, et elle s’étend même aux boucheries de luxe qui font valoir ses attributs - goût persillé, tendreté - par son mode de production à l’herbe, chose garantie pour ce qui est des envois du contingent Hilton.

Le bœuf argentin joue la carte du luxe

En témoigne Fred Pons, qui, en janvier dernier, a inauguré son deuxième restaurant de bœuf argentin à Paris, ‘Tanguera’, près de Nation. « On y sert des entrecôtes et faux filets à 36 € la pièce de 300 g, le filet part à 43 € », renseigne ce Franco-argentin qui a ouvert son premier restaurant, ‘Santa Carne’, il y a 25 ans.

 « On y sert des entrecôtes et faux filets à 36 € la pièce de 300 g, le filet part à 43 € »

« C’est cher, mais pas plus que du bœuf français de grande qualité, et ça l’est moins que du bœuf japonais Wagyu », dit-il. Lui obtient ces découpes auprès de son fournisseur à 26-27€ - 29 €/kg pour le filet -. « Je dis toujours à mes clients que les vaches argentines sont nourries au pré toute l’année. Pour l’authenticité du goût, j’importe même du charbon d’Argentine ». Fred Pons s’inscrit dans la tradition marquée par le succès du restaurant « El Palenque », au siècle dernier, où l’on servit du bœuf argentin au Tout-Paris pendant 58 ans. Depuis, ses concurrents sur ce marché de niche ont essaimé.

Lire aussi : Viande du Mercosur : « Le bœuf argentin pourrait saturer le segment premium en restauration »

En boucherie aussi, le bœuf argentin trouve sa place

En boucherie aussi, les vieilles maisons Pulpería et Carnar ont été rejointes sur le créneau, depuis peu, par l’enseigne Cuts et ses trois boutiques en France et deux en Belgique et qui, en tant que traiteur, propose le service complet de l’asado, la grillade à la façon argentine. On citera également la Maison Lascors, à Toulouse, et celle des Frères Matzger, incontournable à Rungis, qui ont du bœuf argentin dans leur catalogue. L’importateur belge Rellman Foods, qui a décliné notre demande d’entretien, est une autre référence dans la chaîne d’approvisionnement.

Sur les tables d'Europe, le bœuf argentin garde sa place

À Madrid également, le bœuf de la Pampa a une cote inédite, promue notamment par des joueurs de foot sud-américains devenus habitués de la boucherie des cousins Shvartzman, Bistec, ouverte en 2017. Eux seuls importeraient actuellement environ 3 tonnes de bœuf argentin par mois.

Lire aussi : Détaxation du contingent Hilton : le vrai bonus visé par la filière argentine du bœuf

Si l’Allemagne reste, de loin, la première destination finale du bœuf argentin, c’est que les Allemand(e)s valorisent l’origine et recherchent de gros morceaux frais dans leur enveloppe plastique vide d’air, montrés en gondole en grande distribution tels que sortis de l’atelier de découpe en Argentine.

« On promeut sur les réseaux sociaux, en Europe, les vertus environnementales du bœuf argentin au-delà de ses attributs intrinsèques qui ont fait sa notoriété. »

Rencontré à Buenos Aires, l’expert en marketing Adrián Bifaretti, de l’institut de promotion de la viande de bœuf argentine (IPCVA), nous renseigne que « l’Argentine est le troisième fournisseur de bœuf de l’UE avec 18% des volumes importés de pays tiers, derrière le Royaume-Uni (33%) et le Brésil (27%) mais devant l’Uruguay (13%). Ces trois pays sont nos concurrents directs. Pour nous en démarquer, on promeut sur les réseaux sociaux, en Europe, les vertus environnementales du bœuf argentin au-delà de ses attributs intrinsèques qui ont fait sa notoriété. »

Campagnes de communication 

« On a lancé en 2024 une campagne de marketing axée sur le bœuf garanti non issu de la déforestation, qui a généré près d’un million de clics sur les réseaux sociaux en Allemagne, en Italie, en France, en Espagne et en Pologne. Cette campagne a été relancée en 2025 » poursuit l'expert. « Partout dans le monde, les gens croient que le meilleur bœuf est celui de leur pays, juste avant le bœuf argentin ! », remarque-t-il.

Le commerce européen de bœuf argentin fonctionnerait à flux tendu : les volumes sont en hausse, selon Eurostat, autour de 45 000 t par an en moyenne depuis six ans avec un bond récent, en 2024, à 47 098 t, qui se confirmerait en 2025, soit au-delà la limite volumétrique des contingents Hilton et 481(viande de feedlot) réunis.

 

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