Mercosur : La France est-elle en train de lâcher du lest à Bruxelles ?
La guerre commerciale de Donald Trump pousse de plus en plus de politiques français à nuancer leur opposition à l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Les opposants veulent de nouveau faire entendre leur voix.
La guerre commerciale de Donald Trump pousse de plus en plus de politiques français à nuancer leur opposition à l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Les opposants veulent de nouveau faire entendre leur voix.

Au mois d’avril, la FNSEA a rappelé par communiqué sa vive opposition à l’accord de libre-échange négocié entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Les syndicats demandent que la France maintienne une position de « refus absolu et sans ambiguïté » de l’accord et travaille à consolider la minorité de blocage au sein du Conseil européen.
Une Europe plus favorable à l’accord Mercosur
Donald Trump et sa politique protectionniste poussent certains acteurs européens à juger urgent, pour l’Union européenne, de diversifier ses partenariats et d’accélérer les négociations de libre-échange. Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, est d’ailleurs un fervent partisan de l’accord.
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L’opposition française au traité avec le Mecosur semble se lézarder
Le Collectif national Stop Mercosur 1 dont fait partie la Confédération Paysanne, s’inquiète, par communiqué, de voir la position de la France se nuancer à Bruxelles. Le ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin s’est d’ailleurs montré moins fermé dans une interview auprès du média Politico, évoquant une adhésion de la France si l’on ajoute des clauses miroirs. Il faudrait alors rouvrir les négociations avec les pays du Mercosur. La France cherche des alliés à Bruxelles pour changer ce texte, notamment intégrer des dispositifs de sauvegarde sur les produits dits sensibles. Ce qui laisse supposer qu’elle n’est pas en train de constituer une minorité de blocage.
Des voix qui poussent à l’accord Mercosur en France
Bruno Bonnell, ancien député français du parti centriste Renaissance a déclaré auprès du média Euractiv que cet accord « constitue une opportunité pour les exportations ».
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Le haut fonctionnaire continue, incitant les éleveurs bovins français à jouer su la qualité au lieu de « continuer à produire des vaches – en concurrence directe avec les vaches brésiliennes – qui n’ont aucun autre avantage que d’être identiques ». Une suggestion qui a fait bondir la FNB qui rappelle « notre élevage n’est pas « identique » à celui des pays du Mercosur ! », évoquant les feed-lots, les antibiotiques comme activateurs de croissances et les hormones mais aussi la sécurité sanitaire.
« notre élevage n’est pas « identique » à celui des pays du Mercosur ! »
De son côté Fabrice Le Saché, vice-président du Medef, multiplie les interventions en faveur de cet accord, comme des autres en cours de négociation avec l’Inde, notamment.
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Un vote pour l’accord UE Mercosur cet automne ?
L’accord UE-Mercosur a été signé en décembre dernier. Il est en cours de révision juridique et de traduction dans les langues européennes. Il pourrait être transmis aux 27 États-membres de l’UE pendant l’été et soumis au vote au Conseil au début de l’automne, estime le Collectif qui s’y oppose et qui va organiser une campagne de mobilisation ces prochains jours. La saison est néanmoins moins propice aux manifestations agricoles, qui pourraient pourtant changer la donne selon Maxime Combes, économiste du Collectif. Les filières volaille, viande bovine, sucre et maïs sont les plus inquiètes de cet accord. A noter que l'Argentine présente aussi des intérêts offensifs sur les oeufs.
1 ActionAid France, Aitec, Amis de la Terre France, Attac France, Confédération Paysanne, CGT, Greenpeace France, Fédération Artisans du Monde, Fondation Copernic, FoodWatch, FNE, FSU, Solidaires, etc.