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Grandes cultures bio : une moisson 2025 qui reprend des couleurs

Les récoltes d’été ont donné des rendements dans la moyenne en céréales bio, avec des qualités globalement satisfaisantes, malgré des taux de protéines un peu bas. Par contre, l'inquiétude pointe pour les cultures d'été conduites en sec, avec des rendements qui risquent de décrocher. Les prix sont qualifiés de stables, dans la lignée de ceux de 2024.

Blé Florence Aurore dans le sud-est de la France.
Les rendements en céréales à paille bio sont légèrement au dessus de la moyenne pluriannuelle dans la majorité des régions.
© G. Omnès

Une récolte globalement correcte, tel est le discours commun des différents organismes stockeurs pour cette moisson 2025 en cultures d’hiver bio. Benoît Bolognesi, responsable agronomique chez Agribio Union, coopérative qui collecte dans un grand Sud allant de la Gironde à l’Hérault, indique que la campagne 2025 est une année moyenne en céréales à paille, avec des rendements « légèrement au-dessus de la moyenne pluriannuelle », mais « un peu décevants par rapport à ce qui était observé et espéré ». Très correcte et dans la moyenne, c’est aussi le discours d’Hervé Mucke, directeur de la Corab, coopérative qui collecte de la Charente-Maritime à la Dordogne, tout comme celui de Romain Schaetzel, directeur de Cocebi en Bourgogne, qui parle d'« une moisson d’été avec des rendements globalement corrects, sans être exceptionnels. »

En Centre-Val de Loire et départements limitrophes, Pierre Vancoillie, responsable marché bio chez Axéréal et l’Union Coop Bio Céréales, indique que les volumes et rendements suivent les tendances globales du conventionnel, avec toutefois des réceptions légèrement en deçà des attentes (- 10 à 15 %), essentiellement dues à l’impact marqué des conditions climatiques sur les cultures bio, en particulier l’hiver humide dans cette région.

Une récolte 2025 dans la moyenne en céréales à paille bio

En blé tendre, le rendement moyen est de 24 q/ha chez Agribio Union ou encore de 20 q/ha pour la Corab, et partout état sanitaire et qualité sont jugés plutôt satisfaisants. « Les PS sont très élevés, au-delà de 80 et les taux de protéines supérieures à 11 », indique Benoît Bolognesi. Plus au nord, Hervé Mucke tempère un peu avec « de bons PS, mais une protéine un peu faible », constat partagé chez Axéréal. En Bourgogne, le directeur de la Cocebi évoque, lui, des ergots qui apparaissent « de manière sporadique. ». En blé dur, l’année est jugée « exceptionnelle » pour Agribio Union, sans problème de qualité, avec un taux de protéines supérieur à 12,5 et un taux de mitadin, très faible, inférieur à 20 %.

En orge brassicole, le mot hétérogénéité revient souvent dans les bilans qualité. C’est le cas chez Agribio Union, notamment sur les variétés de printemps. « Nous avons eu quelques déceptions sur la protéine et les PS, notamment sur la variété Planet », indique Benoît Bolognesi. À la Corab, les PS sont très bons, les calibres plutôt corrects, les taux de germination très bons, même si là aussi, la protéine est un peu faible, comme en Bourgogne où elle est « en dessous des attentes. » En triticale, les rendements sont dans la moyenne à 27 q/ha chez Agribio Union, alors que la récolte est qualifiée de très belle en avoine nue, à la Corab avec 18 q/ha, et chez Axéréal, avec de « très bons rendements supérieurs de 20 à 25 % aux prévisions. »

Des résultats variables en oléoprotéagineux bio

En colza, les rendements sont plutôt corrects chez Cocebi, et supérieurs à la moyenne pluriannuelle chez Agribio Union, à 21 q/ha. En pois et fèverole, les rendements sont inférieurs aux attentes en Bourgogne, tout comme dans le sud, où les rendements en lentille, pois chiche, lin, sont décevants. En cause, les ravageurs et les conditions de fin de cycle : « Ces cultures plus tardives, ont souffert des coups de chaud du mois de juin », précise Benoît Bolognesi. Par contre, si en pois chiche la récolte est moyenne, approchant juste les 10 q/ha à la Corab, en pois cassés, l’année est « très très bonne », à 20 q/ha de moyenne contre 10 à 15 q/ha habituellement.

Des prix bio dans la continuité de ceux de 2024

En céréales à paille, les tendances sont à la stabilité, identiques à celles de 2024, année qui avait vu une remontée des prix après la crise de 2022-2023, même si Romain Schaetzel, de la Cocebi, indique que la campagne de commercialisation démarre juste : « Nous n’avons pas de visibilité sur tout. » Les prix sont plutôt porteurs en meunerie, brasserie, alimentation humaine, mais les choses sont plus complexes pour les céréales fourragères, où les opérateurs sont en attente des récoltes de maïs.

En cultures de diversification, les marchés qui ont été peu perturbés par la crise de 2022-23, sont stables. En tournesol et soja, les cours repartent à la hausse, « sans doute par crainte d’une mauvaise récolte en conditions séchantes », estime le responsable de chez Agribio Union. Le soja alimentation humaine constitue la filière la plus stable en termes de prix. « Les prix restent soutenus, les récoltes seront rémunératrices si les rendements sont au rendez-vous. »

Des cultures d’été bio qui inquiètent en sec

Dans le sud, le responsable agronomique de chez Agribio Union, fait part d’inquiétudes sur le tournesol et le sarrazin qui sont majoritairement conduits en sec. « Les semis ont été assez échelonnés de la fin avril à début juin, à cause notamment des orages à répétition. À cela s’ajoute le stress hydrique de cet été qui va avoir un impact important. Ces deux éléments font que nous nous attendons à une forte hétérogénéité selon les secteurs. Ça ne s’annonce pas très bon en termes de rendement. » Le maïs et le soja sont par contre majoritairement irrigués, indique Benoît Bolognesi. « Pour ces deux cultures, nous ne sommes pas inquiets, les potentiels sont préservés. Par contre en sec, nous nous attendons à un décrochage des rendements. » En Poitou-Charentes, la récolte s’annonce moyenne à correcte en tournesol, maïs, et sorgho. La majorité des surfaces sont irriguées et les cultures sont « jolies ». En soja, cela se présente bien aussi car les pluies sont arrivées au bon moment.

En Bourgogne, la coopérative Cocebi s’attend à une récolte correcte en tournesol et soja, mais fait part d’incertitudes sur le sarrasin en raison des conditions chaudes de l’été. Enfin, dans le Centre-Val de Loire, Pierre Vancoillie parle de cultures d’été globalement en avance par rapport à une année normale, mais ne s’avance pas à évoquer des potentiels de rendement. « Néanmoins, selon les dates d’implantations, les conditions de semis, nous supposons une forte hétérogénéité. »

Des surfaces et un nombre de producteurs bio en baisse

Selon FranceAgriMer, les surfaces emblavées en céréales bio ont chuté de 12,6 % en 2025 pour atteindre 480 271 hectares, tandis que le nombre de producteurs engagés a diminué de 7,9 %, passant à 18 843. Cette réduction concerne l’ensemble du territoire, mais certaines régions comme l’Occitanie ou le Sud-Ouest sont particulièrement touchées, avec des baisses allant jusqu’à 21 %.

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