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Italie
Le volailler italien Amadori investit 500 millions d’euros jusqu’en 2025

Valeur sûre de la volaille en Italie, la société Amadori offre aux consommateurs italiens les garanties et services qu’ils exigent. Et s’appuie sur celles-ci pour s’imposer en Europe.

Les deux premiers volaillers italiens, AIA (du groupe Veronesi) et Amadori affichaient leurs ambitions à l’export en octobre dernier à l’Anuga. Amadori n’est pas le plus gros (30 % du marché italien contre 40 % pour AIA) mais c’est un spécialiste, né voilà un peu plus de cinquante ans d’élevages avicoles d’Emilie Romagne. Sa filière intégrée depuis le poussin et l’alimentation animale lui doit d’être le premier fournisseur de Mc Donald’s en Italie, et de la restauration organisée en général. Pour autant, le groupe n’a que 7 % de part de marché en Horeca. Au grand salon allemand de l’agroalimentaire, le spécialiste italien présentait et cuisinait une trentaine de références dédiées à l’exportation. Ses ventes à l’étranger représentent pour l’heure un dixième de son chiffre d’affaires d’1,2 milliard d’euros. Elles s’opèrent dans 35 pays d’Europe et en dehors. Notamment au Royaume-Uni (pour moitié en restauration), en Irlande, en Allemagne, en Autriche ou encore en Grèce. Elles sont prometteuses en Espagne, en particulier dans la restauration.

Francesco Berti cultive l’héritage de Francesco Amadori

La société familiale est présidée par Flavio Amadori, fils du fondateur Francesco Amadori, et dirigé par Francesco Berti, un gestionnaire entré dans la société en 2013. En 2012, Flavio et son frère Denis ont pris la majorité du capital. Francesco Berti, expert en capital-investissement, est entré dans la société un an plus tard. En 2016 les deux frères lui ont demandé d’en devenir directeur administratif. Il est devenu directeur général en 2018 et a été nommé CEO en juin 2019. « J’ai une vraie relation de confiance avec cette famille », apprécie-t-il. Le CEO partage le souci de l’héritage et la vision à long terme de Flavio, de son frère Denis Amadori (vice-président du groupe) et de leur père Francesco. « Passione di famiglia » est le sous-titre de la marque Amadori.

L’héritage de Francesco Amadori est constitué matériellement de plusieurs couvoirs et de fabriques d’aliments, de six sites d’abattage et de transformation de volaille de chair, ainsi que de centres de conditionnement d’œufs. Cesena, ville située à l’extrême sud de la plaine du Pô, au bord de la mer Adriatique, abrite le siège d’Amadori. Cet ensemble emploie 9 000 collaborateurs. Les usines de volaille sont approvisionnées par 800 élevages, dont la plupart en contrat d’intégration et 100 exploités directement par le groupe, en tant que propriétaire ou locataire.

Le plein air Il Campese, le certifié Qualità 10 +

Le fleuron du volailler est Il Campese. C’est un poulet de plein air présent sur le marché italien depuis le milieu des années deux mille. Il est élevé dans le sud de l’Italie, avec des aliments sans OGM, et depuis 2017 sans traitement antibiotique. Il est transformé dans l’usine la plus récente et automatisée du groupe, située dans les Abruzzes (centre du pays). Les poulets, découpes et produits élaborés d’Il Campese font valoir l’usage exclusif d’énergies renouvelables pour leur transformation. Le Bio fait également partie de l’offre haut de gamme.

Le fond de rayon est représenté par la gamme de poulet et de dinde Qualità 10 +, qui certifie le respect de règles de base ainsi qu’un élevage en Italie, une alimentation sans OGM et aucun traitement antibiotique et une parfaite traçabilité.

Ce sont surtout des produits à valeur ajoutée qui sortent des usines de transformation. C’est une grande variété de découpes, de viandes hachées, en steaks ou en boulettes, ou des roulades farcies, et de produits élaborés, notamment des panés et rôtis. Ces viandes s’affichent 100 % italiennes, les élaborés sans glutamate monosodique ni huile de palme, les gammes Roasted Slices et Trancetti sans polyphosphates ajoutés. Une part de la production est surgelée.

« Nous pensons avoir les catégories d’élevage adaptées à l’avenir de la consommation de volaille de demain en Italie et en Europe. Ce sont notamment les volailles en plein air et sans traitement antibiotique Il Campese, poulets et dindes également élevés sans antibiotiques pour la marque Qualità 10 +, et la filière biologique », expose Francesco Berti.

Les volailles festives de fin d’année ne sont pas essentielles pour le groupe. « Nous avons une petite production de chapons, aux dépens d’une partie mineure de notre production de poulets. Nous avons une production plus conséquente de dindes festives, non pas pour le marché italien mais pour l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni », indique le dirigeant.

« Presque une photocopie de LDC »

Questionné sur la comparaison d’Amadori avec le Français LDC, Francesco Berti pèse ses mots : « Si l’on considère le capital familial, la segmentation entre volailles rustiques ou standards et les modes d’élevage, le mix produits et le modèle de distribution, Amadori est presque une photocopie de LDC. Les différences les plus notables sont d’abord notre taille bien plus réduite, l’absence de branche traiteur mais une discrète activité en viande porcine. Notre présence à l’export est faible, et enfin Amadori n’est pas coté en bourse. »

20 % de l'investissement pour le développement industriel dans une optique 4.0

L’été 2021 à la FierAvicola, le salon de l’aviculture qui se tenait à Cesena, Francesco Berti a annoncé un plan d’investissement de 500 millions d’euros en cinq ans, dont 80 millions déjà investis en 2020. C’est un quasi-doublement des investissements, qui se sont montés à 225 Meur de 2016 à 2019. Le dirigeant expose les grandes lignes d’investissements : 50 % pour la transformation alimentaire, 20 % pour le développement industriel dans une optique 4.0, 20 % pour le développement et l’innovation technologique dans la zootechnie et 10 % dans les élevages pour améliorer le bien-être des volailles et la durabilité. Questionné sur la part d’investissements des éleveurs, il confirme que ceux-ci « participent à travers des contrats longs de 5 à 10 ans », précisant que les petits éleveurs bénéficient aussi de finances publiques pour se moderniser.

L’annonce du plan d’investissement était concomitante à la certification du système de gestion des crédits du groupe par la branche italienne d’Intertek. La bonne santé financière du groupe n’est pas à démontrer. Pour un chiffre d’affaires consolidé 2020 de 1 232 millions d’euros (en légère baisse par rapport à l’année précédente), le groupe a réalisé 91,6 millions de marge brute d’exploitation, soit 7,4 %. Et ses fonds propres sont proches de 285 millions.

Les investissements programmés sont partiellement assurés par les fonds propres et une réduction des dividendes aux actionnaires, et pour la majeure partie par le crédit à long terme. « Notre stratégie très claire inspire confiance aux banques, et nos résultats financiers sont en notre faveur. Nous n’avons pas besoin d’autres investisseurs autour de la table », se félicite le dirigeant.

Mais les perspectives s’assombrissent cette année 2021, du fait de la hausse des matières premières végétales et des emballages. Si les ventes dépassent celles de 2019 (du fait de revalorisations tarifaires couvrant la moitié de la hausse de l’alimentation), la rentabilité est inférieure. Les usines d’aliments du groupe avaient couvert leurs achats pour le premier trimestre. Depuis juin 2021 elles endossent une augmentation de 30 %.

« nous essayons de réduire l’impact des importations de matières premières en les achetant en Europe"

Cette conjoncture soulève des problèmes de fond pour la filière italienne. Francesco Berti s’est exprimé dans la presse économique : « Nous devons absolument éviter que les consommateurs italiens soient obligés d’acheter des produits d’autres pays, avec moins de garanties en termes de qualité et de durabilité des chaînes d’approvisionnement. » Le pays est importateur net de soja, de pois protéagineux ainsi que de maïs et de blé. Cette dépendance des importations pose le problème du bilan carbone des filières avicoles. S’agissant d’Amadori, « nous essayons de réduire l’impact des importations de matières premières en les achetant en Europe. L’Ukraine, la Roumanie, la République tchèque vendent de bonnes qualités et sans OGM », confie-t-il.

Les industriels italiens de la volaille ont au moins un avantage sur leurs confrères français : d’être relativement à l’abri des importations polonaises derrière la chaîne des Alpes, et d’imposer aux importateurs des coûts logistiques à la mesure de la longueur de la Botte.

30 % d’énergie renouvelable dans la transformation

Les usines de Cesena et de Santa Sofia en Emilie Romagne, ainsi que celle de Mosciano Sant’Angelo dans les Abruzzes, sont certifiées 14001 pour leur système de gestion environnementale. Celle de Cesena est en outre certifiée Iso 50001 pour son système de gestion de l’énergie. Par ailleurs, le parc achète une part croissante d’énergie renouvelable. Ses installations photovoltaïques, de cogénération et le biogaz couvrent 30 % de la consommation totale (dont 80 % à Cesena). Enfin 90 % des camions Amadori sont conformes aux réglementations Euro 5 et 6.

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